Formé au PSG, il brille au LS
Antoine Bernede: «Partir, ça aide à grandir»

A 24 ans, Antoine Bernede fait partie des grandes satisfactions dans la saison inégale du Lausanne-Sport. Ce milieu de terrain polyvalent évoque pour Blick son intérêt pour l'apprentissage de cultures différentes, lui qui a quitté le PSG pour l'Autriche à 20 ans.
Publié: 10.03.2024 à 08:39 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2024 à 10:10 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Formé au Paris Saint-Germain, où il a disputé trois matches avec l'équipe première, Antoine Bernede est parti très jeune au RB Salzbourg. A 20 ans à peine, le milieu de terrain a continué à grandir en Autriche, où il a appris une autre culture, un autre football. Le voilà désormais au Lausanne-Sport, où il rayonne à mi-terrain, d'abord dans une position plus défensive, puis, depuis l'émergence de Jamie Roche, dans un rôle un peu plus offensif. Milieu de terrain polyvalent, il s'éclate en Super League à 24 ans, et n'attend qu'une chose: que le LS remonte enfin au classement et aille chercher le maintien le plus vite possible. Entretien, à quelques heures d'aller affronter Servette dimanche à la Praille.

Antoine Bernede, qui sera barragiste dans deux mois?
Beaucoup d'équipes peuvent occuper cette avant-dernière place... et j'espère bien que ce ne sera pas nous! On va donner le maximum pour que Lausanne ne soit pas barragiste, je peux vous l'assurer.

Quels sont vos arguments pour éviter cette 11e place?
Ils sont très simples: on va y arriver en gardant nos principes, en jouant, en continuant de proposer de jeu manière active. On a nos chances contre n'importe quelle équipe de Super League et ce dès le début du match. Après, bien sûr, il y a des physionomies de match qu'on ne contrôle encore pas assez bien. On doit continuer à jouer notre jeu, à garder le ballon et surtout ne pas s'affoler parce que la fin du championnat arrive. Quel que soit l'enjeu et notre situation, on doit être concentrés sur notre jeu et sur l'objectif.

Le milieu de terrain français se plaît à Lausanne, où il rayonne dans l'entre-jeu du LS.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Justement, vous pouvez rivaliser avec tout le monde, vous l'avez prouvé contre les meilleures équipes du championnat. Mais en même temps, cette absence de constance vous empêche d'enchaîner les bons résultats...
Oui, c'est clairement ça. On a des baisses de régime qui nous arrivent un peu trop souvent.

Pourquoi?
Je ne pourrais pas vous répondre précisément. Mais on en a conscience et je trouve quand même qu'on a progressé ces dernières semaines. On sait qu'on aura des moments durs dans le match et que ça peut arriver, parce qu'il y a de très bons adversaires en face. Mais on doit être capables de faire le dos rond et de ne pas encaisser ce but qui nous met mal.

De jouer un peu plus sale parfois?
On peut le dire comme ça. Etre un peu plus regroupés. Jouer les contres. Ce n'est pas interdit de faire un bloc bas dans le foot... Il y a des grandes équipes qui jouent comme ça. Nous, s'il faut le faire dix ou quinze minutes, ou même une mi-temps, il faut apprendre à le faire. Et je pense que sur les derniers matches, on y est arrivés et on a pris les points qu'il y avait à prendre.

On a senti à Bâle justement en fin de match que vous aviez cette volonté de tenir...
Oui, on a su le faire et on a mis le 2-0. Après, on s'est quand même fait peur en fin de match, mais on a tout de même bien géré. Ce résultat était très important pour nous.

Antoine Bernede se réjouit de retrouver Servette ce dimanche à la Praille.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Le symbole contraire, c'est ce match contre Yverdon. En première période, vous êtes exceptionnels. Mais après, à onze contre dix, vous avez frôlé le pire... Avec un petit mois de recul, comprenez-vous ce qui s'est passé?
On aurait dû être dans la même intensité au moins durant les trente premières minutes après la pause pour leur montrer qu'aujourd'hui, ils n'auraient rien et que tout était pour nous. Mais on n'a pas mis la même intensité et on n'a pas bien géré notre supériorité numérique. 

