Promesse non tenue
Les courses de ski font un flop total à la télévision américaine

Le cirque blanc se trouve aux Etats-Unis et... aucun téléspectateur américain ne s'y intéresse. Le grand patron de la FIS est en train de perdre son pari de la globalisation. Et la colère monte autour de lui.
Publié: 24.02.2024 à 07:57 heures
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Dernière mise à jour: 24.02.2024 à 08:06 heures
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Marcel W. Perren

Imaginez: une course de Coupe du monde de ski... que presque personne ne regarde! Ce qui est inimaginable pour nous correspond à la réalité en Amérique du Nord.

Oberhofen, été 2022: le Conseil de la FIS discute avec vigueurs du calendrier de la Coupe du monde. Pour le président Johan Eliasch, il est très clair que les courses de vitesse de novembre et décembre à Lake Louise et Beaver Creek sont insuffisantes pour promouvoir le marché alpin aux Etats-Unis et au Canada. Le milliardaire qui a grandi en Suède propose donc une deuxième tournée nord-américaine en février/mars.

Les courses diffusées sur NBC? Balivernes!

Le général du ski autrichien Peter Schröcksnadel s'oppose au départ à cette idée, comme la plupart des autres représentants du conseil. Mais Eliasch fait ensuite une promesse qui met tous les sceptiques de son côté. «Johan nous a assuré que toutes les courses américaines seraient retransmises en direct par le géant de la télévision NBC. Comme j'y ai vu une chance de présenter notre merveilleux sport alpin à des millions de téléspectateurs aux Etats-Unis, j'ai finalement donné mon accord à Eliasch».

Les alentours du Lake Tahoe en Californie sont magnifiques. Mais les Américains ne sont pas intéressés par le ski.
Photo: Anadolu via Getty Images

Mais le Tyrolien de 82 ans regrette aujourd'hui autant cette décision que le vote qu'il a donné à Eliasch lors de l'élection à la présidence de la FIS en 2021. Pourquoi? Au lieu de faire des millions de téléspectateurs, les retransmissions des courses de Palisades Tahoe et d'Aspen ont fait un flop total. L'année dernière, le slalom de Palisades n'a atteint que 20'000 téléspectateurs et de streaming en ligne aux Etats-Unis, pays de 332 millions d'habitants. Les chiffres d'audience des courses de vitesse à Aspen n'étaient que légèrement supérieurs: 40'000 ont regardé la descente dans ce pays où le dernier Super Bowl a atteint une audience de 123 millions de téléspectateurs, contre 30'000 pour le Super-G.

A titre de comparaison, un tout petit peu moins d'un demi-million de fans de ski ont suivi la descente d'Aspen sur la RTS et la SRF et 570'000 sur l'ORF, la télévision autrichienne. Mais cette énorme disproportion s'explique aussi par le fait que ces compétitions ne sont finalement pas diffusées en direct sur NBC, comme l'avait promis le président, mais sur la chaîne spécialisée CNBC ou sur le service de streaming Peacock de NBC.

La réalisation était aussi atroce que les audiences

Mais il y a encore autre chose qui a énervé Peter Schröcksnadel: «A Palisades et Aspen, non seulement les taux d'audience à la télévision américaine étaient vraiment mauvais, mais aussi la qualité des retransmissions. La réalisation, les caméras et les images étaient si mauvaises que lors du slalom de Palisades, il n'a pas été possible de prouver clairement à la télévision que le vainqueur présumé, AJ Ginnis, avait fait une faute de ski».

Ce week-end, deux nouvelles épreuves de Coupe du monde sont néanmoins au programme non loin du lac Tahoe (Californie). Samedi, notre superstar nidwaldienne Marco Odermatt (26 ans) visera son dixième triomphe consécutif en slalom géant, tandis que dimanche, Daniel Yule tentera de gagner des points sur le leader Manuel Feller dans la lutte pour le petit globe de slalom.

Comme les courses ne seront à nouveau diffusées que sur la chaîne spécialisée CNBC ou en streaming dans le pays hôte, il est à craindre que très peu d'Américains puissent assister à ce spectacle.

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