Après 18 ans dans l'entreprise
Licenciée parce qu'elle ne tapait pas assez sur son clavier en télétravail

L'employeur a-t-il le droit de surveiller ses collaborateurs? La question divise. En Australie, une femme a perdu son emploi après 18 ans dans la même entreprise. Raison? Elle ne travaillait pas suffisamment lorsqu'elle exerçait en télétravail.
Publié: 11.08.2023 à 22:37 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2023 à 22:39 heures

Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreux employés ont appris à apprécier le télétravail. Faire la lessive, cuisiner, faire un tour, les tâches ménagères peuvent rapidement être effectuées en parallèle de son activité professionnelle. En Australie, cela a coûté son emploi à Suzie C.* (38 ans). Cette dernière a été licenciée par son employeur, une compagnie d'assurance, parce qu'elle ne tapait pas suffisamment sur son clavier d'ordinateur. Un logiciel installé par l'entreprise l'aurait démasquée.

Cette compagnie d'assurance avait installé un logiciel de surveillance sur l'ordinateur portable de cette collaboratrice et a vérifié sur une période aléatoire le nombre de frappes effectuées sur le clavier durant ses heures de travail. Il s'est avéré que l'employée n'avait pas atteint son nombre d'heures de travail pendant 44 jours sur 49. Lorsque qu'elle était contrôlée en secret, elle ne tapait que 54 fois par heure sur son clavier, soit juste assez pour de courtes phrases. Ses collègues n'arrivaient pas à la joindre et il lui est même arrivé plusieurs fois de ne pas allumer son ordinateur de la journée.

«Je n'ai jamais cessé de travailler»

Suzie C. assure qu'elle avait des rendez-vous médicaux pendant la période contrôlée, mais qu'elle rattrapait ses heures de travail. En outre, elle aurait effectué des tâches en partie sur son smartphone. Mais le groupe rétorque que ses tâches ne pouvaient être effectuées que depuis un ordinateur portable.

Suzie C. a perdu son emploi dans une compagnie d'assurance australienne parce qu'elle ne tapait pas suffisamment sur son clavier pendant ses heures de télétravail.
Photo: Social Media
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«Je vais peut-être faire des courses de temps en temps, mais pas toute la journée», se justifie Suzie C. auprès de «News.com.au». «Parfois, il y avait peu de choses à faire, mais je n'ai jamais cessé de travailler», affirme-t-elle, ne se fiant pas aux données collectées sur sa productivité. Pourtant, pour son employeur, le cas était clair. Après 18 ans dans la même entreprise, cette dernière a dû quitter son poste en février dernier.

Même fonctionnement en Suisse?

Le tribunal du travail australien a finalement donné raison au groupe: Suzie C. n'a pas travaillé suffisamment lors de ses heures de télétravail. Le juge a déclaré: «La plaignante a été licenciée pour un motif valable de mauvaise conduite.»

Depuis février, cette ancienne employée vit des versements de la sécurité sociale. Sur sa photo de profil LinkedIn, on peut lire: «Open for work» (en français: disponible pour travailler). «Maintenant que cette histoire s'est répandue, j'ai la crainte que l'on ne veuille plus m'embaucher», confie-t-elle au Daily Mail. Sur LinkedIn, on trouve depuis peu «Tiktok» sous la rubrique «poste occupé actuellement».

L'histoire a déclenché un débat sur la toile. Est-il permis de contrôler ses employés avec de tels logiciels espions? En Suisse, cela n'est que partiellement autorisé. Par exemple, l'entreprise Novartis a été autorisée à mesurer le temps de travail de ses employés à distance. En 2020, le chef du personnel Steven Baert a toutefois déclaré au «Tagesanzeiger»: «Je peux assurer que nous ne recevons pas de données individuelles sur les employés.»

*Nom connu de la rédaction

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