La fête a été belle à Zurich
«C'était impossible de choisir entre le Kosovo et la Suisse»

La première confrontation de l'histoire entre le Kosovo et la Suisse s'est transformée en une magnifique communion dans les tribunes. Reportage parmi des spectateurs du Letzigrund souvent mitigé.
Publié: 29.03.2022 à 20:04 heures
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Dernière mise à jour: 30.03.2022 à 08:22 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Au moment de prendre la photo, Elvis s’assure que la croix blanche du drapeau qu’il porte sur les épaules est bien en vue. À ses côtés, sa femme et ses trois filles ont aussi revêtu les couleurs de la Suisse et du Kosovo au Letzigrund pour la première confrontation de l'histoire entre les deux pays (1-1). La plus petite, Jona, est fière de son maillot de la Nati, floqué avec le numéro 10 du capitaine Granit Xhaka.

Comme Marco Odermatt

«On vient d’Hergiswil dans le Canton de Nidwald, comme le skieur Marco Odermatt», explique la famille avant d’éclater de rire. «Pour nous, ce match est doublement spécial et c’est impossible de choisir entre le Kosovo et la Suisse, alors on soutient les deux», résume avec fierté la benjamine, Jessica.

Le coeur de cette famille nidwaldienne balance.
Photo: UCY

Comme ses sœurs, elle est née dans le pays qui a accueilli ses parents «il y a trente ans». «En tant que Kosovare d’origine, je suis très heureux que Granit Xhaka fête sa 100e sélection avec la Suisse ce soir, appuie le père de famille. C’est un beau symbole.»

Xherdan Shaqiri a été ovationné par les deux publics à sa sortie du terrain.
Photo: TOTO MARTI

L'ovation pour Xherdan Shaqiri

Ce n’est pas ce qui a manqué mardi soir dans un stade rempli. Les 20’800 places disponibles ont toutes trouvé preneur. En tribunes, le bleu domine mais l’ambiance est chaleureuse, conviviale. Notre famille nidwaldienne n’est pas la seule à être partagée.

Sur les corners, Xherdan Shaqiri est applaudi par tout le public mais le Bâlois est sifflé dès qu’il pose le ballon. Cela fait partie du jeu: «XS» est dangereux. L’ovation reçue par le joueur à sa sortie (75e) résumait à elle seule cette soirée et le bonheur commun.

En voiture depuis Lausanne

Le Letzigrund a chaviré de bonheur sur l’ouverture du score des Kosovares (52e). Un cri de joie qui a résonné en écho neuf minutes plus tard sur l’égalisation suisse.

Nedj a pris congé et il a rejoint Zurich en voiture depuis la région lausannoise. «Je n'aurais raté ça pour rien au monde!»
Photo: UCY

«Dans la voiture, mes potes m’ont demandé pour qui j’étais et je n’ai pas su répondre.» Nedj est électricien dans la région lausannoise. Ce mardi, il a pris une journée de congé pour venir à Zurich. Il pose pour la photo avec son écharpe bicolore.

«Pour rien au monde, je n’allais manquer ça, explique celui qui est arrivé en Romandie encore bébé. Le sentiment qui prédomine, c’est la fierté. Ce soir, nous fêtons l’amitié entre nos deux peuples. Le Kosovo est aussi bien représenté en équipe de Suisse avec Xhaka et Shaqiri.»

Un score de parité, comme une évidence

Croisés à la mi-temps, Etem porte une écharpe de la Suisse, tandis que sa fille Nora a privilégié celle du Kosovo. «Cela fait 35 ans que je vis en Suisse alors c’était normal, explique le résident de Winterthour. Surtout durant la première mi-temps, j’ai senti que l’équipe du Kosovo était plus concernée, plus fière aussi. Pour nous, ce match amical a peut-être plus de valeur.»

Etem, et sa fille Nora, sont venus en voisin depuis Winterthour.
Photo: UCY

Au classement de la FIFA, 95 places séparent la sélection balkanique (109e) de la Suisse (14e). Un écart qui ne s’est pas vu sur le terrain, ou seulement dans le mauvais sens parfois. Ce match amical, qui porte si bien son nom, ne pouvait pas se terminer que sur un autre score que la parité. Qu’importe le résultat. Ce mardi soir, l’important était ailleurs.

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