La sextorsion est en hausse
Les enfants et les adolescents sont de plus en plus dans la ligne de mire des cybercriminels

Les victimes de cyberdélits sexuels ont pour la plupart moins de 20 ans. Une campagne de l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant vise à informer les parents et les jeunes sur les dangers tels que les deepfakes et à leur fournir des stratégies de protection.
Publié: 27.08.2024 à 09:06 heures
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Sara Belgeri

Une photo anodine du quotidien peut suffire à monter un visage sur un corps nu. De tels deepfakes, c'est-à-dire des photos et des vidéos manipulées par l'intelligence artificielle, sont désormais très bien faits. Si bien qu'il est presque impossible de distinguer les images réelles des images falsifiées. Les deepfakes sont de plus en plus fréquents en Suisse, y compris le matériel pédocriminel.

«Nous conseillons aux parents et aux jeunes de ne pas poster d'images facilement accessibles sur Internet», explique Regula Bernhard Hug, responsable du bureau de l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant. En effet, on ne sait jamais qui va enregistrer, voler ou diffuser une image. «Mais certains parents continuent de télécharger sans retenue des photos de leurs enfants». Il est impossible de prévoir ce qu'il pourrait arriver de ces photos.

Une campagne de sensibilisation doit aider

Les deepfakes sont entre autres de plus en plus souvent utilisés abusivement pour ce qu'on appelle la sextorsion – c'est-à-dire le chantage par le moyen de photos et vidéos intimes. Selon Bernhard Hug, le centre d'alerte clickandstop.ch, géré par l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant et la Fondation Guido Fluri, a enregistré en 2023 une forte augmentation des demandes relatives à la sextorsion. Elles représentaient environ la moitié des renseignements et des consultations.

Les cyberdélits sexuels commis sur des enfants sont en augmentation, c'est pourquoi l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant a lancé une campagne de sensibilisation.
Photo: Getty Images
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Pour sensibiliser, l'Association Suisse pour la Protection de l'Enfant a donc lancé une campagne contre les cyberdélits sexuels commis sur des enfants et des adolescents. Pour ce faire, la fondation s'est associée à l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), à la Prévention Suisse de la Criminalité (PSC), à la police, à Fedpol et à d'autres partenaires. La campagne a pour but d'informer et d'indiquer des stratégies de protection.

De nombreux enfants et adolescents concernés

«De nos jours, presque chaque enfant est confronté tôt ou tard au harcèlement sexuel sur le net», explique Bernhard Hug. En effet, dans une étude de la ZHAW, un jeune et un adolescent sur deux indiquent avoir déjà été harcelés sexuellement en ligne.

Mais les cyberdélits sexuels touchent aussi surtout les enfants et les adolescents. Il s'agit par exemple d'images de violences sexuelles sur des enfants, de cybergrooming ou de sextorsion. Un coup d'œil sur les statistiques criminelles actuelles de la police montre que 85% des victimes de ces délits ont moins de 20 ans.

Le nombre de cas non recensés est important

L'année dernière, 2611 délits cybersexuels ont été enregistrés. Mais ces chiffres doivent être considérés avec prudence, selon Bernhard Hug. «En effet, beaucoup ne vont même pas à la police». La peur et la honte sont trop grandes. Les chiffres du National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC) indiquent également que le nombre de cas non recensés est important. L'organisation américaine de protection de l'enfance a transmis l'année dernière à Fedpol 14'420 cas de soupçons de pédocriminalité ayant un lien avec la Suisse.

Regula Bernhard Hug conseille aux personnes concernées par des délits cybersexuels de s'adresser impérativement à des services d'annonce et de conseil comme clickandstop.ch et à la police. «Il faut absolument en parler». Et aussi sur le fait que tout ce que l'on voit n'est pas réel. Bernhard Hug conseille également aux parents de parler de tels sujets avec leurs enfants. «De manière à ce qu'ils sachent qu'ils peuvent se confier à eux», précise-t-elle.

«La société et la politique sont en retard sur la technologie», déclare Regula Bernhard Hug. C'est pourquoi il est d'autant plus important, selon lui, de parler de sujets tels que les cyberdélits sexuels. Et de sensibiliser sans cesse à ce sujet.

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