Schällibaum et la promotion d'YS
«Yverdon apporterait du charme à la Super League»

Il ne manque plus qu'un point au petit Poucet Yverdon pour retrouver la Super League. Derrière ce conte de fées, l'entraîneur Marco Schällibaum a joué un rôle clé. Interview.
Publié: 22.05.2023 à 13:46 heures
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Dernière mise à jour: 23.05.2023 à 20:01 heures
Felix Bingesser

Marco Schällibaum a débarqué en début de saison sur les rives du lac de Neuchâtel. Il a remplacé à Yverdon un certain Uli Forte, qui avait accompli de belles choses en atteignant par exemple les demi-finales de la Coupe de Suisse. Mais Marco Schällibaum fait encore mieux et pourrait être promu en Super League au terme de sa première saison à la tête d'YS. Il ne manque qu'un point aux Vaudois pour retrouver l'élite. Blick est allé à la rencontre du tacticien zurichois avant le match de mardi soir contre Aarau qui pourrait être décisif au Stade Municipal (20h30).

Marco Schällibaum, Yverdon a manqué sa première balle de promotion après une défaite face au SLO. Les nerfs ont-ils joué un mauvais tour à votre équipe?
Nous avons commencé fort, mais nous avons ensuite perdu un peu l'équilibre dans ce match. Bien sûr, nous ressentons une certaine pression si près du but. Mais nous pouvons gérer cela. Nous nous préparons bien pour mardi, pour la réception d'Aarau.

La fête sera belle fête si vous pouvez assurer la promotion devant vos supporters?
J'espère et le stade sera plein. Il ne faut pas oublier que nous pouvons encore retomber à la troisième place et devoir jouer le barrage. Mais l'objectif est clair dans notre situation: nous voulons monter directement. Nous avons encore deux balles de match pour cela.

Marco Schällibaum entraîne Yverdon depuis le début de la saison.
Photo: Sven Thomann

Quand avez-vous cru pour la première fois qu'une promotion était possible avec Yverdon?
Quand je suis arrivé, l'effectif était pratiquement complet et je ne connaissais pas la plupart des joueurs. Mais. j'ai senti dès la préparation qu'il y avait un certain potentiel qui sommeillait. La Challenge League est très équilibrée. Tout le monde peut battre tout le monde. Avec les premiers succès en début de saison, la confiance s'est aussi rapidement accumulée.

Avez-vous une prime de promotion dans votre contrat?
Les primes sont un élément fixe du contrat. Je pense que tous les entraîneurs de Challenge League en ont une.

Que répondez-vous aux critiques qui affirment qu'Yverdon ne ferait que diluer le niveau en Super League?
A ceux-là, je dis que la Suisse est un pays diversifié. Que le pays ne se compose pas uniquement de grands stades de football et de grandes villes. Que la petite cité thermale d'Yverdon apporterait plutôt du charme à cette ligue. Je leur dis qu'Yverdon serait un enrichissement pour la Super League. Nous ne sommes pas Saint-Tropez. Mais nous sommes une belle petite ville de 30'000 habitants au bord du lac. Nous pouvons devenir le bijou de la Super League. Un déplacement à Yverdon est une expérience pour chaque supporter de Suisse. Bien sûr, il y aura aussi des critiques. Mais cela ne me dérange pas.

Mais il n'y aurait pas plus de 3000 spectateurs au stade, même en Super League, n'est-ce pas?
Si. Je suis convaincu que l'enceinte serait pleine à chaque fois. Et qu'une moyenne de 5000 spectateurs est réaliste. L'ambiance sera alors plus enflammée qu'au Letzigrund avec 4000 personnes ou à Lugano avec 3500 spectateurs. C'est pour ça que, en cas de promotion, nous voulons absolument jouer à Yverdon et ne pas nous déplacer dans un stade plus grand. Nous ne pouvons pas faire cela à la région. Nous devons encore apporter quelques améliorations au stade, mais nous avons obtenu la licence pour la Super League en première instance.

