Les premiers sur le Cervin
Les descendeurs suisses entrent dans l'histoire du ski alpin

Le «Matterhorn-Sprung» (le «Saut du Cervin» en français dans le texte) devrait acquérir un statut similaire à celui de la «Tête de chien» à Wengen lors de la nouvelle descente de Coupe du monde de Zermatt-Cervinia. Et les descendeurs suisses l'ont inauguré.
Publié: 19.09.2023 à 16:59 heures
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Marcel W. Perren

L'excitation est à son comble au camp d'entraînement de Swiss-Ski sur le petit Cervin! Même l'ancien champion de descente Franz Heinzer est visiblement nerveux. Pourquoi? Le Schwytzois, qui est aux commandes de la Coupe d'Europe masculine avec succès depuis 16 ans, a dirigé la semaine dernière la construction du premier saut de la nouvelle descente du Cervin avec Vitus Lüönd, l'entraîneur du groupe de Coupe du monde.

Les protégés des deux entraîneurs doivent maintenant tester ce «Matterhorn-Sprung» deux mois avant la grande première. «Bien que j'aie acquis une bonne expérience dans ce sport au cours de toutes ces années, il n'est pas facile de calculer la distance et le temps en l'air des athlètes lors de la construction d'un tel saut. C'est pour ça que je suis particulièrement tendu avant le tout premier saut», constate Franz Heinzer.

Une épreuve particulière pour Yannick Chabloz

Le pouls est également élevé chez Yannick Chabloz. Le Nidwaldo-Vaudois a fait deux mauvaises descentes l'année dernière. En février 2022, il s'est fracturé la main et l'épaule lors de la descente du combiné des Jeux olympiques de Pékin, et en décembre, le skieur de 24 ans s'est blessé au dos sur le Stelvio de Bormio. «Après ces deux chutes, je dois lutter contre un blocage mental, le subconscient m'a toujours un peu freiné lors des dernières courses d'entraînement.»

Après la première visite du saut du Cervin…
Photo: Sven Thomann
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Le saut inaugural dans une lumière diffuse permettra-t-il de lever ce blocage? Avant d'autoriser le départ, l'entraîneur Franz Heinzer prend une nouvelle fois la pelle: «Je viens de découvrir un problème près de la rampe, il faut le désamorcer.» Après quelques manipulations routinières, le problème est résolu. Franz Heinzer s'empare de la radio et annonce: «Piste libre!»

Soulagement après le saut d'Arnaud Boisset

Et c'est un local de l'étape – un Valaisan – qui, après quelques portes, est le premier à s'envoler. Le Martingerain Arnaud Boisset, vainqueur du classement général de la Coupe d'Europe de super-G l'hiver dernier. Le jeune homme de 25 ans fonce à environ 100 km/h en direction du saut. Quelques secondes plus tard, ses entraîneurs soufflent profondément. Arnaud Boisset a atterri en toute sécurité après un saut historique à la limite des 40 mètres. «Ça fonctionne parfaitement», annonce Franz Heinzer par radio.

Après cette information, le champion suisse de super-G Denis Corthay se lâche encore un peu plus et franchit la barre des 50 mètres. De nombreux skieurs s'élancent ensuite dans des mêmes distances.

«Nous verrons des sauts de 70 mètres!»

Yannick Chabloz maîtrise lui aussi avec brio la première épreuve de courage après ses atterrissages en catastrophe de l'année dernière. «Lors de la première visite, ce saut m'a déjà pas mal impressionné, mais lors de la conduite, tout a fonctionné comme sur des roulettes, résume Yannick Chabloz. «En ce qui concerne le panorama, ce saut est presque impossible à surpasser – on vole vraiment à fond en direction du Cervin», décrit Ralph Weber, l'un des skieurs suisses.

Les autres athlètes suisses sont aussi impressionnés. Joshua Mettler parle d'un «saut pris de manière très décontractée». Franjo von Allmen parle également d'un «très beau saut»: «Mais j'espère que lors des courses de Coupe du monde, le rythme sera plus élevé pour que nous puissions sauter jusqu'en bas de la pente raide.» Franz Heinzer en est convaincu: «Nous verrons des sauts de 60 à 70 mètres à cet endroit lors des descentes de la Coupe du monde en novembre, car la vitesse d'approche sera environ 20 km/h plus élevée que lors de notre entraînement de super-G.»

Immédiatement après ce saut, les courses de Coupe du monde seront suivies d'une traversée très technique en direction de la frontière italienne. Ce qui donne le plus de fil à retordre aux coureurs en vue des affrontements sur la Gran Becca, c'est le temps de course attendu de deux minutes. «A cette altitude, je suis déjà très essoufflé après une minute d'entraînement. C'est pourquoi l'idée d'une course de deux minutes me paraît assez difficile pour le moment», admet Josua Mettler. Le départ de la première descente du Cervin est prévu pour le 11 novembre.

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