Les miracles existent-ils? À une heure du coup d'envoi de la cinquième rencontre du quart de finale entre Genève et Lugano, la question était légitime. Simon Le Coultre, dont la fin de saison a été annoncée par le GSHC voici un mois, était bel et bien présent dans l'alignement des Aigles. «Cela fait un moment que je préparais ça, a-t-il souri après le match. J'ai travaillé très fort pour essayer d'être à mon top niveau pour ces play-off. J'ai été beaucoup soutenu par ma famille et ma copine.»
Même s'il semble ne pas en faire une grosse histoire, le défenseur des Aigles ne revient pas d'une blessure «normale». En février dernier, il a passé plusieurs jours à l'hôpital au Tessin après un match à Ambri. Sur place, il a dû subir une ablation d'un rein. «Cela peut paraître impressionnant, mais c'est beaucoup de travail mental pour revenir au jeu et être prêt. Je ne sais pas si je suis à mon top niveau, mais lorsque tu es en play-off, les émotions aident à oublier les circonstances.»
Le Vaudois des Vernets avoue n'avoir pas eu d'appréhension au moment de donner ses premiers coups de patin ou sa première mise en échec. «Franchement? Aucune, précise-t-il. Et je vais continuer comme ça. Je ne suis pas le premier sportif à jouer dans ces conditions. Mon jeu a changé. Je suis peut-être un peu moins physique qu'avant. Mais si quelque chose doit arriver, cela arrivera.»
«Une joie et une délivrance»
Et comme si l'histoire de son retour improbable n'était pas suffisamment belle, Simon Le Coultre a même inscrit le troisième but de la rencontre au terme d'un joli solo. «J'essaie surtout de mettre le puck sur le but pour provoquer un rebond, détaille-t-il. Mais lorsque j'ai vu qu'il était au fond, c'était une joie et une sacrée délivrance, surtout si l'on voit par quoi je suis passé.» Peut-on dire qu'il a mis un joli coup de rein sur cette action? Il rigole de la (mauvaise) blague: «Tu peux l'écrire.»
Ce retour a également servi d'argument pour son entraîneur, Jan Cadieux: «Depuis mardi et notre défaite à Lugano, j'ai beaucoup parlé de notre état d'esprit. J'ai parfois l'impression que nous n'avions pas vraiment une attitude de play-off à certains moments. Le retour de Simon a envoyé un message. Il nous a montré ce que cela voulait dire se sacrifier pour l'équipe.»
Et ce retour a-t-il pu servir de distraction pour Lugano? «Je ne veux pas que l'attention se focalise sur moi, a précisé Simon Le Coultre. L'équipe passe avant tout. Mais si cela a permis d'aider les gars que l'attention soit sur moi, je suis content.»
Dimanche, Genève-Servette tentera de franchir ce quart de finale en jouant à Lugano. Passé ce retour émotionnellement chargé, comment l'arrière envisage-t-il ce voyage au Tessin? À l'entendre, très sereinement. «Ce n'est pas ma première blessure, remarque-t-il. Et honnêtement, c'est moins compliqué que si j'avais été touché au genou ou à l'épaule.»
Il le sait, les Luganais, dos au mur, vont jouer pour leur vie dans leur patinoire. Cela tombe bien, Simon Le Coultre sait exactement ce que cela signifie. Peut-être même mieux que les Tessinois.