L'élu UDC Michaël Buffat
«Avec l'inflation, ce sont toujours les mêmes qui passent à la caisse»

L’inflation frappe la Suisse depuis de nombreux mois. Le conseiller national vaudois UDC Michaël Buffat s’indigne du manque d’action des autorités. Il appelle le gouvernement national à prendre des mesures rapidement. Interview.
Publié: 10.11.2022 à 06:21 heures
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Dernière mise à jour: 10.11.2022 à 08:40 heures
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Lauriane PipozJournaliste Blick

Le conseiller national UDC Michaël Buffat tape du poing sur la table. Alors que le Conseil d’Etat vaudois — désormais à majorité de droite — vient de dévoiler son programme de législature, lequel prévoit un quart de milliard de baisses d’impôt pour les ménages, le candidat malheureux à l’Exécutif cantonal exhorte le Conseil fédéral à s’activer lui aussi face à l’inflation.

Concrètement, l’élu demande aux sept Sages de «baisser les taxes», comme celle sur l’essence. Pour lui, «refiler la patate chaude aux entreprises» en leur demandant d’augmenter les salaires «n’est pas une bonne solution». Il s’explique. Interview.

Les hausses des coûts de l’électricité, des denrées alimentaires et de la santé sont-elles encore supportables pour la population?
Non. La population suisse perd son pouvoir d’achat: une inflation de près de 3.5% pèse forcément sur le porte-monnaie. Et en particulier sur celui de la classe moyenne, cette catégorie de la population qui est touchée de plein fouet par les impôts et ne reçoit pas de subventions.

L'UDC Michaël Buffat estime que le gouvernement ne fait pas assez pour soulager la population face à l'inflation.
Photo: Keystone

N’a-t-on pas déjà été assez loin?
Nous devons alléger les impôts. De plus, le Conseil fédéral doit intervenir pour diminuer les taxes, comme celles sur l’essence par exemple. D’autres pays, comme la France, l’ont déjà fait. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire de même? Il n’y a aucune raison.

Devons-nous vraiment nous inspirer de nos voisins? Le gouvernement français verse aussi un chèque de 100 euros aux plus nécessiteux. En Suisse, le Parti socialiste envisage de subventionner ceux qui souffrent le plus de l’augmentation des prix.
Dans ce cas-là, il faut peser le pour et le contre. Dès que la moindre difficulté apparaît, la gauche propose systématiquement la même solution: donner de l’argent. Mais l’Etat ne peut pas inventer les montants qu’il distribue! Au bout de la chaîne, des personnes passent à la caisse. Et ce sont toujours les mêmes.

De qui vous parlez?
Ce sont les citoyens, par le biais des impôts, ou les générations futures si le pays s’endette. Nous ne pouvons pas indéfiniment prendre les billets dans la poche de certains Suisses pour les mettre dans la poche des autres. Cela ne règle en rien les problèmes de fond.

Cet allègement des impôts va surtout soulager le porte-monnaie des personnes plus aisées… Seules les personnes fortunées méritent qu’on les aide?
Les allégements dont je parle profitent à tout le monde. Bien sûr, ceux qui ne paient pas d’impôts n’en paieront toujours pas.

Mais que dire à la mère célibataire de 40 ans, qui a deux enfants et n’arrive pas à joindre les deux bouts?
C’est la raison pour laquelle il faut travailler sur la levée des taxes en complément. Cette mère de famille doit forcément chauffer son appartement. Une facture d’énergie moins lourde la soulagerait. En outre, elle doit peut-être prendre la voiture tous les jours pour se rendre au travail, amener son garçon au foot ou sa fille à la danse. Une suspension de la taxe sur l’essence améliorerait sa situation.

Les voitures consomment des énergies fossiles, que nous achetons à l’étranger. Le problème de l’inflation est justement lié aux fluctuations des prix à l’international. En réduisant ces taxes, ne risque-t-on pas d’encourager l’utilisation de voitures polluantes, et d’accentuer notre dépendance à l’étranger?
Certaines personnes ont besoin de leur véhicule. Quand on habite un endroit excentré, comme le Pays-d’Enhaut par exemple, la mobilité individuelle est nécessaire. Prenons un exemple. Je travaille à Berne. En voiture, mon temps de trajet est de 50 à 55 minutes. Alors que si je prends les transports publics, il me faudra plus de 2 heures.

Le trajet est contraignant… mais possible. Ne pourrait-on pas imaginer un système hybride, même si ce n’est pas la volonté affichée par votre parti, afin de réduire le temps de déplacement tout en limitant la mobilité individuelle?
Tout à fait. La politique est faite de compromis. Nous devons discuter pour parvenir à un accord. La gauche s’attaque souvent à la problématique des transports publics. En revanche, nous avons une meilleure vision sur la mobilité individuelle. Et nous disons qu’il faut freiner de toute urgence le prix à la pompe.

Ces taxes pèsent bien sûr sur le prix à la pompe. Mais une partie d’entre elles va au développement des énergies renouvelables. Celles-ci sont en grande partie produites sur notre territoire. Ne devrions-nous pas miser sur elles?
Encore faut-il investir cet argent au bon endroit. Encourager la mise en place de panneaux solaires est par exemple une bonne solution. Mais ce n’est pas la peine de prendre ce montant si c’est pour défigurer le paysage en faisant pousser 50’000 éoliennes qui ne produisent trois fois rien.

Revenons au pouvoir d’achat. Pour le renforcer, le Conseil fédéral a pris une seule mesure: demander aux entreprises d’augmenter les salaires. Ce n’est pas suffisant?
Refiler la patate chaude aux entreprises n’est pas une bonne idée. Leurs comptes aussi sont saignés par la hausse du prix des charges. Pensez au boulanger, qui a vu sa facture d’électricité se multiplier. Comment pourrait-il offrir une meilleure paie à ses salariés tout en continuant de proposer du pain à un prix concurrentiel? C’est un non-sens. L’Etat doit prendre les difficultés à bras-le-corps. Comme celle des coûts de la santé, qui ne font que prendre l’ascenseur.

Et les subventions permettent justement de soulager rapidement ceux qui ne peuvent plus payer leur assurance.
Il y a des raisons à cette augmentation: on ne peut pas se contenter de mettre un pansement en arrosant certains au détriment des autres. Le vieillissement de la population impacte le budget des assurances.

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