Un psychanalyste analyse une nouvelle tendance
«Dans le domaine du coaching, c'est le Far West!»

Pour de nombreuses personnalités, le passage à une activité de coach de vie est en plein essor. Mais ceux qui font appel à des soutiens psychologiques, parfois très utiles au demeurant, devraient s'informer du niveau de formation de leur coach, prévient un spécialiste.
Publié: 06.07.2022 à 22:00 heures
Patricia Broder

Des projecteurs à l'atmosphère plus intime des séances de coaching: de plus en plus de femmes suisses passent de la lumière à l'ombre en se lançant dans le métier de conseillère psychologique. La blogueuse alimentaire et ancienne présentatrice TV Nadja Zimmermann, par exemple, est désormais coach mentale. Une autre présentatrice TV connue de l'autre côté de la Sarine, Eva Wannenmacher, propose aussi du coaching psychologique dans son «laboratoire de la joie de vivre». L'ex-Miss Suisse Mahara McKay anime quant à elle des séminaires de tantra. Ce ne sont là que quelques exemples.

«En période d'incertitude, les gens cherchent un soutien»

Ce n'est pas un hasard si les domaines du coaching et des conseils sont en plein essor, surtout depuis la pandémie. «En période d'incertitude, les gens cherchent davantage de soutien ainsi que des réponses aux questions existentielles de la vie», explique le psychanalyste et coach zurichois Markus Fäh. Le besoin de faire appel à des experts se fait alors sentir. Ceux-ci aident les gens à résoudre des problèmes, ils les accompagnent ou leur montrent tout simplement comment vivre plus agréablement.

Le coaching offre une alternative d'accompagnement aux personnes qui ont peur d'une psychothérapie classique et de la stigmatisation qui y est liée. «Contrairement à une thérapie, le coach rencontre ses clients de manière plus amicale et les séances sont plus espacées. Quant elles ont lieu, elles peuvent être plus longues», précise Markus Fäh.

Le business du coaching est en plein essor. De plus en plus de personnalités suisses se tournent vers le métier de coach de vie: la présentatrice de télévision Eva Wannenmacher, par exemple, propose du coaching psychologique dans son «laboratoire de la joie de vivre».
Photo: Thomas Meier
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En matière de coaching, il faut distinguer deux orientations: le coaching d'affaires et le coaching de vie. «Le coaching d'affaires est le modèle classique et il est déjà établi depuis des années, continue Markus Fäh. Une présentatrice de télévision dont la carrière touche à sa fin devient conseillère en relations publiques ou en médias, un footballeur devient entraîneur, etc. C'est un modèle bien connu.»

Le marché du coaching de vie est en revanche beaucoup plus insaisissable. Cela s'explique surtout par le fait qu'il n'y a pas de limites à cette activité de conseil encore récente. On trouve de tout, partout. Du coaching culinaire au coaching en animaux domestiques, en passant par le coaching astrologique. «Aujourd'hui, on peut effectivement obtenir un soutien dans le domaine professionnel ou privé pour toutes le situations du quotidien», confirme Markus Fäh.

Le clients doivent bien se protéger

Le fait que ce soient justement des personnalités connues, comme des présentatrices ou des ex-Miss, qui se tournent vers le coaching n'étonne pas l'expert. «Les personnalités publiques qui apparaissent devant les caméras savent généralement bien parler et se présenter. Elles disposent d'un excellent réseau et savent comment se commercialiser», poursuit le Zurichois.

De plus, le terme de «coach» n'est pas protégé: «Tout le monde a accès à ce marché en plein essor.» Mais c'est justement là que réside le problème. «En Suisse, il n'existe ni condition d'admission définie ni formation reconnue pour les coaches. Dans le domaine du coaching, c'est pour ainsi dire le Far West», admet Markus Fäh. La qualité des prestations est en partie insuffisante, et c'est un vrai problème. C'est pourquoi les clients doivent bien se protéger.

Des formations pas toujours complètes

Pour trouver une offre de coaching sérieuse, l'expert conseille d'être attentif lors du premier entretien. «Demandez sans retenue à votre coach quelle est sa formation. S'il veut proposer un coaching global en tant qu'expert, rien ne vaut une formation psychologique sérieuse. Un coach qui n'est pas formé à l'identification des problèmes de personnalité et des modèles relationnels n'en est pas un», prévient Markus Fäh.

Sans connaissances psychologiques approfondies, le conseil reste en surface. Et le spécialiste de remettre en perspective la formation nécessaire: «Quelques cours pris le week-end ne suffisent pas à garantir des compétences psychologiques de base. Des études de psychologie, y compris une formation continue en psychothérapie, durent tout de même jusqu'à dix ans.»

Markus Fäh attire finalement l'attention sur un point important: un coaching professionnel peut aider à identifier certains problèmes à court terme et à les traiter individuellement, de façon ciblée. Mais si quelqu'un a le sentiment de ne plus pouvoir maîtriser sa vie, le psychanalyste lui conseille de recourir à une aide thérapeutique comme «la psychanalyse classique ou la psychothérapie».

(Adaptation par Thibault Gilgen)


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