Ça commence à puer pour le fromage suisse. Concurrence étrangère, hausse des prix, la branche «vit une crise sans précédent», alerte le magazine «PME» dans son numéro de février 2024. Phénomène illustré par une statistique inédite: en 2023, le pays aurait «importé plus de fromages qu'elle n'en exporte».
C'est un fait: les affaires vont mal pour les fromages suisses. Les ventes et productions dégringolent. 1000 tonnes de moins en un an pour l'emmental, baisse de 10% la production du gruyère en 2023… En parallèle, la mozzarella progresse de manière fulgurante. Sur les 8,5 kilos de fromage frais consommés par personne chaque année, la mozzarella représente ainsi 3,3 kilos, soit environ 40%, observe «PME».
C'est le fromage le plus apprécié du pays (23'000 tonnes englouties en 2022 sur les pizzas, salades, et autres paninis). Et de loin: il fout la honte au gruyère (16'000 tonnes au pays de la fondue) et au fromage à raclette (13'500 tonnes, les Valaisans font ce qu'ils peuvent). Conséquence directe de cette mozza-mania, l'Italie est le premier pays fournisseur de fromages en Suisse, avec environ 36% des importations, devant l'Allemagne (26%) et la France (18%).
L'emmental en chute libre
L'amour pour la mozzarella n'explique pourtant pas tout. Car en regard, la consommation de fromages à fondue est en baisse de 4,2%, note le magazine. La chute la plus spectaculaire est celle de l'emmental avec 11,7%, soit près de 1000 tonnes en un an. La baisse du nombre d'exploitations laitières (de 50'300 en 1990 à 17'600 en 2022) est évoquée, de même que leur rentabilité.
Les Suisses restent cependant de gros consommateurs de fromages avec un record établi en 2021 à environ 23 kilos par habitant. La consommation aurait légèrement baissé de 1,3% en 2023, mais nous restons parmi les plus pays où l'on mange le plus de fromages, avec la France (26 kilos) et la Grèce (23 kilos).