Un choc, mais aussi une chance
Ce que la mort de la reine implique pour Liz Truss

Deux jours seulement après le début de son mandat, la nouvelle Première ministre britannique a dû radicalement changer ses plans en raison du décès de la reine Elizabeth II. Mais cette situation devrait profiter politiquement à Liz Truss — du moins, à court terme.
Publié: 11.09.2022 à 19:28 heures
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Dernière mise à jour: 12.09.2022 à 14:09 heures
Fabian Eberhard

Liz Truss et son équipe avaient minutieusement préparé les premières semaines de son mandat. Tous savaient qu’en tant que nouvelle Première ministre de Grande-Bretagne, elle prendrait en charge un pays en crise. Actuellement, des millions de personnes tombent dans la pauvreté, et la police s’attend à de nombreuses émeutes.

Mais voilà que, dès le deuxième jour de son mandat, le destin change radicalement tous ses plans. La reine est morte!

«Un énorme choc»

Normalement, un plan d'aide d'aide de 150 milliards de livres pour lutter contre l'inflation et les prix élevés de l'énergie devait être annoncé. Liz Truss espérait qu’il marquerait le début dynamique de son mandat. Mais ce plan d'aide n’est plus qu’une note en bas de page. La conservatrice dirige désormais un pays en deuil.

Peu avant sa mort : la reine fait prêter serment à la nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss.
Photo: AFP
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Jeudi soir, la nouvelle cheffe du gouvernement britannique s’est présentée devant la porte noire du 10 Downing Street et s’est adressée au peuple: «Nous sommes tous bouleversés.» C’est un «énorme choc pour la nation», a-t-elle ajouté.

La crise sociale reléguée au second plan

Les images font le tour du monde. Mais beaucoup comprennent rapidement, aussi cynique que cela puisse paraître, que politiquement, la nouvelle Première ministre devrait profiter de la mort de la reine — du moins, à court terme.

En effet, la Grande-Bretagne se rassemble dans le deuil. La politique de parti passe au second plan, les querelles habituelles se taisent, la crise énergétique et la colère des citoyens face à la misère sociale semblent oubliées pour un moment. Les syndicats ont annulé les grèves qu’ils avaient prévues pour les semaines à venir.

Au centre de l'attention internationale

La mort de la reine propulse Liz Truss sur le devant de la scène internationale. Cela l’arrange, car même les Britanniques ne connaissent pas vraiment leur Première ministre. Si elle choisit un ton et des images qui font mouche, elle peut se présenter comme la nouvelle mère du pays.

Dans les semaines à venir, des chefs d’État et de gouvernement du monde entier se rendront à Londres pour rendre un dernier hommage à la reine. Liz Truss les accueillera et fera ainsi ce qu’elle a eu l’habitude de faire lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères.

De plus, le deuil national suit un protocole très précis. C’est également un avantage pour la cheffe du gouvernement, qui n’a rien à envier à la spontanéité de son prédécesseur Boris Johnson.

Vers une dispute entre Liz Truss et le roi sur des enjeux écologiques?

Mais lorsque l'hiver s'abattra sur le royaume, les débats politiques reviendront en force sur le devant de la scène - peut-être même culmineront-ils en une dispute entre Liz Truss et le nouveau roi.

La Première ministre veut lever l’interdiction d'exploitation de gisements par fracturation hydraulique afin de devenir moins dépendant des livraisons de gaz et de pétrole étrangers. Un plan qui ne plaira certainement pas à l’écologiste Charles.

(Adaptation par Quentin Durig)

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