Le 6 décembre dernier, le HC La Chaux-de-Fonds se voyait refuser son dossier de candidature à l’accession en National League. Près d’un mois plus tard, trois joueurs du HC Ajoie, dernier du classement en première division, débarquent dans les montagnes neuchâteloises. Beaucoup y voient une technique du club jurassien pour éviter la relégation. Qu’en est-il vraiment?
D’un côté, le HCC est décimé par les blessures. Le club neuchâtelois a joué son dernier match de saison régulière avec neuf joueurs à l’infirmerie et un seul étranger sur la glace. Pour pallier ces absences, Loïc Burkhalter, directeur sportif des Abeilles, a dû faire chauffer son carnet d’adresses. Et c’est notamment du côté d’Ajoie, le rival de toujours, qu’il a pu trouver son bonheur. Le défenseur Bastien Pouilly et l’attaquant Steven Macquat sont arrivés en licence B du côté des Mélèzes, alors que Gillian Kohler a signé dans le club des montagnes, tous en provenance du Jura. Pour rappel, les licences B permettent à un hockeyeur d’aller jouer dans un autre club.
Pour le HC Ajoie, un titre de Swiss League de son meilleur ennemi signifierait beaucoup. Si l’équipe de Louis Matte remporte les play-off, aucun club de l’élite ne pourrait être relégué. Il en va de même pour le EHC Bâle, deuxième de seconde division, où le club de Julien Vauclair a également placé un joueur en licence B – l’attaquant de 28 ans, Ueli Huber.
Une proximité géographique
Mais le directeur sportif ajoulot assure ne pas avoir réfléchi comme cela. «Il était évident que nous n’allions pas placer des pions du côté d’Olten ou de Viège parce que cela peut potentiellement être des adversaires directs. Mais nous souhaitons surtout que nos joueurs aient du temps de jeu dans un bon cadre.» L’équipe de Christian Wohlwend a commencé la saison avec quinze attaquants et dix défenseurs avant d’y ajouter Dmytro Timashov, Kyen Sopa et Jesse Zgraggen. Ces renforts ont automatiquement relégué certains joueurs en tribune. Pour le club ajoulot, la proximité géographique est un argument prioritaire. Les joueurs peuvent revenir à tout moment dans leur club principal, alors «c’est plus simple de les placer à Bâle ou Chaux-de-Fonds qu’à Martigny par exemple», explique Julien Vauclair.
Pour Loïc Burkhalter, directeur sportif du HCC, «il ne faut pas avoir la mémoire courte, Ajoie a prêté des joueurs à de nombreuses équipes et pas seulement à Chaux-de-Fonds». Il faut aussi dire que les Abeilles manquent de personnel cette saison. Il n’y a que trois joueurs qui ont pu être alignés à tous les matches durant la saison régulière. «De notre côté, on a aussi eu des licences B de Bienne, Zoug ou Ambri. Si on n’avait pas autant de joueurs blessés, la question ne se poserait même pas. Je ne pense pas que des clubs de National League veuillent vraiment soutenir les équipes qui ne peuvent pas monter.»
Présents pour les play-off
Bastien Pouilly s’est très bien intégré dans sa nouvelle équipe: «Cela fait du bien de ne plus avoir le stress quotidien de toujours jouer le bas de classement. À La Chaux-de-Fonds, c’est beaucoup plus simple». Lui qui a marqué le tout premier but de la Raiffeisen Arena assure que même «si on se charrie de temps en temps, l’ambiance est très bonne». Mais à la question de savoir pour quel club patine vraiment le Jurassien, il est clair «quand on joue, on ne pense pas à gagner pour sauver Ajoie. Je veux gagner parce que j’aime cela, mais c’est vrai que si cela peut nous permettre d’être en vacances et de ne pas être en danger par la suite, c’est tout bénéfice». Le HC La Chaux-de-Fonds commence sa série de quarts de finale de play-off ce mardi 13 février aux Mélèzes face à Winterthour. Les trois joueurs provenant du HC Ajoie seront, bel et bien, sur la glace et décidés à faire gagner leur(s) équipe(s).