Mauvais goût ou récupération du PS?
Une affiche de l'UDC fait hurler les socialistes

Frustrée de l'acceptation du National de la candidature suisse au Conseil de sécurité de l'ONU, l'UDC a publié une affiche de pierre tombale pour symboliser la mort de la neutralité suisse. «Répugnant» en pleine guerre en Ukraine, selon le socialiste Roger Nordmann.
Publié: 10.03.2022 à 17:25 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2022 à 17:28 heures
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Le Conseil national n’a pas entendu les protestations de l’UDC contre la candidature suisse au Conseil de sécurité de l’ONU. Par 125 voix contre 56, il a réitéré son soutien au Conseil fédéral, confirmant le dossier déposé en 2011 et sur lequel les Nations unies seront amenées à statuer cet été en vue d’un mandat non permanent de deux ans.

L’UDC étant seule à s’y opposer, l’issue était attendue. Le parti conservateur avait logiquement anticipé ce dénouement et a publié du matériel de communication sitôt l’impasse au Parlement actée. Comme souvent, c’est avec une image choc que le premier parti du pays a affirmé son opposition.

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Un ressort connu, mais qui fonctionne: le chef du groupe socialiste Roger Nordmann a aussitôt dégainé, arrosant le réseau social de messages enflammés. Pour le conseiller national vaudois, utiliser une tombe en pleine guerre en Ukraine est «infâme»: «Cette affiche est une insulte aux victimes de la guerre de Poutine», écrit-il.

Roger Nordmann juge le visuel de l'UDC «répugnant».
Photo: Keystone

Une extrapolation internationale mais aussi… cantonale. Pour Roger Nordmann, les alliés de l’UDC en vue des élections cantonales vaudoises — dont le premier tour a lieu dimanche 20 mars — doivent condamner cette affiche s’ils ne la cautionnent pas.

Une question de valeurs

N’est-ce pas un raccourci de passer de l’ONU à un scrutin vaudois? «Les élections, c’est le moment où l’on choisit les partis et les valeurs qui vont avec, rétorque le conseiller national socialiste. Les actions des partis mettent en évidence leurs valeurs. Or, après avoir, au nom d’une neutralité mal comprise, refusé de sanctionner le régime de Poutine, l’UDC se pose en seule gardienne de cette neutralité en voulant empêcher l’accès de la Suisse au Conseil de sécurité», estime Roger Nordmann.

Prenons le socialiste, qui demande des comptes aux candidats qui font liste commune avec l’UDC, au mot: qu’en pense Frédéric Borloz? «Si nous avions les mêmes positions sur tous les sujets, nous ne formerions qu’un seul parti, se défend le libéral-radical. Il y a des sensibilités différentes, mais nous avons beaucoup discuté avec le candidat UDC Michaël Buffat, et ses positions sont tout à fait compatibles avec les nôtres.»

Le conseiller national PLR ajoute qu’il faut «prendre du recul» par rapport à cette communication de l’UDC. «Ce parti a l’habitude de publier des affiches caricaturales et plutôt marquantes. Si nous n’étions pas en pleines élections vaudoises, nous n’en aurions même pas parlé.»

Pas de vrai débat?

Cette transposition sur le terrain cantonal fait ricaner le camp UDC. Le vice-président cantonal Yohan Ziehli estime que l’instrumentalisation ne vient pas de son camp avec la pierre tombale, mais bien de Roger Nordmann. «Utiliser des morts civiles pour gagner une élection cantonale, c’est toucher le fond», dénonce le Vaudois, lui-même candidat au Grand Conseil.

En parlant de fond, Yohan Ziehli regrette qu’un «vrai débat» n’ait pas pu avoir lieu sous la Coupole au sujet de cette candidature suisse au Conseil de sécurité de l’ONU. «Si Roger Nordmann avait accepté un débat, il ne confondrait pas les sanctions prononcées par l’Union européenne et cette candidature aux Nations unies…»

Le vice-président de l’UDC est chagriné par le fait que, si la candidature suisse venait à aboutir, le Conseil fédéral aurait une carte blanche pour entrer dans des conflits militaires sans que le peuple ou le Parlement ne soient consultés. «Cela me paraît d’autant plus surprenant venant d’un parti, le PS, dont le programme comprend encore la suppression de l’armée», persifle Yohan Ziehli.

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