«Inéligible» en tant que conseiller fédéral
La plus grande association militaire ne veut pas de Jon Pult

Considéré comme «anti-armée», Jon Pult se voit barrer la route du Conseil fédéral par la plus grande association militaire de Suisse. D'autant que le contexte sécuritaire actuel est tendu avec les guerres en Ukraine et au Proche-Orient.
Publié: 08.12.2023 à 06:14 heures
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Dernière mise à jour: 08.12.2023 à 17:18 heures
Daniel Ballmer

L'armée n'oublie rien. Le candidat PS au Conseil fédéral Jon Pult est et restera inéligible pour l'Association des sociétés militaires suisses (ASM). D'autant plus dans une situation sécuritaire aussi tendue avec la guerre en Ukraine et le conflit au Proche-Orient. «L'opposant à l'armée, connu dans toute la Suisse», serait, en tant que conseiller fédéral, co-responsable de la sécurité de la Suisse. Pour le président de l'ASM, Stefan Holenstein, ce serait «tout simplement invraisemblable».

L'association militaire appelle donc publiquement le Parlement à ne pas élire le Grison lors de l'élection du Conseil fédéral du 13 décembre. Le programme du parti socialiste, qui vise continuellement la suppression de l'armée, n'est pas la seule épine dans le pied des officiers. Dans ce cas, l'ASM devrait également faire feu contre le président du gouvernement bâlois Beat Jans. Mais Jon Pult risque plutôt d'être rattrapé par son passé personnel.

Lutte contre l'engagement de l'armée

Les officiers n'ont pas oublié qu'en 2006, alors qu'il n'avait que 21 ans, Jon Pult s'était opposé à l'engagement de l'armée au Forum économique mondial de Davos (GR) en tant que membre du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA). Le soldat grison avait exigé que l'armée n'assume pas de tâches policières.

Par le passé, le conseiller national PS Jon Pult s'est plusieurs fois montré critique envers l'armée. Pour la Fédération des sociétés militaires suisses, il n'est donc pas éligible au Conseil fédéral.
Photo: Philippe Rossier
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Le fait que Jon Pult ait lutté en 2006, en tant que membre du Comité des soldats, contre les engagements de l'armée au Forum économique mondial WEF est une épine dans le pied des officiers.
Photo: Zvg

Et ce n'est pas tout: lors du débat parlementaire sur l'augmentation du budget de l'armée il y a un an, le vice-président du PS l'avait qualifiée de «non-sens complet», s'indigne l'ASM dans un communiqué, et ce, en pleine guerre d'Ukraine. À l'époque, Jon Pult avait plutôt plaidé pour investir dans l'approvisionnement en énergie renouvelable plutôt que dans l'armée.

Le Parlement doit assumer sa «responsabilité politique»

Jon Pult est «dans le sillage des partisans de l'abolition de l'armée», conclut Stefan Holenstein. Une éventuelle élection au gouvernement fédéral serait tout simplement inacceptable. C'est pourquoi l'association militaire, qui compte environ 100'000 membres, en appelle à la «responsabilité politique» de l'Assemblée fédérale et déconseille donc l'élection du Socialiste grison.

Dans le pire des cas, Jon Pult pourrait reprendre le Département de la défense (DDPS) à la place du Département de l'intérieur d'Alain Berset, qui se libère, annoncent les officiers. Toutefois, il n'y a aucun signe d'un tel changement.

Stefan Holenstein et ses camarades ne veulent en aucun cas d'un représentant au Conseil fédéral qui «sape en permanence les efforts constants des formations de milice et des personnes servant dans l'armée et la protection civile pour la sécurité et de la liberté de notre pays». C'est actuellement qu'il ne faut pas tenter des expériences en matière de politique de sécurité au sein de la plus haute autorité du pays.

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