«Grand-mère m'a sauvé»
Une famille ukrainienne enfin réunie en Suisse

Début mars, le SonntagsBlick était allé à la rencontre de la famille Bannikov, originaire du nord-est de l'Ukraine et réfugiée en Suisse depuis le début de la guerre. Que sont devenus ses membres aujourd'hui?
Publié: 22.08.2022 à 20:00 heures
Tobias Marti

Lorsque Slava et Angela Bannikov ont quitté leur pays en février pour partir en vacances, ils étaient loin de se douter que leur vie allait changer de manière dramatique.

Le couple ukrainien de trentenaires était en visite chez des amis en Pologne lorsque la guerre a éclaté dans leur pays. Leur fils Daniel, 14 ans, un enfant handicapé mental, était resté à la maison avec sa grand-mère Rajisa à Sumy, une ville située non loin de la frontière russe. Et la commune s’était soudainement retrouvée encerclée par l’armée de Vladimir Poutine.

Un miracle s’est produit

Le couple a fui la Pologne pour se rendre à Olten chez Oksana Mathieu, la sœur de Slava Bannikov, qui est mariée à un Suisse et vit ici depuis des années. Le SonntagsBlick leur avait rendu visite en mars. «Nous sommes malades d’inquiétude pour Daniel et Rajisa», expliquaient alors les parents.

Un coup de sifflet a retenti, puis quelque chose a frappé. La voiture de Rajisa, la grand-mère, a été touchée par des tirs alors qu'elle tentait de fuir.
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Entre-temps, un miracle s’est produit. Leur fils Daniel et Rajisa ont pu être sauvés. Après leur entrée, les Russes n’ont d’abord laissé sortir personne. Puis un couloir s’est ouvert et la grand-mère a pu partir avec le jeune garçon. La voiture de Rajisa a pu atteindre la fin du convoi d’évacuation.

Le prêtre l’a emmenée à la frontière

Alors qu’ils se croyaient tirés d’affaire, la voiture de la grand-mère de Daniel a été visée par des tirs. «Ça sifflait, puis quelque chose a frappé le capot à l’avant, il y avait de la fumée partout, raconte la femme de 69 ans en fondant en larmes. On a tellement peur quand la voiture brûle et qu’on a un enfant à ses côtés.» Avec son épaule, elle a soulevé la porte. Elle a du mal à en dire plus, tant ce qu’elle a vécu était traumatisant.

«Grand-mère est ma sauveuse. Mon âme sœur», salue quant à lui Daniel. Il a filmé la scène avec son téléphone portable: pneus déchirés, moteur brûlé. La grand-mère et son petit-fils ont poursuivi leur fuite à pied. Ils ont cherché refuge dans l’église la plus proche, où ils ont rencontré un prêtre – qui les a effectivement emmenés jusqu’à la frontière polonaise, à 600 kilomètres de là. «Un ange les a protégés», soupire, soulagée, Oksana Mathieu.

Des œufs en guise de remerciement

Face à la famille Bannikov s’étend désormais le gouffre de l’incertitude. Au moins, ils sont réunis. Après avoir d’abord tous vécu chez Oksana Mathieu, la famille a obtenu un logement social à Olten. Les parents sont en train d’apprendre l’allemand. Auparavant femme d’affaires, Angela doit commencer à travailler dans un hôtel comme femme de ménage en septembre.

Slava avait un magasin de vêtements, désormais détruit par la guerre. Ses 20 ans de travail ont été anéantis. Il cherche désormais un emploi d’urgence en Suisse. «Nous faisons tout, pour reconstruire quelque chose», explique le père de famille. À Pâques, ils ont offert des œufs aux Suisses, affublés d’un «merci» peint dessus.

Daniel fréquente désormais une école de pédagogie curative. Récemment, le garçon a eu un flash-back de la guerre et s’est enfui en panique du bus de la ville d’Olten. Leur patrie, Sumy, a entre-temps été reconquise par les Ukrainiens. Mais la frontière avec la Russie est proche, et la peur continue d’y régner.

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