La PLR Jacqueline de Quattro
«Je ne supporte plus ces activistes du climat»

Après le blocage du tunnel du Gothard vendredi par des militants de Renovate Switzerland, bon nombre de politiques de droite se sont énervés. Comme la conseillère nationale vaudoise PLR Jacqueline de Quattro, qui estime que cette action est celle de trop. Interview.
Publié: 12.04.2023 à 16:21 heures
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Dernière mise à jour: 12.04.2023 à 16:25 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Ces images ont abondamment circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux. Vendredi 7 avril, en plein week-end pascal, sept activistes climatiques de Renovate Switzerland ont manifesté devant le portail nord du tunnel du Gothard sur l’A2, bloquant temporairement plusieurs voies de cet important axe routier nord-sud.

Malgré l’intervention rapide de la police pour rétablir la circulation, des échauffourées ont éclaté avec des automobilistes qui tentaient d'éjecter les militants de la route. Une énième action illégale au nom de l’urgence climatique qui, en année d'élections fédérales, a suscité l’ire de plusieurs personnalités politiques de droite. Parmi lesquelles, le conseiller national valaisan et vice-président du PLR Suisse Philippe Nantermod, le conseiller national saint-gallois UDC Mike Egger ou encore la conseillère nationale vaudoise Jacqueline de Quattro, également PLR.

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Cette ancienne conseillère d’État chargée de l’environnement a notamment pris la plume sur Facebook. Elle dénonce ces écolos qui mettraient «tout le monde en colère» et puniraient «des centaines de citoyens qui bossent toute l’année et qui aimeraient partir quelques jours se reposer en famille au Tessin». Contactée par Blick, Jacqueline de Quattro va encore plus loin, et les accuse de polariser la société et de préférer le blabla à l’action concrète. Interview.

La conseillère nationale Jacqueline de Quattro «ne supporte plus» les activistes climatiques de Renovate Switzerland. Elle a dit pourquoi à Blick.
Photo: Keystone

Jacqueline de Quattro, vous écrivez sur les réseaux sociaux que vous «ne supportez plus» les activistes du climat. Vraiment?
Pour moi, la coupe est pleine. Le blocage du Gothard est la goutte de trop. Punir des centaines de citoyens qui bossent toute l’année et qui veulent passer quelques jours au Tessin en famille, c’est inadmissible. Manifester, bloquer, vandaliser et faire la morale. C’est contre-productif.

Qu’est-ce qui motive votre colère?
Il faut agir, pas bloquer! Il ne suffit pas de crier que la maison brûle et de culpabiliser les gens. Cela ne conduit qu’à la polarisation de la société. Qui fait systématiquement opposition aux énergies renouvelables? Qui bloque le changement avec d’interminables recours? Qui est incapable de faire des compromis? Ce sont les mêmes.

Que faudrait-il faire, alors?
Se concentrer sur les moyens qui permettent d’éteindre l’incendie. Pas en empruntant la voie de la guérilla, mais celle de la démocratie. Miser sur l’innovation, former des ingénieurs, soutenir nos PME, récompenser les citoyens qui font des efforts par des déductions fiscales, des simplifications administratives, des soutiens. Adopter la loi sur le climat le 18 juin prochain, qui prévoit 2 milliards de francs pour les rénovations énergétiques et le remplacement des chauffages fossiles.

Mais les activistes ont raison quand ils disent que nous n’allons pas assez vite. Les rapports du GIEC — notamment — sont clairs…
Ce sont ces mêmes activistes qui se sont opposés à la loi CO2 et qui l’ont fait capoter. Ils ne sont pas cohérents. Certes, cette loi n’était la panacée — la population ne veut pas de taxes — mais elle aurait permis d’atteindre plus rapidement les objectifs climatiques.

La désobéissance civile ne se justifie pas face à l’urgence?
Rien ne justifie la désobéissance civile dans un système démocratique qui fonctionne. C’est le cas du nôtre. Chacun doit respecter les règles du jeu.

Vous estimez que les taxes ne sont pas un bon outil. Du coup, comment procéder?
Il faut des méthodes libérales, pragmatiques et économiquement supportables. Le peuple a été clair: il ne veut pas d’une écologie punitive.

Donc, pour vous, on peut y arriver sans taxer ou interdire?
On ne peut y arriver qu’en tirant à la même corde. En tant que ministre vaudoise de l’Environnement, j’avais organisé les premières Assises du climat en Suisse, avant l’arrivée de Greta Thunberg, et mis en route le Plan climat cantonal. J’ai invité les jeunes qui descendaient manifester dans la rue autour de la table pour échanger et essayer d’avancer.

Mais ces militants n’ont pas réussi à vous convaincre…
Pas vraiment. Car leurs exigences n’étaient pas seulement climatiques. Ils nous ont signifié en gros qu’il fallait mettre fin au capitalisme. Je peux entendre en partie leurs critiques. On peut admettre que le capitalisme a atteint certaines limites. Mais on le remplace par quoi? Et il ne faut pas tout mélanger. Il faut dépasser les slogans et venir avec des propositions concrètes, pas des blocages.

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