Le HC La Chaux-de-Fonds entame sa campagne de play-off ce mardi aux Mélèzes. Les protégés de Louis Matte ont remporté le championnat régulier, avec le même nombre de points que le EHC Bâle mais un avantage aux confrontations directes. Les Abeilles partent favorites dans leur quart de finale face à Winterthour. Mais le HCC ne pourra en aucun cas monter à l’échelon supérieur. Le 6 décembre dernier, le club des montagnes neuchâteloises s’est vu refuser son dossier de candidature à la National League. Les infrastructures ne sont pas suffisantes pour permettre aux «Bleus, blancs, jaunes» de rejoindre l’élite du hockey suisse.
Pour les supporters du club des Mélèzes, cette saison a un goût amer. Anthony Guermann suit les Abeilles depuis près d’un quart de siècle et pour lui «cette saison est un peu bizarre parce qu’il n’y aucun enjeu». Malgré de très nombreuses blessures, le HCC a réussi à terminer à la première place de la saison régulière, ce qui ravit particulièrement ce fidèle supporter. «Il y a un peu de fierté de montrer à la ligue que, sportivement en tout cas, on n’est peut-être pas si loin d’avoir le niveau.»
Une affluence en hausse
Lionel, qui porte la responsabilité de délégué des supporters du HCC, suit la totalité des matches de l’équipe phare. Pour lui, «il y a une part de déception parce qu’on aimerait quitter cette Swiss League, mais dans un sens, il vaut peut-être mieux perdurer au top en deuxième division avant de monter». Il n’a pas remarqué une baisse de motivation au sein du public. «On voit qu’il y a de plus en plus de monde aux Mélèzes, ça fait plaisir, car ça fait tourner le club.» Les chiffres confirment ses dires: l’affluence est de 2932 personnes en moyenne sur l’ensemble de la saison régulière. Cela représente une augmentation de près de 22% par rapport à la même période l’an dernier.
Beaucoup redoutaient une baisse de motivation des joueurs, comme l’imaginait Jean-Philippe Cuche, pensionnaire des Mélèzes depuis près de 50 ans. «Cela ne doit pas être facile pour eux qu’on vienne leur dire ‘vous ne pouvez simplement pas monter’. Je pense qu’ils auraient préféré perdre dans des matches de barrages.» Cependant, les joueurs chaux-de-fonniers ont su garder leur sérieux tout au long de la saison. Le directeur sportif du HCC, Loïc Burkhalter, le confirme: «Nous on n’a rien à voir avec ces décisions, on se concentre uniquement sur la glace. Nous n’avons même pas vraiment discuté de cela. Les joueurs travaillent toujours autant.»
Mais pour certains supporters, ce n’était pas encore la bonne saison pour monter. C’est le cas de Tiffany Keller, qui gère le compte de fans du HCC le plus suivi sur Instagram. À son avis, «avec les infrastructures que nous avons, on se rend bien compte que cela ne passera pas. Il faut régler ce problème avant de vouloir monter». Les supporters de la Chaux-de-Fonds comparent beaucoup leur situation avec celle du HC Ajoie en 2020 et redoutent que leur club ne supporte pas le stress du bas du classement.
«On remarque qu’il y a une grosse différence avec la National League parce que les joueurs arrivés à La Chaux-de-Fonds en licence B d’Ajoie, qui ne jouaient pas là-bas, font beaucoup de bien ici. Tant qu’on n’a pas un budget pour concurrencer ce genre de clubs, il est peut-être bon de rester en Swiss League», explique Alex Meyer, co-président de Ice Bee, le fan’s club officiel du HCC. Actuellement, le budget du club de La Chaux-de-Fonds s'élève à 5,63 millions de francs, mais il aurait dû atteindre 10 millions en cas de promotion, tandis que celui d'Ajoie se situe à près de 14 millions.
Une patinoire aux normes
S’il y a un point sur lequel tous les supporters s’accordent, c'est sur la rénovation de la patinoire. Très vétuste, elle a été construite en 1953 et couverte en 1969. Depuis elle n’a connu que peu de modifications. Comme l’explique Lionel, «c’était peut-être la Ferrari des patinoires lors de sa construction, mais désormais ce n’est plus que la ‘Deux chevaux’». Tous les supporters demandent aux autorités chaux-de-fonnières de finalement voter un crédit et de mettre la main à la poche. «La montée aurait forcé une accélération du processus. Là, on ne sait toujours pas ce qu’il va se passer», explique Anne Rollat, co-présidente d'Ice Bee.
Cette rénovation était prévue pour début 2022, mais pour l’instant, il est encore au point mort et n’est pas encore prêt pour passer devant le Conseil général de la métropole horlogère. Il semble que d’un point de vue architectural, le projet est en ordre de marche, mais qu’il coince financièrement. Comme l’a expliqué «RTN», le projet devrait coûter 60 millions de francs à la place des 20 prévus il y a deux ans. Pour une ville aux comptes déficitaires, ce projet demande forcément beaucoup de réflexion. La Ville ne paiera évidemment pas la totalité de la facture, mais elle souhaite proposer un projet assez ambitieux pour permettre au club de retrouver son glorieux passé.