Porté en triomphe par ses coéquipiers et ses amis, Brian Beyer craque. «Je n'ai pas réussi à retenir mes larmes, raconte avec pudeur le héros du soir pour Yverdon, une fois tous les chasseurs de selfies rassasiés. C'était trop d'émotions. Mes amis ont fait le déplacement pour me soutenir. Ils savent tous les sacrifices que j'ai faits, le long chemin parcouru.»
L'attaquant a marqué le but de la victoire dans le choc au sommet contre le grand rival, le Lausanne-Sport (1-0). Yverdon fonce vers un retour dans l'élite, 17 ans après sa chute.
Dans les fins fonds du football français
Brian Beyer crève l'écran en Challenge League à 26 ans, après des années de galère dans les ligues mineures. Il a signé son premier contrat pro à Yverdon début 2022. «Cela a changé ma vie. Avant, je devais bosser à côté. J'ai fait plein de métiers, de monteur d'échafaudages à livreur. J'étais obligé de travailler, tout en voulant à tout prix réussir dans le football.»
Une carrière qui commence en dixième division française, dans la région de Mulhouse. «Je jouais à Burnhaupt-le-Haut, mais je n'étais même pas retenu dans la première équipe. Ensuite, j'ai gravi les échelons un à un.»
La découverte du football pro
Son parcours sinueux le mène ensuite en Suisse via le modeste club jurassien du FC Bassecourt, puis Bienne, néo-promu en Promotion League (D3). «Je ne pouvais pas rêver d'un meilleur endroit qu'Yverdon pour devenir professionnel. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation. Je ne m'étais jamais entraîné le matin, d'habitude, c'était le soir pour moi, après la journée de boulot. Je ne suis jamais passé par un centre de formation, mais mon destin m'a amené là.»
Il ne manque que quatre points à Yverdon Sport pour être assuré de retrouver l'élite du football suisse, 17 ans après sa chute. Brian Beyer comptabilise 11 goals dans cette folle saison, dont 7 rien qu'en 2023. L'Alsacien contribue grandement à cette incroyable aventure vaudoise.
A mi-chemin entre Haaland et Vardy
«Sa frappe puissante nous offre les trois points et un derby si important, saluait son coéquipier Anthony Sauthier. On est très heureux pour lui et on ne peut que le remercier, le féliciter. Brian est un joueur imprévisible, même si parfois il s'éparpille un peu sur le terrain. On est aussi là pour l'aider à progresser.»
De par son engagement physique et ses longs cheveux blonds (peroxydés), il y a un petit air d'Erling Haaland chez Brian Beyer. De par son parcours dans les ligues amateurs, il fait aussi penser à Jamie Vardy. Ça tombe bien, cette équipe yverdonnoise 2022-2023 a du Leicester en elle.
Yverdon, «une équipe de revanchards»
«Même si ce n'est pas encore fait, on mérite de monter. Cette équipe d'Yverdon est composée de revanchards. Anthony Sauthier n'a pas été conservé par Servette. Kevin Martin n'a jamais eu sa chance à Lausanne. Il a profité d'une blessure pour gagner sa place ici et aujourd'hui, c'est l'un des meilleurs de la ligue. Ali Kabacalman est aussi passé du statut de remplaçant à celui de pilier. On a la dalle.»
Les performances de Brian Beyer attisent même les convoitises d'autres clubs. Le Français sait d'où il vient, mais pas encore où il va. «Je veux d'abord terminer le travail à Yverdon, profiter de ces moments avec l'équipe et nos supporters. Pour la suite, on verra.»
Réception de Thoune samedi prochain
YS pourrait être mathématiquement promu dès le 19 mai lors d'un déplacement à la Pontaise pour y affronter le Stade Lausanne Ouchy. Le week-end prochain, les Nord-Vaudois devront d'abord obtenir un résultat à domicile contre l'ambitieux FC Thoune.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 |  FC Thoune | 7 | 7 | 14 | |
2 |  Etoile Carouge FC | 7 | 4 | 13 | |
3 |  Neuchatel Xamax FCS | 7 | 1 | 13 | |
4 |  AC Bellinzone | 7 | -1 | 11 | |
5 |  FC Wil | 7 | 1 | 8 | |
6 |  FC Schaffhouse | 7 | 1 | 8 | |
7 |  FC Aarau | 7 | -3 | 8 | |
7 |  FC Vaduz | 7 | -3 | 8 | |
9 |  FC Stade Nyonnais | 7 | -6 | 7 | |
10 |  FC Stade-Lausanne-Ouchy | 7 | -1 | 6 |