Seconde main en question
Non, racheter les habits de quelqu'un ne fait pas de vous un écolo

Deux récents rapports suggèrent que sous ses airs de solution écolo, le seconde main est devenu quasi aussi problématique que la fast fashion. La raison: la consommation en masse. Explications.
Publié: 13.09.2022 à 18:47 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2022 à 11:24 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Quand on dit «seconde main», on pense tout de suite à bien-être de la planète, ou éthique. Il semblerait d'ailleurs que cette philosophie se soit largement imprimée dans les consciences. Alors, assiste-t-on à la naissance d'une manière plus écologique de faire son shopping? Pas sûr, nous apprend le magazine de mode «NSS Magazine» sur la base de deux études.

Si opter pour de la seconde main permet de prolonger la vie d'un vêtement et favorise une économie circulaire, l'essor de cette nouvelle façon de consommer a également apporté son lot de problèmes.

La surconsommation du seconde main

Qu'on le veuille ou non, le boom des vêtements d'occasion à des prix attractifs a fini par alimenter le désir consumériste des potentiels acheteurs. Résultat: on finit par acheter et vendre des quantités de plus en plus importantes d'habits.

Le souci n'est pas le seconde main en tant que tel, mais plutôt la manière dont on le consomme.
Photo: Shutterstock

Selon un récent rapport de la plateforme de seconde main ThredUp cité dans le magazine, le marché des pièces d'occasion a augmenté trois fois plus vite que le première main!

L'étude précise également que d'ici quatre ans, le marché du seconde main connaîtra un boom de 127% et doublera son chiffre d'affaires, alors que la location de vêtements et la fast fashion, elles, resteront stables. Quant aux boutiques spécialisées, elles devraient perdre progressivement du terrain.

Le shopping en ligne: un plaisir addictif

Une recherche similaire menée la société de revente de luxe The Real Real fait la lumière sur une une autre problématique: le côté addictif des plateformes de revente.

À l'image des réseaux sociaux, sur les apps ou les sites de revente tout est à portée de quelques clics. Scroller, admirer, puis acheter n'a jamais été aussi facile.

L'entreprise précise d'ailleurs que depuis le début de la pandémie, l'achat et la revente sur le site a plus que doublé, preuve que le seconde main devient de plus en plus populaire.

Acheter et vendre des habits d'occasion en ligne a ainsi largement dépassé les frontières du plaisir et de la nécessité, se transformant en une nouvelle forme de consommation qui confine au compulsif.

Une solution devenue un problème

Bien qu'il y ait des avantages à acheter des vêtements d'occasion, comme la réduction du gaspillage d'eau ou des émissions de carbone, la consommation constante, même de vêtements usagés, peut malheureusement miner son impact positif potentiel.

Force est donc de constater qu'avec ses successions rapides de tendances, ses choix trop nombreux, ses invitations à satisfaire un besoin de nouveauté ou encore son appel à la surconsommation, la mode d'occasion revêt exactement les mêmes problématiques que la fast fashion. Et cette malheureuse constatation, personne ou presque ne l'avait vue venir. Alors, la solution ne serait-elle pas de consommer moins, tout simplement?

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