La chronique de Philippe Nantermod
Le beurre, l’argent du beurre et le prix de l’électricité

Le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod, membre de notre équipe de chroniqueurs, revient cette semaine sur la polémique autour de l’augmentation des coûts liés à l'énergie et à la santé, entre autres.
Publié: 14.09.2023 à 13:01 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2023 à 13:31 heures
Philippe Nantermod

Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. Si cette citation de Bossuet est probablement inventée, elle frappe fort. En français courant, on dit plutôt vouloir le beurre et l’argent du beurre. Et en la matière, nous devenons champions toute catégorie, particulièrement quand vient la saison des élections.

De ceux qui bondissent à l’annonce des hausses des primes maladies, combien ont voté la main sur le cœur pour des soins infirmiers forts? Combien se sont réjouis de l’élargissement du catalogue de l’assurance obligatoire des soins aux psychothérapies ou aux «médecines» alternatives? Combien exigent un accès à la santé partout, tout le temps, gratuit? Ce qu’on dépense d’un côté, on le paie de l’autre. 

Et parmi les Valaisans qui s’horrifient devant l’explosion de la facture d’électricité, combien ont rejeté la construction de parcs solaires alpins? Pas de nucléaire, pas de parcs solaires, pas d’éolien. Reconnaissons que les Vert-e-s valaisans ont, pour une fois, fait preuve d’une forme de cohérence en revendiquant dimanche, après le scrutin, que l’on baisse le chauffage et réduise les trajets en voiture. Difficile toutefois d’imaginer qu’une majorité adhère à ce programme. 

Notre chroniqueur Philippe Nantermod s'interroge: parmi les Valaisans qui s’horrifient devant l’explosion de la facture d’électricité, combien ont rejeté la construction de parcs solaires alpins?
Photo: keystone-sda.ch

Et quid de l’inflation? Après quinze ans à faire tourner la planche à billet pour soutenir l’euro et le dollar et un carnaval de dépenses publiques illimitées pour soutenir à bras le corps les victimes de la pandémie – souvenez-vous du «quoi-qu’il-en-coûte» –, on s’étonne que revienne ce mal qu’on croyait oublié: l’inflation. Mais on trouve évidemment des candidats par dizaines qui proposent le contrôle des prix, la dépense publique sans compter et même la planche à billets. 

Prendre les élus pour des magiciens, c’est se condamner à de grandes déceptions. Le prix de l’électricité explose parce qu’on ne produit pas assez alors que la demande croît. Les primes-maladie explosent parce que les dépenses de santé suivent le même rythme. L’inflation est la conséquence d’une économie dopée, artificiellement poussée par des solutions de facilité. 

On aimerait tous le beurre et l’argent du beurre. À trop suivre ce vœu, on risque de n’avoir ni l’un, ni l’autre.

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