Le secteur s'enraye
La neutralité de la Suisse met son industrie de l'armement sous pression

L'industrie suisse de l'armement est nerveuse. De plus en plus de partenaires étrangers ne comptent plus sur le pays et lui tournent le dos. La faute à la neutralité historique de la Confédération.
Publié: 10.07.2023 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2023 à 06:47 heures
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Raphael Rauch

La neutralité suisse fait de la Confédération un partenaire commercial compliqué pour les pays étrangers. Rien que la semaine dernière, les Pays-Bas ont annoncé qu'ils n'achèteraient plus de matériel militaire à la Suisse.

Et le groupe d'armement allemand Rheinmetall préfère désormais investir sur son territoire plutôt que dans le canton d'Uri, où il est également implanté: «Rheinmetall respecte la neutralité de la Suisse. Mais celle-ci nous laisse une marge de manœuvre limitée en matière d'exportation», explique le groupe. «Nous ne considérons pas que les emplois existants sont actuellement en danger. Mais dans un premier temps, nous avons dû mettre de côté les projets d'extension de nos sites suisses.»

Concrètement, cela signifie que «la fabrication de munitions de moyen calibre n'a pas eu lieu en Suisse, mais en Allemagne. En juillet 2023, la production de munitions pour des calibres de 20 à 35 millimètres sera lancée sur le site allemand d'Unterlüss» poursuit le groupe.

Le groupe Rheinmetall investit plutôt sur son marché local allemand
Photo: imago/sepp spiegl
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La Suisse est de plus en plus isolée

Un projet à Bruxelles suscite par ailleurs une certaine nervosité en Suisse. 500 millions d'euros du budget de l'UE doivent être injectés afin de reconstituer les stocks de munitions. Jeudi, la présidence espagnole du Conseil de l'Europe a donné son accord, mais tous les Etats membres et le Parlement européen doivent encore l'approuver.

Interrogée par Blick, Bruxelles a confirmé que la Suisse pourrait ne pas profiter de ces fonds. Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem – l'association pour les PME et les grandes entreprises de l’industrie technologique suisse –, s'indigne: «L'industrie suisse de la sécurité et des techniques de défense perd de plus en plus son marché le plus important et sa raison d'être.»

Stefan Brupbacher estime que la sécurité de la Suisse est également en danger: «Sans base industrielle, les systèmes de l'armée suisse ne peuvent pas rester opérationnels. Et sans coopération avec des pays amis, la Suisse ne peut pas non plus compter sur leur soutien en cas d'urgence.»

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