Photographe molesté par la police à Genève
«J'ai reçu deux coups de la police dans le dos»

Jeudi, les forces de l'ordre ont délogé des squatteurs. Au cours de leur intervention, un député et un photographe de presse auraient reçu des coups. Le professionnel de l'image se livre en primeur à Blick.
Publié: 10.02.2023 à 12:58 heures
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Dernière mise à jour: 10.02.2023 à 15:54 heures
Geoffroy Brändlin

C'est la polémique du moment, à Genève. Alors que la police s'apprêtait à déloger des squatteurs dans le quartier des Pâquis, le photographe Steeve Iuncker et le député d'Ensemble à Gauche Jean Burgermeister auraient été molestés.

Le premier, envoyé sur les lieux par la «Tribune de Genève», assure ce vendredi matin à Blick avoir été brutalisé. Il nous raconte au téléphone, et en primeur, ce qu'il a vécu la veille. Mais il nous prévient d'abord qu'il n'a «pas envie d'être le porte-drapeau d'une lutte anti-policière»: «Je tiens à dire que cet acte est isolé, d'un seul membre des forces de l'ordre.»

Carte de presse jetée

D'une voix calme, il déroule les événements: «J'étais placé entre le cordon policier et les manifestants, comme à mon habitude lorsque je couvre une intervention de ce type. Quand les forces de l'ordre ont avancé pour les disperser, j'ai reçu deux coups forts dans le dos.»

Le photographe de la «Tribune de Genève» se livre en primeur à Blick.
Photo: Keystone

De poings ou de matraque? «De tonfa. C'est un bâton. Les policiers s'en servent pour pousser. J'ai montré ma carte de presse à l'agent et c'est sa réaction, davantage que les coups, qui m'a beaucoup marqué. Il l'a jetée par terre et m'a dit qu'il n'en avait 'rien à foutre'.»

Steeve Iuncker est choqué par cette agressivité, qu'il qualifie de surprenante. «Je ne m'attendais pas à être identifié comme une menace. Je faisais juste mon travail. La presse a le devoir d'informer sur l'actualité.»

Policier pas identifié

Le photographe du bout du Léman affirme s'être rendu vers l'un des gradés en charge de l'opération policière peu après l'intervention. Ce dernier lui aurait alors assuré qu'il ordonnerait à ses agents de «faire remonter sa carte de presse». Sésame qu'il n'aurait, à l'heure actuelle, toujours pas pu récupérer, insiste-t-il.

Ce responsable lui aurait par ailleurs demandé de dénoncer le policier supposément fautif. Chose que le reporter ne peut pas faire «parce qu'il n'a pas remarqué de numéro de matricule sur les uniformes». A froid, Steeve Iuncker relativise. Et souffle: «Il n'y a pas mort d'homme, je n'ai pas été tabassé.»

Contacté pour livrer sa version des faits, le porte-parole de la police genevoise, Alexandre Brahier, déplore des dégâts à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de francs causés par des jets de peinture et de nourriture sur les tenues des agents. Il affirme en outre qu'«une enquête de l'inspection générale a déjà été ouverte. Mais à ma connaissance, les sommations ont été faites. Elles s'adressaient à tout le monde.»

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