Le canton de Vaud veut enfin légiférer
Il faut protéger les jeunes de la cigarette électronique, alarme l'OMS

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d'alarme. Il faut protéger les enfants et les non-fumeurs de la cigarette électronique, et ce «urgemment». En Suisse, aucune réglementation fédérale n'existe à ce jour.
Publié: 15.12.2023 à 11:07 heures
Lara Diserens

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) demande aux gouvernements d'oeuvrer urgemment» pour protéger les enfants, de même que les non-fumeurs, de la cigarette électronique. Des indications «alarmantes» montrent des effets négatifs pour la population, a-t-elle dit jeudi à Genève.

Hautement addictives

Les cigarettes électroniques qui contiennent de la nicotine sont hautement addictives et dangereuses pour la santé, estime l'OMS. Elles peuvent provoquer des cancers et d'autres maladies, comme le montrent de nombreux cas cliniques. L'organisation déplore notamment l'impact des réseaux sociaux sur ce phénomène, et relève que le taux de consommation des jeunes dépasse désormais celui des adultes.

Le constat est sans appel: les jeunes qui tirent sur des cigarettes électroniques sont trois fois plus enclins à fumer des cigarettes à l'âge adulte que les autres. Les gouvernements ne peuvent établir des politiques de diminution de la consommation de tabac en favorisant les cigarettes électroniques, ajoute l'OMS.

En Suisse, les jeunes gens sont particulièrement touchés par cette mode malsaine. La fondation AddictionSuisse rapportait en 2022 que les 11-15 ans sont de plus en plus nombreux à utiliser des alternatives à la cigarette comme la vape. Une évolution qualifiée d'«inquiétante» par la fondation. (Image prétexte)
Photo: DUKAS
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Dans les pays qui interdisent la cigarette électronique, l'organisation recommande de renforcer le dispositif de prévention et de surveiller la situation. Dans le reste des Etats, il faut des réglementations robustes, notamment sur des taxes, l'interdiction des saveurs, de même que la concentration et la qualité de la nicotine, dit-elle.

Les jeunes, premières victimes

En Suisse, les jeunes gens sont particulièrement touchés par cette mode malsaine. La fondation AddictionSuisse rapportait en 2022 que les 11-15 ans sont de plus en plus nombreux à utiliser des alternatives à la cigarette comme la vape. Une évolution qualifiée d'«inquiétante» par la fondation. Autre conclusion frappante: la consommation d’alternatives aux cigarettes a fortement augmenté chez la population féminine.

L'histoire d'un jeune adolescent de 19 ans avait choqué internet. Vapoteur avéré de longue date, cet Américain a compris les conséquences néfastes de la vapoteuse sur la santé lorsque son poumon s'est troué sous l'effet de la fumée. Le jeune homme s'en était finalement sorti indemne après un court séjour à l'hôpital et un tuyau dans la cage thoracique.

Quelle législation en Suisse et ailleurs?

La Suisse, régulièrement ciblée par l'OMS pour son attitude laxiste, commence à prendre au sérieux la question. Selon le projet du gouvernement pour l'application d'une initiative sur la publicité pour le tabac, aucune publicité pour le tabac ou les cigarettes électroniques ne pourra apparaître dans la presse écrite dès 2026. Une exception est toutefois prévue pour les publications destinées au marché étranger ou exclusivement aux professionnels de la branche.

Et la vente aux mineurs? Dernier canton romand à réglementer cette question, Vaud a récemment annoncé vouloir finalement interdire les puffs aux moins de 18 ans. En Suisse, aucune réglementation fédérale n'existe à ce jour. En mars dernier, les Vert-e-s ont déposé un motion visant à légiférer cette pratique et à interdire la vente aux mineurs au niveau fédéral. Son entrée en vigueur est prévue pour 2024.

Au total, 34 pays interdisent la vente de cigarettes électroniques, 88 n'ont établi aucun âge minimal pour l'achat de celles-ci et 74 n'ont aucune réglementation. Les enfants «sont piégés à un jeune âge pour utiliser les cigarettes électroniques et peuvent être rendus addictifs à la nicotine», affirme le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il demande des dispositifs «stricts» pour protéger les citoyens.

(avec ATS)

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