La réponse de On aux critiques
«Les ouvriers touchent beaucoup plus que le minimum légal»

La marque suisse On, connue pour ses chaussures de sport, a récemment fait les gros titres en raison de ses marges excessives. Une pétition réclame plus de transparence à propos des salaires versés sur les sites de production de On au Vietnam. La marque se défend.
Publié: 07.02.2024 à 19:58 heures
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Dernière mise à jour: 07.02.2024 à 21:48 heures
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Jean-Claude Raemy

Le début de l'année 2024 a été tout sauf réjouissant pour la marque suisse de chaussures de sport On. Tout d'abord, les marges ont été dévoilées, montrant à quel point la firme payait peu les producteurs au Vietnam, alors que les clients devaient débourser des sommes importantes pour s'offrir une paire de chaussures. Peu après, l'organisation Swissness Enforcement s'est plainte de l'utilisation de la croix suisse sur les chaussures.

D'autres ennuis menacent désormais la marque. Campax, le «plus grand mouvement de citoyens suisses» selon ses propres dires, a déposé une pétition à l'attention de la direction de On. Sa revendication: l'équité et la transparence des salaires dans la chaîne de production de la firme.

Jusqu'à 77% de plus que salaire minimum

Campax s'insurge contre les «salaires de subsistance» que l'entreprise verse aux fabricants de chaussures au Vietnam, et qui seraient selon Public Eye de l'ordre de 120 à 170 francs par mois.

Belles, mais chères – et fabriquées à bas prix. Les chaussures On sont au cœur d'une polémique.
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Jusqu'à présent, la firme n'avait rien communiqué sur ces salaires. Mais à la demande de Blick, la porte-parole de On, Alexandra Bini, est sortie du silence. «Contrairement à ce que les médias ont récemment rapporté, nos principaux fournisseurs au Vietnam ont payé leurs employés bien plus que le minimum légal l'année dernière, en moyenne près de 40% de plus.» Ce chiffre atteindrait même les 77% en tenant compte des prestations spéciales et de la rémunération des heures supplémentaires.

Les fournisseurs doivent en outre s'engager à respecter un code de conduite spécial qui garantit la sécurité économique des travailleurs dans la chaîne d'approvisionnement. Rien qu'au Vietnam, la firme suisse compte une quinzaine de ces fournisseurs. 

Environ 205 francs de salaire

La marque ne communique pas de chiffres plus précis. Mais il est tout de même possible de dresser un tableau des salaires: au Vietnam, les rémunérations minimales varient en fonction du lieu de travail. Elles oscillent entre 3,25 millions de dongs (environ 116 francs) et 4,68 millions de dongs (167 francs), pour une valeur moyenne de 147 francs. Si l'on y ajoute 40%, on arrive donc à un salaire de 205 francs. Avec 77% de plus, la rémunération s'élève à 260 francs.

Mais est-ce bien suffisant? Le salaire moyen au Vietnam est de 620 francs par mois et il permet de vire décemment. Citant les chiffres de la coalition syndicale «Asia Floor Wage Alliance», le mouvement citoyen Campax évoque une valeur indicative de 450 francs par mois. Les salaires de On en sont donc très éloignés. Toujours est-il qu'à partir du 1er juillet 2024, les salaires minimums au Vietnam seront augmentés de 6%. La firme suisse devrait suivre le mouvement.

Le salaire versé aux fabricants vietnamiens contraste en outre fortement avec les 83,6 millions de francs que les cinq membres de la direction de On se sont octroyés en 2021. Ou, comme l'a calculé Campax, environ 7600 fois plus par jour que les ouvriers des usines au Vietnam. Campax appelle On à pratiquer une forme de «durabilité sociale» et à faire preuve de transparence sur les salaires. En moins d'un jour, la pétition du mouvement citoyen a déjà recueilli près de 4400 signatures.

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