Un technicien prévoyant
René Weiler voit toujours plus loin

René Weiler est extrêmement pragmatique dans sa gestion des hommes. La progression de son Servette FC est impressionnante depuis le début de la saison.
Publié: 17.03.2024 à 10:52 heures
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Dernière mise à jour: 17.03.2024 à 11:06 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

René Weiler a une grande qualité: il remet toujours tout en perspective, que ce soit avant ou après les rencontres. L’entraîneur du Servette FC a peut-être des émotions, mais il ne les montre pas en public et donne, en apparence du moins, l’image d’un pragmatique, capable de prendre du recul sur chaque situation.

Ainsi, quelques minutes à peine après avoir éliminé Ludogorets voilà un mois, le technicien avait eu une remarque qui pouvait sembler un brin étonnante. «Je suis très heureux d'avoir gagné aujourd'hui. Mais en même temps, j’ai aussi un peu peur de ce qui nous attend...» Contrairement aux joueurs, tout à leur joie d’avoir tenu bon à Razgrad, René Weiler savait que Servette allait devoir jouer littéralement tous les trois ou quatre jours jusqu’à la trêve des équipes nationales, ce dimanche soir! Entre la Coupe de Suisse, la Conference League et la Super League, le programme allait être plus que chargé. Et il l’a été.

Servette est au top physiquement

Timothé Cognat ne s’en est pas plaint. «On préfère toujours jouer que s’entraîner. Et comme on gagne… La clé, c’est de mettre les egos de côté. On ne peut pas jouer tous les matches. On doit l’accepter», avait confié à Blick le milieu de terrain genevois après la qualification à Delémont. Physiquement, Servette va bien, comme le prouvent ses fins de matches. Que ce soit face à Lausanne, qui a pourtant un calendrier très allégé par rapport au SFC, ou en prolongations à Plzen, les Genevois ne flanchent pas, bien au contraire : ils finissent même souvent mieux que leurs adversaires.

René Weiler espère une dernière victoire à Lucerne ce dimanche avant la trêve.
Photo: keystone-sda.ch

Le souci est d’ailleurs, étonnamment, plutôt du côté des entames de rencontre. «J’ai été joueur, j’ai eu des semaines comme ça… Le plus dur, c’est d’entrer dans la partie», confiait Ludovic Magnin dimanche dernier, précisant que c’est précisément pour cette raison qu’il avait demandé à son Lausanne-Sport d’être agressif d’entrée à Genève. Servette a encaissé le premier but, mais est ensuite monté en puissance dès la demi-heure, proposant un mélange de confiance et de qualité technique et collective pour renverser Lausanne, comme pratiquement tous les adversaires qui se présentent sur sa route en Suisse.

Alexis Antunes sur le banc: Servette n'a pas tout fait pour gagner jeudi

René Weiler a instauré un tournus très clair et très facile à lire, conservant son immuable système en 4-2-3-1, mais changeant juste les hommes. Takuma Nishimura et Dylan Bronn sont titulaires en championnat, eux qui ne sont pas qualifiés pour l’Europe, tandis que Jérémy Frick est le gardien des coupes. Pour le reste, du poste pour poste à chaque fois, quitte à se priver de joueurs en forme, comme Alexis Antunes. Le génial milieu offensif a ainsi été prié de s’asseoir sur le banc tant à l’aller qu’au retour face au Viktoria Plzen, ce qui n’aurait absolument pas été le cas si Servette ne devait pas gagner ses matches de Super League quatre jours avant et trois jours après. Antunes sera ainsi à coup sûr titulaire dimanche à Lucerne, en soutien de Takuma Nishimura, et Miroslav Koubek, le coach du Viktoria, en a été soulagé jeudi soir. Quand le numéro 10 grenat est entré à la 80e, il a très fait mal au club tchèque, dès son tout premier ballon et sa première course. Et il est permis de penser que s’il avait joué plus de 70 minutes sur les 210 qu’ont compté cette double confrontation, alors Servette aurait eu plus de chances de passer ce tour et d’atteindre son premier quart de finale européen depuis 1979.

«Je n’ai pas de regrets. Vraiment. On doit faire tourner. Ce jeudi, c’était notre 45e match de la saison… Et on a eu des occasions, à l’aller comme au retour. On a manqué d’efficacité et on est tombés sur un grand gardien», a expliqué René Weiler. Pour le résumer ainsi: Servette n'a pas tout fait pour gagner à Plzen jeudi, sinon Alexis Antunes aurait joué 120 minutes, mais il a tout fait pour gagner à Plzen jeudi et à Lucerne dimanche, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

Un parcours européen qui va servir

Le fait d’être éliminé de la Conference League peut-il être une bonne nouvelle pour la course au titre et à la victoire en Coupe de Suisse? Immédiatement après la rencontre de jeudi, René Weiler a été, comme toujours, pragmatique et concret. «Nous sommes déçus d’être éliminés. Ça, c’est le premier sentiment. Mais c’est vrai que notre effectif n’est pas si grand. Ce dont je suis sûr, c’est que ce parcours européen va nous être utile. Peut-être pas ce dimanche, car il faudra voir l’état de fraîcheur des joueurs, mais sur le long terme, l’intensité de ces matches va nous aider.»

En clair: Servette aurait préféré atteindre les quarts. Mais il saura trouver les bons côtés de cette élimination et le premier est évident: pouvoir préparer au mieux le sprint final en Suisse, qui pourrait être historique. On le rappelle ici: jamais un club romand n’a été champion de Suisse depuis 1999. Il s’agissait, déjà, du Servette FC.

