Si les barrages d'accumulation sont vides à la fin de l'hiver, la Suisse risque de manquer d'électricité. Dans le pire des cas, le réseau sera coupé pendant quelques heures. Les habitants resteront alors dans le noir. Une majorité d'entre eux, en tout cas.
Car chez Ernst Oschwald et sa famille, on est du genre prévoyant. Dans leur foyer de Walterswil (SO), le réfrigérateur et la machine à laver fonctionneront même en cas de coupure de courant. La pompe à chaleur continue de fournir de l'énergie et l'extinction des feux n'est pas à l'ordre du jour.
Il faut dire qu'une installation solaire a été mise en place sur le toit de leur maison vieille de plus de 200 ans. Les 110 mètres carrés de surface solaire fournissent de l'énergie de manière fiable. Dans la cave se trouve une tour de batteries d'une capacité de stockage de 20 kilowattheures. En cas de black-out, l'installation passerait alors en courant de secours.
La batterie peut pallier une coupure du réseau
«Si le réseau électrique tombe en panne, nous ne le remarquons même pas, du moins pas immédiatement, explique Ernst Oschwald. Ce n'est que le soir que nous pourrions le voir, si l'éclairage public ne fonctionne pas ou si les voisins ne peuvent plus allumer la lumière par exemple.» La capacité d'endurance de son îlot électrique dépend de la saison et de la météo. «En été, nous sommes autosuffisants à 100%», assure le Soleurois.
Même en hiver, l'homme et sa famille ont de quoi être tranquilles. Pour que le courant vienne à manquer, il faudrait que son installation soit recouverte de neige ou que le ciel soit nuageux pendant de nombreux jours. «Grâce à la batterie, nous pouvons toujours surmonter une coupure du réseau de quatre ou huit heures», affirme-t-il.
Les installations solaires ne préviennent pas forcément d'un black-out
Heureux donc ceux qui ont une installation photovoltaïque? Pas si sûr. «Beaucoup de gens pensent qu'avec une installation solaire, ils sont à l'abri d'un black-out, explique David Stickelberger de l'association professionnelle Swissolar. Mais la plupart des installations dépendent d'une alimentation par le réseau, sinon elles ne fonctionnent pas du tout.»
Pour qu'une installation fonctionne en autarcie, il faut un onduleur hybride, qui permet au réseau domestique de se différencier du réseau électrique général. Et il faut une batterie performante. «Ainsi, un fonctionnement dit en îlot est possible même sans connexion au réseau», continue David Stickelberger. Avec certains systèmes, il est même possible d'avoir une alimentation de secours monophasée sans système de batterie, ce qui, selon lui, suffit à alimenter au moins quelques lampes.
Il n'existe pas de chiffres sur le nombre d'installations disposant d'une telle solution isolée. Le spécialiste estime qu'au maximum un tiers des propriétaires d'installations solaires disposent de ce système. «Toutefois, la demande de batteries est en nette augmentation», poursuit-il. Le marché du solaire est également en plein essor. Mais ceux qui veulent se prémunir seulement maintenant contre une pénurie d'électricité en hiver arrivent trop tard. Pour les installations solaires, le délai d'attente est actuellement d'un an.
«De la chance à l'état pur»
Ernst Oschwald souligne qu'il est passé au photovoltaïque au bon moment uniquement par chance. Il devait en effet remplacer son chauffage au gaz et s'est donc tourné vers les énergies renouvelables.
La direction du projet a été assurée par la coopérative d'auto-construction SolAar. En été, le Soleurois a mis en place l'installation avec ses fils. Elle a été mise en service en juillet. S'il produit plus d'électricité qu'il n'en utilise, son fournisseur lui verse une rémunération.
En cas de black-out, Ernst Oschwald invitera-t-il ses voisins à venir se réchauffer dans son salon? «Si quelqu'un veut passer parce qu'il est chez lui dans le noir et qu'il a froid, nous sommes ouverts», assure-t-il en souriant.