Comment renforceriez-vous l'équipe en cas de promotion? Feriez-vous venir Mario Balotelli?
Nous ne faisons pas venir de stars, nous ne pouvons pas non plus nous les offrir. J'ai besoin de joueurs qui ont de l'attitude et une bonne vision du métier. Nous continuerons de toute façon sur cette voie, avec de jeunes joueurs affamés. Nous avons vécu une saison entière avec cet esprit d'équipe. Cela ne changerait pas en Super League. Et je suis convaincu que nous ne serions pas de la chair à canon dans l'élite. On ne croyait pas beaucoup au FC Winterthour, mais cette équipe fait mieux que tenir le coup.

N'avez-vous pas reçu d'offres de grands clubs au cours des derniers mois?
Grasshopper ne m'a pas appelé, si c'est ce que vous voulez savoir. Mais il était de toute façon clair que mon contrat serait prolongé si nous terminions parmi les cinq meilleurs. Je me réjouis maintenant de pouvoir poursuivre ce merveilleux voyage avec cette équipe.

Vous avez été promu avec YB, l'année dernière avec Bellinzone et maintenant, ça pourrait encore une fois être le cas avec Yverdon. Cette promotion serait-elle le plus beau moment de votre longue carrière d'entraîneur?
Ce serait certainement un très grand moment de ma carrière. Je suis un battant et, même à 61 ans, je me lève encore chaque jour plein d'énergie. J'aime les défis quotidiens et j'en ai besoin. Si je pouvais vivre ce succès dans la phase actuelle de ma vie, ce serait très spécial.

Ce serait une grande satisfaction pour vous personnellement?
Bien sûr. Mais je serais plus heureux pour les joueurs, pour les collaborateurs, pour la ville et pour cette région. Si l'on peut offrir de l'enthousiasme et voir les rires et la joie des gens, c'est pour moi plus beau que d'être soi-même mis en avant.

Votre carrière, votre vie sont est une succession de hauts et de bas.
C'est ainsi. La vie parfaite n'existe pas. Il y a quelques années, je tenais mon fils mort dans mes bras. Il n'avait qu'un an. A ce moment-là, j'ai plongé. Mais j'ai vite réalisé que la vie est trop courte pour sombrer dans l'apitoiement et l'amertume. Il faut regarder en avant et continuer à marcher. Il faut vivre avec la douleur et se battre. Je ne vois pas d'alternative à cette attitude.

Quel joueur incarne le mieux le développement miraculeux d'Yverdon?
Je devrais tous les citer. Mais si je dois en citer un, c'est Brian Beyer. Un footballeur de rue français qui a joué dans des ligues inférieures. Un mustang qui galope toujours en avant et qui veut foncer tête baissée. Nous avons dû l'apprivoiser un tout petit peu. Mais avec sa détermination farouche, il incarne parfaitement notre démarche.

De quoi vous réjouiriez-vous le plus après une promotion?
De tout. De tous les stades dans lesquels nous allons jouer. J'ai beaucoup d'amis et de souvenirs partout. A Berne, à Bâle, à Zurich. Tout ne s'est pas bien passé partout – le licenciement à Bâle fait encore mal. Mais je n'ai de comptes à régler nulle part et je peux retourner partout avec plaisir.

Vous avez maintenant 61 ans. Marco Schällibaum va-t-il entraîner encore quinze saisons?
Je me sens en forme et plein d'énergie. Le travail quotidien, c'est ma source d'inspiration. J'espère que cela durera encore un bon moment!

Challenge League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Thoune
FC Thoune
7
7
14
2
Etoile Carouge FC
Etoile Carouge FC
7
4
13
3
Neuchatel Xamax FCS
Neuchatel Xamax FCS
7
1
13
4
AC Bellinzone
AC Bellinzone
7
-1
11
5
FC Wil
FC Wil
7
1
8
6
FC Schaffhouse
FC Schaffhouse
7
1
8
7
FC Aarau
FC Aarau
7
-1
8
8
FC Vaduz
FC Vaduz
7
-5
8
9
FC Stade Nyonnais
FC Stade Nyonnais
7
-6
7
10
FC Stade-Lausanne-Ouchy
FC Stade-Lausanne-Ouchy
7
-1
6
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