Cet objectif, d'ailleurs, est réaliste, indépendamment du fait qu'YB se réveille ou non. Pour s'en convaincre, il suffit de constater à quel point Servette a progressé entre la double confrontation largement perdue face au Slavia Prague (6-0 sur les deux matches), et celle contre le Viktoria Plzen, deux formations d’un niveau relativement similaire.

«Techniquement, Servette nous a dominés»

Oui, Servette a énormément grandi, ce qui se voit également sur la scène suisse. Collectivement, le SFC dégage une force remarquable, qui ne passe de loin pas inaperçue et lui autorise tous les espoirs sur le plan national, dont celui de réaliser un formidable doublé. «Nous avons bien sûr analysé les deux matches face au Slavia. Et nous n’avons pas vu la même équipe! Ils sont beaucoup plus compacts, mieux organisés. Ce qui est intéressant avec eux, c’est qu’ils peuvent jouer physique, mais aussi développer du bon football. Techniquement, ils nous ont dominés», a relevé Miroslav Koubek, l’entraîneur du Viktoria Plzen. «C’est devenu plus difficile de nous marquer un but», a acquiescé René Weiler, lequel apprécie également le comportement offensif de sa formation. «On a de plus en plus de monde dans les seize mètres adverses, plusieurs joueurs peuvent marquer», a relevé le technicien zurichois du SFC.

René Weiler fait progresser ses joueurs

Si Servette est devenu une machine collective, il le doit à son état d’esprit, mais aussi à ses individualités. René Weiler a eu énormément de flair en proposant Keigo Tsunemoto, qu’il a connu au Japon, et qui est l’un des meilleurs latéraux de Super League, si ce n’est le meilleur. Takuma Nishimura semble être une bonne pioche également, tandis que des joueurs ont pris une dimension supplémentaire depuis le début de la saison, à l’image de trois joueurs figurant sur la récente liste de Murat Yakin: Dereck Kutesa, ainsi qu’Alexis Antunes et Steve Rouiller, les deux derniers étant de piquet. Qui aurait pu raisonnablement penser que le défenseur valaisan de 34 ans allait figurer dans le cadre de l’équipe nationale, même élargi? Même pas lui, c’est dire…

En fixant un cadre collectif clair et fort, René Weiler a rendu service à son équipe et au projet global, mais aussi à ses joueurs, lesquels performent à un niveau qu’ils ne soupçonnaient eux-mêmes pas. Il faut se rappeler aussi du scepticisme entourant les premiers pas de Bradley Mazikou à Genève et la confiance que lui a accordée son entraîneur. Là aussi, il est payé en retour, et largement.

Servette a fait du bien à l'indice UEFA

Le parcours européen du Servette FC fait aussi du bien au coefficient UEFA de la Suisse, plombé par l’élimination précoce du FC Bâle, demi-finaliste de Conference League la saison dernière. La saison a en effet été très compliquée pour les clubs suisses, puisque les concurrents naturels (Danemark, Norvège, Tchéquie…) ont tous fait mieux, à l’exception notable de l’Autriche. La Suisse doit maintenant espérer conserver sa 12e place au classement sur cinq ans, en se méfiant de la Grèce, qui compte encore l’Olympiakos et le PAOK Salonique en course. Même si la Suisse reste douzième, le bilan global n’en resterait pas moins mauvais. Et, à terme, cela aura sans doute des conséquences ennuyeuses.

Conference League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
1. FC Heidenheim
1. FC Heidenheim
0
0
0
1
ACF Fiorentina
ACF Fiorentina
0
0
0
1
Apoel Nicosie
Apoel Nicosie
0
0
0
1
Cercle Bruges
Cercle Bruges
0
0
0
1
Chelsea FC
Chelsea FC
0
0
0
1
Dinamo Minsk
Dinamo Minsk
0
0
0
1
Djurgardens IF
Djurgardens IF
0
0
0
1
FC Astana
FC Astana
0
0
0
1
FC Copenhague
FC Copenhague
0
0
0
1
FC Lugano
FC Lugano
0
0
0
1
FC Noah Yerevan
FC Noah Yerevan
0
0
0
1
FC St-Gall
FC St-Gall
0
0
0
1
FK Borac Banja Luka
FK Borac Banja Luka
0
0
0
1
FK Mlada Boleslav
FK Mlada Boleslav
0
0
0
1
TSC Backa Topola
TSC Backa Topola
0
0
0
1
Heart of Midlothian FC
Heart of Midlothian FC
0
0
0
1
HJK Helsinki
HJK Helsinki
0
0
0
1
Istanbul Basaksehir FK
Istanbul Basaksehir FK
0
0
0
1
Jagiellonia Bialystok
Jagiellonia Bialystok
0
0
0
1
La Gantoise
La Gantoise
0
0
0
1
Larne FC
Larne FC
0
0
0
1
LASK Linz
LASK Linz
0
0
0
1
Legia Varsovie
Legia Varsovie
0
0
0
1
Molde FK
Molde FK
0
0
0
1
NK Celje
NK Celje
0
0
0
1
NK Olimpija Ljubljana
NK Olimpija Ljubljana
0
0
0
1
Omonia Nicosie
Omonia Nicosie
0
0
0
1
Pafos FC
Pafos FC
0
0
0
1
Panathinaïkos
Panathinaïkos
0
0
0
1
Petrocub Hincesti
Petrocub Hincesti
0
0
0
1
Real Betis Balompié
Real Betis Balompié
0
0
0
1
Shamrock Rovers
Shamrock Rovers
0
0
0
1
Rapid Vienne
Rapid Vienne
0
0
0
1
The New Saints
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1
Vikingur Reykjavik
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Vitoria Guimaraes
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