Parlez-nous de votre association avec Jamie Roche. Son rôle de sentinelle vous permet d'être plus offensif et on a l'impression que ça vous plaît.
Oui, c'est juste. C'est quelqu'un qui aime occuper ce poste devant la défense. J'ai occupé ce rôle-là en début de saison. Depuis, Jamie a pris place dans l'équipe et j'évolue un peu plus haut, mais je m'entends aussi très bien avec Olivier Custodio. Je m'entends bien avec tout le monde et je suis au service du collectif. Mais c'est vrai que Jamie aime ce rôle de numéro 6, plus que n'importe qui dans l'équipe je pense. Ca me permet d'avoir un rôle un peu plus offensif et sur les derniers matches, ça me réussit.

Vous parlez français ou anglais avec lui?
Anglais. Il est en train d'apprendre le français, il progresse et il comprend beaucoup. On a de temps en temps des vidéos ensemble avec le staff technique et il s'exprime majoritairement en anglais, mais franchement il comprend de mieux en mieux le français.

Vous avez gentiment un rôle de cadre maintenant au LS, même si vous n'êtes pas là depuis dix ans... Il y a tellement de mouvements que vous êtes déjà l'un des plus anciens dans l'équipe! Vous vous sentez un rôle d'intégration?
J'ai été un nouveau, je sais ce que c'est. Après, je ne dirais pas que je suis un cadre de l'équipe. D'une certaine manière, oui, je le suis, parce que le coach me permet d'être souvent sur le terrain, donc je suis par définition impliqué dans la réussite ou non de l'équipe. Mais il y a des joueurs qui ne jouent pas, ou moins, qui sont eux les anciens et les cadres de l'effectif.

On l'oublie parfois, mais pour un gamin de 20 ou 22 ans, arriver dans un pays étranger, ce n'est pas forcément simple...
Oui, c'est dur. Après, je suis en Suisse romande, déjà, la langue est la même, donc c'est plus facile. Mais c'est sûr que quand je suis arrivé en Autriche, c'était autre chose. C'était compliqué au début, mais je trouve que c'est enrichissant. En quittant la France, je ne parlais pas beaucoup anglais. Et aujourd'hui, à 24 ans, je me retrouve à parler anglais et allemand, ce n'est pas rien.

L'allemand, ça aide pour parler aux arbitres en Super League, non?
Oui! J'arrive à parler de temps en temps avec eux, mais ils n'aiment pas beaucoup (rires). Mais partir, ça aide à grandir en tant qu'homme, voir d'autres cultures. Certains vont aimer, d'autres non. Mais il faut prendre en compte que ça fait partie de la carrière d'un joueur. C'est dur de nos jours de faire une carrière dans un même club, voire dans un même pas. Mais les clubs ont progressé concernant l'intégration des étrangers.

Red Bull est réputé pour ça, justement, non?
Oui, c'est très intéressant ce qu'ils mettent en place pour les jeunes qui viennent de l'étranger. Généralement, chacun a pour l'accompagner quelqu'un qui parle sa langue et qui connaît Red Bull depuis longtemps. Cette personne t'aide pour tout. C'est très important dans un club.

Du point de vue de nombreux observateurs, vous êtes l'un des meilleurs milieux de terrain de Super League. Est-ce que la Suisse sera bientôt trop petite pour vous?
Vous savez, j'ai beaucoup vécu dans le futur. Sûrement même beaucoup trop. Donc aujourd'hui, j'essaie de rester au maximum dans le moment présent. La Super League, c'est un championnat que j'apprécie énormément, où il y a des beaux stades, de grands clubs. Et je prends du plaisir chaque week-end à affronter n'importe quelle équipe de Super League. Après, bien sûr, jusqu'à aujourd'hui, j'ai connu des championnats hors du top 5, l'Autriche et la Suisse. Si vous me posez la question de savoir si j'ai envie de jouer dans un grand championnat un jour, je vous réponds oui. 

