«Ils ont couru vers nous avec des armes»
Un pompier raconte l'horreur du Nouvel An à Berlin

La nuit de la Saint-Sylvestre, la police, mais aussi les soldats du feu, ont été directement attaqués par des hommes ivres dans plusieurs villes allemandes. Baris Coban, chef des pompiers berlinois, raconte la nuit difficile qu'il a vécue avec ses collègues.
Publié: 03.01.2023 à 21:40 heures
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Dernière mise à jour: 04.01.2023 à 10:13 heures
Tanja von Arx

Cela fait douze ans que Baris Coban travaille pour les pompiers de Berlin. Samedi soir, il a eu peur pour la première fois alors qu’il était en service. Le chef des soldats du feu de la capitale allemande, responsable du quartier de Neukölln, s’est confié à la «Süddeutsche Zeitung» sur les émeutes de la nuit de la Saint-Sylvestre.

Les festivités ont dégénéré dans plusieurs villes d’Allemagne. Les pompiers ont été appelés 1717 fois rien que dans la capitale allemande, et plus de 50 membres des forces de l’ordre et des secours ont été blessés.

«Une tout autre dimension»

«Beaucoup de choses ne sont pas nouvelles pour nous, explique Baris Coban en faisant référence aux batailles de pétards ou fumigènes tirés sur les autorités. Mais cette année, cela a pris une tout autre dimension.»

Le pompier berlinois Baris Coban était au cœur de l'action le soir du 31 décembre.
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Peu après minuit, le chef des pompiers a été alerté qu'un autocar avait été incendié. Il était affecté avec cinq collègues à un camion de pompiers. Le temps pressait. A proximité du brasier, les résidents d’une maison de retraite risquaient d’être intoxiqués par la fumée.

«La première fois que je n’éteins pas un incendie»

Le pompier rapporte qu’une «barricade s’est alors dressée à mi-chemin». Composée de «planches, de barrières de chantier et d’une poubelle en feu.» Lorsque les secours sont descendus pour éteindre l’incendie, l’impensable s’est produit: «Des gens se sont précipités vers nous pour nous tirer dessus avec des fusées de détresse.» Ils étaient des centaines. «Ils sont sortis de l’obscurité et ont rapidement disparu après chaque attaque, certains étaient cagoulés.»

Les collègues de Baris Coban aussi ont eu peur: «On s’est tout simplement partis.» Ils ont laissé la poubelle en feu sur place et sont retournés en courant dans le camion de pompiers. «C’était la première fois que je n’éteignais pas un incendie.»

Le chef des pompiers poursuit en disant qu’il a attrapé un des agresseurs. «Je voulais savoir pourquoi il faisait ça.» Mais il n’obtiendra rien de plus qu’un flot d’insultes. «Je ne sais pas d’où vient cette haine», se désole le professionnel.

Des jeunes filment des vidéos-trophées

Des vidéos de cette nuit-là circulent en ligne. Des jeunes auraient même tenté de vendre des enregistrements à des journalistes télé. «Ils les considèrent comme de véritables trophées», souligne le chef des pompiers.

Les pompiers du pays ont «été surpris par la masse et l’intensité des attaques contre nos forces d’intervention», rapporte Baris Coban. Ils sont «abasourdis et tristes».

Les attaques contre les sauveteurs ont fait réagir le gouvernement allemand. Dès lundi, des voix se sont élevées pour réclamer des sanctions sévères et des conséquences à ces actes. Le chancelier Olaf Scholz a condamné «avec la plus grande fermeté» la violence et a demandé une meilleure protection des forces d’intervention, rapporte l’AFP.

Les politiques réfléchissent notamment à des interdictions. «Jusqu’à présent, les villes ont fait de bonnes expériences avec des zones d’interdiction des feux d’artifice», pointe par exemple le directeur général de l’association des villes allemandes, Helmut Dedy, à la plateforme «Redaktionsnetzwerk Deutschland». Le politicien de droite Jens Spahn a déclaré au portail d’information t-online que la cause de cette escalade résidait dans une politique d’intégration qui avait mal abouti.

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