YS doit réagir face à Bâle
Marco Schällibaum a secoué ses joueurs, comme promis

L'entraîneur d'Yverdon Sport a dit à ses joueurs tout le mal qu'il pensait de leur élimination en Coupe de Suisse. Il les a placés face à leurs responsabilités et veut voir une réaction ce dimanche contre Bâle devant un nombreux public.
Publié: 23.09.2023 à 15:10 heures
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Dernière mise à jour: 23.09.2023 à 15:20 heures
Tim Guillemin

Marco Schällibaum avait confié à Blick se «sentir sale» après l'élimination en Coupe à Rapperswil et que ses joueurs allaient «la sentir passer cette semaine». Alors, comment la colère de l'entraîneur d'YS s'est-elle matérialisée cette semaine au Stade municipal?

«Disons que quand tout va bien, c'est un entraîneur qui te donne beaucoup d'amour, qui réfléchit avec le coeur. Et quand ça ne va pas, on se fait taper dessus... Mais pas plus qu'avec un autre entraîneur, tout de même», répond William Le Pogam. Assis à côté de lui, Marco Schällibaum tique un petit peu en entendant ces paroles. «Je ne suis pas un monstre, William, quand même! Je n'ai jamais tapé un joueur, il faut le dire», réagit le Zurichois, dans un demi-sourire. 

William Le Pogam: «Il coache avec beaucoup de passion et d'émotion»

C'est sûr, Marco Schällibaum n'était pas de bonne humeur après le revers à Rapperswil, mais les murs du vestiaire n'ont pas tremblé plus qu'il n'était nécessaire.

Marco Schällibaum a mis les choses au point cette semaine avec ses joueurs.
Photo: Pius Koller

«Pour répondre sérieusement et complètement à la question, on a passé une semaine comme les autres, avec une mise au point de notre entraîneur quant à notre performance à Rapperswil, ce qui est normal et légitime. Je commence à le connaître, je n'ai pas été surpris. Il coache avec beaucoup de passion, avec beaucoup d'émotion et il avait besoin de nous dire qu'il avait été déçu par notre élimination. Le message est passé: on veut effacer cette défaite et on a bien travaillé cette semaine», enchaîne William Le Pogam.

Pas de réveil à 6h du matin lundi

Alors, quels leviers Marco Schällibaum a-t-il activé pour que ses joueurs prennent conscience de leur faute en Coupe de Suisse? Comme Paolo Tramezzani l'avait fait à Lugano un jour, a-t-il convoqué ses joueurs à 6h du matin pour aller visiter une usine et découvrir la vraie vie, celle des gens qui se lèvent tôt? Ou a-t-il opté pour la méthode dite du sèche-cheveux chère à Alex Ferguson?

Pas besoin d'aller jusqu'à Manchester pour se rappeler d'une méthode musclée et de paroles fortes, d'ailleurs, un certain Vittorio Bevilacqua ayant officié trois fois à Yverdon Sport et étant particulièrement réputé pour ses débriefings musclés et fleuris...

«Il y a plusieurs façons de montrer qu'on n'est pas content, répond Marco Schällibaum. Nous avons eu une discussion lundi, où je leur ai dit que ce que nous avons fait était inacceptable. Nous avons perdu contre une équipe de Promotion League, avec tout le respect que j'ai pour Rapperswil, pas à Bâle ou à Berne. Même si on joue mal, on doit passer le tour, c'est tout. C'est la Coupe, ça ne pardonne pas. Quand tu perds, tu es dehors, tu ne peux pas cicatriser la blessure. Ce que je leur ai dit clairement et en face, c'est qu'ils avaient reçu beaucoup ces derniers temps et que quand on reçoit, on doit donner aussi. La base, c'est l'attitude. On peut parler de technique et de tactique, c'est important, mais si tu n'as pas l'attitude, tu es puni. Cela a été le cas à Rapperswil.»

Pas de signe avant-coureur

Le monologue s'est d'ailleurs transformé en conversation au fil des minutes, puisque deux ou trois joueurs ont également pris la parole et mis chacun devant ses responsabilités de joueur professionnel. «Ce n'est pas qu'on se soit mal entraînés avant d'aller à Rapperswil, au contraire. Il n'y avait pas de signe avant-coureur, mais on s'est plantés et je ne peux pas l'accepter. De samedi à lundi, cela a été très difficile pour moi et je voulais qu'ils le ressentent», explique Marco Schällibaum, lequel ne cache pas avoir reçu un coup de pression de la part des nouveaux investisseurs américains d'Yverdon Sport.

Les investisseurs ont manifesté leur mécontentement

«Oui, c'est pour cela que j'ai dit aux joueurs que quand on recevait, on devait donner. Nous avons des investisseurs exigeants, qui donne beaucoup. Il y a déjà eu beaucoup de discussions dimanche entre eux et moi, que ce soit par oral ou par écrit. Mais moi, je n'avais aucun argument à leur donner, mis à part qu'on s'était fait éliminer. C'est normal qu'ils soient exigeants et qu'ils me confrontent avec notre prestation. Je prends la responsabilité de cette élimination, ça fait partie de mon boulot. J'ai eu la pression dimanche, parce qu'ils ne sont pas contents et c'est normal», détaille l'entraîneur d'YS, qui n'en est pas à la première situation délicate qu'il doit affronter dans sa carrière.

