L'économiste Jan-Egbert Sturm
«Il faudra encore quelques mois pour dépasser les pénuries»

Que se cache-t-il derrière la pénurie d'approvisionnement qui ralentit la production dans le monde entier et provoque la frustration des consommateurs? Réponses de l'économiste Jan-Egbert Sturm.
Publié: 14.10.2021 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 14.10.2021 à 06:09 heures
Christian Kolbe

Peu de personnes connaissent et comprennent l’économie mondiale aussi bien que le Néerlandais Jan-Egbert Sturm. L’économiste dirige le centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’école polytechnique de Zurich et est le vice-président de la Task Force Covid de la Confédération depuis février 2021. Pour Blick, il répond aux questions les plus pressantes quant aux turbulences concernant l’approvisionnement des marchés mondiaux.

Les pénuries d’approvisionnement affectent l’économie mondiale depuis un certain temps déjà. Quelle en est la raison?
Jan-Egbert Sturm: Il y a deux raisons fondamentales à ce problème. D’une part, de nombreuses entreprises ont arrêté leur production pendant la pandémie. L’arrêt est rapide, mais le redémarrage est plus difficile. En effet, les processus doivent être relancés et les chaînes d’approvisionnement doivent être coordonnées.

D’autre part, la demande des consommateurs s’est déplacée pendant la pandémie, passant de services qui n’étaient plus disponibles à des biens de consommation que nous pouvons concrètement posséder. L’explosion de la demande dans ce secteur se poursuit, alors que la production reste à la traîne.

Le chercheur en économie Jan-Egbert Sturm en est certain: l'approvisonnement va reprendre, il faut juste garder son mal en patience.
Photo: Philippe Rossier

À quel point cette pénurie d’approvisionnement est-elle dangereuse?
Le plus grand danger pour le moment est que les pénuries ralentissent la reprise économique. C’est pourquoi nous avons réduit notre prévision de croissance pour la Suisse cette année à 3,2%. En revanche, la reprise sera plus forte l’année prochaine, autour de 3,6%.

Cela signifie-t-il qu’il s’agit d’un phénomène temporaire?
Oui, mais il faudra peut-être encore quelques mois avant que les pénuries fassent place à l’abondance. Cela représente un certain potentiel de frustration pour les consommateurs.

Que faut-il pour que les chaînes d’approvisionnement fonctionnent à nouveau adéquatement?
Ce qui contribuerait à cela serait la réorientation de la demande vers les services. Nous, consommateurs, avons un certain contrôle sur ce point. Nous pourrions progressivement repartir en voyage ou au restaurant, au lieu d’acheter des meubles de luxe ou le dernier téléphone portable en date. Si tout le monde veut le même gadget en même temps, cela entraîne des goulots d’étranglement, même si la production mondiale se remet à tourner à nouveau à plein régime.

Les achats de Noël risquent-ils d’être affectés?
Il est possible que cette année, il y aura plus de bons sous le sapin de Noël que d’habitude car certaines marchandises n’auront pas pu être livrées à temps.

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