Une psychologue donne des conseils
Se préparer tôt à vieillir, c'est rester jeune plus longtemps

Selon Pasqualina Perrig-Chiello, psychologue du développement à l'Université de Berne, la meilleure période de la vie démarre après 50 ans. Voici selon elle ce qu'il faut faire pour aborder la deuxième moitié de sa vie de manière épanouie et autonome.
Publié: 11.02.2024 à 17:05 heures
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Valentin Rubin

Qui a dit que la vie s'arrêtait après un demi-siècle? Selon Pasqualina Perrig-Chiello, psychologue du développement à l'Université de Berne, la meilleure période de la vie démarre après 50 ans. Voici ses conseils pour aborder la deuxième moitié de sa vie de manière épanouie et autonome.

Pasqualina Perrig-Chiello, nous vivons de plus en plus vieux, mais nous aspirons à rester jeunes pour toujours. Pourquoi?
La vieillesse a toujours été associée à des attentes négatives et à des craintes. Dans la société actuelle en particulier. On demande du dynamisme et de la flexibilité – des qualités qui ne sont pas associées à l'âge. Il existe de nombreux stéréotypes sur la vieillesse: les personnes âgées sont fragiles, vivent aux dépens des jeunes, deviennent un groupe à problèmes. Pourtant, la plupart de ces préjugés sont faux!

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«Nous pouvons influencer notre vie, et donc aussi notre vieillissement, bien plus que nous ne le pensons»
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Vraiment?
Le groupe d'âge des plus de 60 ans est très varié. Les jeunes vieux, les baby-boomers, sont pour la plupart en forme et apportent beaucoup à la famille et à la société. Ce n'est qu'à un âge avancé, à partir de 80 ans, que les restrictions de santé majeures commencent.

Selon l'experte, il suffit de peu de choses pour être plein d'énergie et de confiance, même à un âge avancé.
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Comment aborder la deuxième moitié de la vie avec force et autodétermination?
Il est important de poser les jalons très tôt. C'est encore plus facile à 40 ou 45 ans qu'à 70 ans. Le bien-être dans la première moitié de la vie en dit déjà beaucoup sur le bien-être dans la vieillesse. Nous sommes certes capables d'évoluer tout au long de notre vie, mais avec l'âge, il devient plus difficile de s'adapter. Quelque chose est particulièrement important à cet égard.

Quoi donc?
Nous pouvons influencer notre vie, et donc aussi notre vieillissement, bien plus que nous ne le pensons. Certaines choses sont définies par notre environnement, notre santé et nos gènes. Mais nous ne sommes pas à la merci du destin. La recherche montre que nous avons environ 60% de contrôle sur nous-mêmes. Les forces de caractère telles que l'ouverture à la nouveauté, la responsabilité personnelle et une attitude proactive sont décisives à cet égard.

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«Les bouleversements sont des défis, parfois des crises. En même temps, ils sont une chance»
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Dans votre nouveau livre, vous soulignez que ce sont surtout les changements et les coupures dans la vie qui sont importants.
Les transitions de vie sont des périodes de changement. Par exemple, entre 45 et 55 ans, de nombreux changements sont à prévoir: la ménopause, le départ des enfants, des parents qui ont de plus en plus besoin d'aide et qui décèdent, beaucoup de responsabilités au travail et toujours plus de concurrence de la part des jeunes. Ces bouleversements sont des défis, parfois des crises. En même temps, ils sont une chance.

Le vieillissement comme bénédiction : Selon Pasqualina Perrig-Chiello, ce n'est pas pour rien que nous parlons de la sagesse dans la vieillesse.
Photo: Getty Images

Cela semble banal, non?
Pour certains, c'est même cynique, mais c'est ainsi. La recherche montre de manière impressionnante que la résilience, la résistance psychique, ne peut se développer qu'en faisant l'expérience de la résistance. Nous ne prenons conscience de nos forces que lorsque nous sommes confrontés à nos limites. Avec l'âge, nous apprenons, nous devenons plus résistants aux crises et plus sereins. Les crises nous donnent l'occasion de grandir personnellement.

Mais on dit souvent qu'en vieillissant, nous regrettons surtout les choses que nous n'avons pas faites.
Il est prouvé que ce n'est pas le cas pour la majorité. En vieillissant, on éprouve plutôt le besoin de se réconcilier avec sa propre histoire de vie, de rassembler sa vie en un tout qui a du sens. La chanteuse française Edith Piaf chantait déjà en 1960: «Je ne regrette rien!» Cela ne signifie pas que nous embellissons notre vie, mais que c'est une stratégie d'adaptation qui a fait ses preuves.

Alors pourquoi certaines personnes deviennent-elles amères en vieillissant?
Ceux qui se plaignent d'avoir raté des opportunités ou d'avoir subi des changements imprévus sont irréconciliables et rejettent toute responsabilité. Bien sûr, l'ancien chef peut avoir été injuste, les enfants ingrats et la séparation du partenaire de longue date traumatisante. Mais ces changements sont toujours l'occasion de faire le bilan de sa vie, d'y réfléchir et d'en faire une nouvelle analyse. Il en résulte généralement une perspective positive pour l'avenir: un plan B qui s'avère peut-être même meilleur que le plan A initial.

Comment percevoir les transitions de vie comme des opportunités et non comme des crises?
Avant tout avec des forces de caractère, comme la disposition au changement, l'espoir, la compétence sociale, la responsabilité personnelle. Par exemple, les personnes qui ne savent pas lâcher prise et qui se définissent unilatéralement par leur profession ont généralement du mal à prendre leur retraite. Ou ceux qui essaient désespérément de rester jeunes et se définissent par leur apparence et leurs performances se rendent le vieillissement inutilement difficile.

Faire l'autruche et ignorer les changements se retourne presque toujours contre soi. L'insatisfaction envers soi-même et le monde en est la conséquence. Il est donc important de ratisser large très tôt et de rester ouvert. Cela aide à maintenir un sentiment d'efficacité personnelle: un sentiment de pouvoir faire la différence, quelles que soient les circonstances.

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