Quand?
Dans un an, dans deux, trois ou quatre ans, je ne sais pas. Comme je vous l'ai dit, je suis dans le présent. J'évite de trop me projeter. Une blessure peut arriver du jour au lendemain, un changement de coach... Tout peut arriver. J'arrête de penser à long terme.

Quand vous dites que vous ne voulez plus vivre dans le futur, ça veut dire qu'à un moment, vous vous êtes vu comme le numéro 8 ou le numéro 10 du PSG?
Non. Enfin... Oui, en étant plus jeune, vraiment plus jeune. Mais quand j'ai commencé à me projeter vraiment, c'était à Salzbourg. Parce qu'à Paris, je ne pouvais pas prétendre à une place dans l'équipe, tellement il y avait de grands joueurs devant moi. J'étais lucide, je voulais juste prendre le maximum d'expérience, profiter de chaque moment pour apprendre. Mais une fois que je suis parti à Salzbourg, je me suis dit que j'allais y arriver, je voyais trop loin, je ne pensais plus au moment présent. Donc aujourd'hui, ma philosophie c'est de travailler chaque semaine pour arriver le week-end à mon meilleur niveau. C'est tout.

Quand vous voyez Warren Zaïre-Emery s'imposer en équipe première du PSG, vous vous dites que c'est un phénomène? Ou qu'avec un peu plus de chance et de confiance, vous seriez à sa place aujourd'hui?
Warren, c'est un phénomène. Je vous réponds clairement. Il a un talent exceptionnel et il a aussi le charisme. Parce qu'à Paris, il faut en avoir pour s'imposer dans ce vestiaire de stars. Etre une star, ça veut dire avoir un excellent niveau et surtout beaucoup d'exigence. Etre à ce niveau-là, c'est impressionnant. Chapeau à lui. Mais je comprends votre question et je vais y répondre de la manière suivante: il y aussi une part d'oppportunité. Il faut arriver au bon moment, que le train passe à ce moment-là et monter dedans. Il a eu le bon train. D'autres en auront aussi. J'espère pour Paris. Et à lui, je souhaite de continuer ainsi.

Votre voyage est un peu différent, mais il n'est pas fini...
Il n'est de loin pas fini. Je ne sais pas jusqu'à quel âge je jouerai, mais j'espère un beau et long voyage. Dans certains endroits, on dirait que je suis vieux, et dans d'autres, je serais considéré comme un jeune. J'ai connu ça à Salzbourg, où j'avais l'impression d'être vieux (rires). Mais ici à Lausanne, je suis un jeune. Tout est ouvert pour l'avenir. Je ne me fixe aucune limite.

Le Cameroun vous a-t-il approché dans l'optique d'une sélection?
Pour l'instant, non, je n'ai rien entendu à ce sujet. J'ai fait toutes mes classes en équipes de France juniors, mais, de nouveau, j'essaie de ne pas trop me projeter sur l'avenir. On verra si j'ai la chance de pouvoir choisir un jour entre les deux... J'aime les challenges, les défis, c'est ce qui m'a toujours poussé. On verra si un jour le Cameroun m'approche et me présente un projet! J'en ai déjà discuté avec ma famille, ce serait une fierté pour mes deux parents quoi qu'il arrive. 

On en revient au présent. Servette, c'est un sacré défi ce dimanche, mais vous avez prouvé déjà pouvoir vous hisser à leur hauteur. Vous pensez que c'est possible de gagner à la Praille?
C'est même très possible. Chapeau bas à eux, ils font une superbe saison et ils jouent quelque chose de différent de nous sur ce match, mais les confrontations passées nous donnent de la confiance. On est capables de gagner contre eux.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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