Radioactives et controversées comme les bombes à fragmentation
Les Etats-Unis fournissent pour la première fois des munitions à l'uranium à l'Ukraine

Les Etats-Unis livrent pour la première fois à l'Ukraine des munitions antichars à l'uranium. Ces armes sont considérées comme très controversées, tout comme les armes à sous-munitions livrées récemment. Moscou est en colère, même si probablement, elle en possède aussi.
Publié: 02.09.2023 à 17:58 heures
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Dernière mise à jour: 02.09.2023 à 19:03 heures

Les Etats-Unis prévoient de fournir pour la première fois à l'Ukraine des grenades à l'uranium appauvri. C'est ce que rapporte en exclusivité l'agence de presse Reuters en se référant à des documents et sources confidentiels.

Récemment, Washington avait déjà donné son feu vert à la livraison de bombes à fragmentation à Kiev. Des munitions antichars devraient également être livrées prochainement pour la première fois. Toutes ces armes font polémique en raison de leur radioactivité.

Les munitions antichars font partie d'un paquet d'aide militaire pour l'Ukraine qui doit être présenté la semaine prochaine. Ces munitions peuvent être tirées par des chars américains Abrams. Ceux-ci devraient par ailleurs être livrés à l'Ukraine dans les semaines à venir.

Après la Grande-Bretagne, les Etats-Unis vont à leur tour livrer des projectiles à l'uranium à l'Ukraine: des munitions radioactives et vivement controversées.
Photo: Keystone

Moscou met en garde

Moscou a vivement mis en garde l'Occident contre la livraison de munitions contenant de l'uranium. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, s'est dernièrement alarmée de la menace de radiation du sol. L'utilisation de telles armes transformera l'Ukraine en «terre inhabitable».

Il n'est pas exclu que les forces armées russes utilisent ainsi ces munitions, comme les bombes à fragmentation, dont la livraison a été vivement critiquée par le Kremlin. Selon Hamish de Bretton-Gordon, colonel à la retraite de l'armée britannique et commentateur régulier des forces du Kremlin, l'uranium appauvri est également «abondamment utilisé» par les Russes, selon cet expert en armes chimiques.

Cela «n'aurait aucun sens s'ils ne l'utilisaient pas en Ukraine», a déclaré de Hamish Bretton-Gorden au magazine «Newsweek» en mars. Selon lui, ces armes constituent «une partie importante de leur arsenal».

Une arme controversée

La Grande-Bretagne a déjà envoyé en mars des munitions à l'uranium appauvri en Ukraine. Moscou s'était déjà montrée indignée à l'époque. L'utilisation de ces projectiles est vivement contestée. Les opposants mettent en garde contre les risques sanitaires dangereux liés à l'ingestion ou à l'inhalation de poussières d'uranium appauvri, notamment des cancers et des malformations congénitales.

L'uranium appauvri est un sous-produit de l'enrichissement de l'uranium. Il a été utilisé pour la première fois par les nazis pendant la guerre en 1943. L'uranium est utilisé pour les munitions, car son extrême densité confère aux projectiles la capacité de traverser facilement les blindages et de s'enflammer spontanément dans un nuage brûlant de poussière et de métal.

L'uranium appauvri est certes radioactif, mais nettement moins que l'uranium naturel, même si les particules toxiques peuvent rester longtemps dans l'air.

Des opérations de nettoyage difficiles

Les Etats-Unis avaient déjà utilisé cette munition en grande quantité lors des guerres du Golfe de 1990 et 2003 ainsi que lors du bombardement de l'ex-Yougoslavie par l'OTAN en 1999.

Des études menées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont ensuite conclu que les résidus d'uranium appauvri dispersés dans l'environnement ne présentaient aucun risque radiologique pour la population des régions concernées.

On craint toutefois que les matériaux radioactifs n'aggravent encore les travaux de nettoyage d'après-guerre en Ukraine. De vastes zones du pays sont déjà parsemées d'engins non explosés provenant de bombes à fragmentation, d'autres munitions ainsi que de centaines de milliers de mines antipersonnel.

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