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«Ce que je leur ai dit clairement et en face, c'est qu'ils avaient reçu beaucoup ces derniers temps et que quand on reçoit, on doit donner aussi. La base, c'est l'attitude.»
Marco Schällibaum, entraîneur d'YS
»

«Je suis prêt à relever ce défi et à sortir de là. Je n'aime pas ces situations, mais je les affronte. Je l'ai toujours fait. Cela m'est arrivé cent fois dans ma carrière et je m'en suis sorti, allez, 99 fois...», répond-il, toujours dans un demi-sourire au sortir de cette élimination inattendue, Yverdon Sport ayant réussi son début de championnat au-delà de toute espérance.

Un groupe encore en construction

Yverdon Sport, ses bons résultats en Super League l'ont un peu fait oublier, est une équipe en construction, avec 17 nouveaux joueurs arrivés cet été. «Oui, je suis d'accord, on laisse un peu cela de côté parce qu'on a gagné des matches», approuve Marco Schällibaum, lequel estime avoir besoin d'encore un peu de temps pour que tous les renforts soient imprégnés à 100% de l'ADN de la saison dernière, celle de la promotion en Super League.

La particularité de l'Yverdon Sport 2022-23 était d'ailleurs de toujours réagir après une défaite, même la plus humiliante. Les gifles reçues à Wil ou à Stade-Lausanne-Ouchy ont en effet toujours été suivies d'impressionnantes séries de victoires. 

L'identité de cette équipe, désormais incarnée principalement par Kevin Martin, Anthony Sauthier, William Le Pogam et Nehemie Lusuena, en attendant le retour en grâce éventuel de Brian Beyer, suggère donc que le FC Bâle va passer six sales quarts d'heure au Stade municipal ce dimanche. 

Les supporters d'YS peuvent-ils tabler là-dessus? «On ne peut pas garantir la victoire, cela je ne le ferai jamais. Par contre, avoir une équipe qui réagit, qui montre qu'elle a compris le message, c'est indispensable», répond Marco Schällibaum, lequel espère avoir touché l'orgueil de ses joueurs.

«S'ils sont fâchés contre moi...»

«Je ne veux pas que tout le monde m'aime. J'ai fait trois changements à la mi-temps samedi à Rapperswil et peut-être que ces joueurs-là m'en veulent, mais ils doivent être conscients que je ne sors jamais quelqu'un qui est bon. Donc s'ils sont fâchés contre moi, ils peuvent peut-être être fâchés un peu contre eux aussi...», continue le technicien, qui compte également sur ses cadres pour faire passer le message aux nouveaux arrivés.

William Le Pogam ne fuit pas ses responsabilités, ni sur le terrain, ni dans cet aspect. «On essaie au quotidien de transmettre les valeurs du club et ça commence dans le vestiaire. On a de nouveau un bon groupe, personne ne se prend pour une star, je peux l'assurer, mais c'est sûr que ça peut prendre un peu de temps de découvrir un nouveau pays, une nouvelle langue parfois... Certains sont encore à l'hôtel, cela peut jouer un rôle, même si tout le club fait en sorte qu'ils se sentent bien», explique le capitaine d'YS, qui demande encore un peu de temps pour qu'un groupe uni se forme. «L'an passé, on est montés contre toute attente, mais le collectif a fait la différence. On jouait ensemble depuis deux ou trois ans, pour la plupart», rappelle-t-il.

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«On a de nouveau un bon groupe, personne ne se prend pour une star, je peux l'assurer, mais c'est sûr que ça peut prendre un peu de temps de découvrir un nouveau pays, une nouvelle langue parfois.»
William Le Pogam, capitaine d'YS
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La bonne nouvelle, du côté d'YS, c'est que ce groupe composé de joueurs venus d'horizons aussi différents que l'Algérie, la Suède, le Brésil, l'Angleterre, la Slovénie ou la Tchéquie, a déjà prouvé sa valeur, notamment en battant Servette ou en allant gagner à Lausanne. Après six journées, YS est d'ailleurs le meilleur club romand comptablement parlant. «C'est sûr que si on a déjà gagné de tels matches en n'étant pas encore au point collectivement, on peut se dire que l'avenir peut être radieux», positive William Le Pogam, pleinement convaincu de la qualité des individualités arrivées cet été dans le Nord vaudois.

Bâle? Du respect, mais pas de peur

Place donc à la venue du FC Bâle, un club qui a également énormément recruté cet été et dont Marco Schällibaum se méfie bien sûr beaucoup malgré son début de saison raté. «Le FC Bâle du début et celui d'aujourd'hui n'ont rien à voir! Déjà contre Zurich, on a vu leurs qualités. Ils ont de nouveau trouvé des joueurs très très forts et ils n'ont déjà pas le même visage qu'il y a un mois. Ils ont eu le temps de travailler durant la trêve internationale et on va affronter un adversaire de grande valeur. On doit avoir du respect, comme toujours, sans avoir peur. Et surtout, nous, on doit réagir», insiste l'entraîneur d'YS.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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