La star du snowboard se confie
Pat Burgener: «J'ai voulu me suicider durant mon enfance»

Durant son enfance, Pat Burgener a pensé au suicide, mais il n'a été pris au sérieux nulle part. Le snowboard et la guitare lui ont redonné la joie de vivre.
Publié: 01.02.2024 à 10:13 heures
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Dernière mise à jour: 01.02.2024 à 11:31 heures
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Nicola Abt

Les ongles de Pat Burgener suscitent des questions dès les salutations. A-t-il perdu un pari? Ou s'ennuyait-il tout simplement? «Non, non, je me ronge souvent les ongles», avoue-t-il en riant. Pour y mettre fin, le Romand les peint. On y voit la lune, le soleil et les étoiles. «Je ne veux pas détruire mes 'œuvres d'art', alors je laisse mes ongles tranquilles.»

Pat Burgener est assis dans son appartement de Crans-Montana en Valais. C'est là qu'il vit en hiver. Son arrière-grand-père, qui était architecte, a jadis construit la maison en bois à deux étages juste à côté du départ des remontées mécaniques. «C'est pourquoi il est mon héros», dit Burgener en souriant. Un héros, c'est aussi ce qu'est Pat Burgener, un homme qui a surmonté un destin particulier. Un des meilleurs snowboarders du monde et un musicien en pleine ascension. Le Lausannois a sorti son premier album au printemps dernier et a déjà remporté deux fois la médaille de bronze aux championnats du monde de half-pipe.

Burgener est atteint de trouble de l'attention

Mais Burgener n'a pas toujours été chanceux et heureux dans la vie. Dès l'âge de huit ans, il rêve d'une carrière sportive. «Pour cela, on s'est moqué de moi pendant des années.» Il entend toujours les mêmes questions: «Et si tu te blesses? Si tu n'es pas assez bon?» Personne ne croit en un avenir couronné de succès pour le petit Pat. Même la famille nourrit des doutes. La raison: Pat est atteint de TDAH (trouble du déficit de l'attention/hyperactivité).

Pat Burgener rêvait d'une carrière sportive depuis son plus jeune âge.
Photo: Keystone
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Aujourd'hui, il appelle cela son «super pouvoir», mais à l'époque, il n'arrive pas à se concentrer à l'école et a du mal à lire. Après les pauses, il lui arrive de se présenter en classe avec 30 minutes de retard. «Je préférais jouer au foot ou au basket. J'étais un rebelle, un marginal.» Il est renvoyé de cinq écoles différentes, il souffre.

«Je voulais me suicider»

C'est à cette époque, entre huit et douze ans, qu'il développe des pensées sombres. «Je voulais me suicider.» Sa mère, Pauline Burgener (62 ans) une Libanaise d'origine, devait l'y aider: «Je lui ai dit de m'emmener sur un pont». C'est là qu'il a voulu se jeter dans le vide. Lorsqu'il en parle, Burgener semble étonnamment serein. Jusqu'à aujourd'hui, il n'a guère parlé de cette période avec sa mère et son père Hervé Burgener (61 ans). De temps en temps, il est confronté à son passé dans la vie quotidienne. «Lorsque je marche sur un pont et que je regarde en bas, je réalise à nouveau que j'ai voulu un jour sauter. Ce sont des moments très difficiles.»

S'il n'a jamais sauté, Pat Burgener le doit à ses parents. «Ils ont toujours été derrière moi.» Même lorsqu'à l'âge de 13 ans, il a déclaré de lui-même qu'il en avait fini avec l'école. «Je voulais vivre mon rêve de devenir snowboarder professionnel.» Il ne trouve toutefois un épanouissement complet que quelques années plus tard - dans la musique. Depuis, la guitare est, avec le snowboard, sa plus fidèle compagne, malgré des débuts difficiles. Dans le milieu du snowboard, le nouveau hobby de Pat suscite de sévères critiques. «Mes propres modèles traitaient ma musique de merde!»

Sa maman, Pauline Burgener, soutient Pat Burgener - ici à l'âge de cinq ans - même dans ses moments les plus difficiles.
Photo: ZVG

Pas de temps pour l'après-ski

Ce qui le frappe dans un premier temps, il l'utilise ensuite comme motivation et les commentaires négatifs finissent par se taire. Alors que ses concurrents en snowboard se reposent en été, Pat Burgener donne plus de 30 concerts en Europe en se déplaçant en bus électrique. Aucun chemin n'est trop long pour lui. «Je suis en mode survie tous les jours.»

Comme il n'a pas de diplôme de fin d'études, c'est soit sa carrière musicale, soit sa carrière sportive qui doit fonctionner. Il gère donc le quotidien avec une grande concentration. «Depuis que je suis petit, je donne tout pour réussir. Tout le reste passe au second plan - même une petite amie.»

Chaque soir, à Crans-Montana, le célibataire passe devant un bar d'après-ski pour se rendre à la salle de sport. Souvent, il voit des connaissances qui veulent l'encourager à boire un verre. «Je leur explique alors que j'ai d'autres objectifs dans la vie et je continue à marcher.» Si cela en vaut la peine financièrement? Burgener hausse les épaules. «Je n'ai aucune idée de l'argent que je possède.» Son frère aîné Marc-Antoine s'occupe de ses finances.


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