Un expert vous aide à le purifier
Ces 5 objets du quotidien polluent l’air à l'intérieur de chez vous

Meubles, peinture, encens, cuisinière… Sans que nous le sachions, nos habitudes quotidiennes peuvent détériorer la qualité de l’air que nous respirons à la maison. Un toxicologue nous éclaire.
Publié: 19.12.2023 à 18:18 heures
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Dernière mise à jour: 20.12.2023 à 21:05 heures
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Impossible d’échapper à la pollution qui flotte à l’extérieur, s’engouffre dans nos poumons et s’étend sur les villes comme une couverture poussiéreuse. Tout le monde le sait. Et à moins de posséder un casque filtrant futuriste, tout le monde doit faire avec. 

Il est toutefois plus surprenant d’apprendre que l’air présent à l’intérieur de nos habitations peut aussi être pollué. Les fautifs? De simples objets ou appareils utilisés au quotidien. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut contribuer à diminuer leurs effets, au moyen de quelques réflexes importants. Pas d’inquiétude, ces derniers s’avèrent très simples et n’exigent pas de (trop) bouleverser vos habitudes! Mais avant de prendre une grande inspiration, lisez les cinq points suivants: 

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L’encens

Ils paraissent tellement inoffensifs, tranquillement assis sur nos étagères, animés d’un seul et unique but: parfumer notre vie. Cependant, ces petits bâtons odorants distillent davantage de substances chimiques que de bonheur: «L’encens émet du benzène et du formaldéhyde, des substances cancérigènes et irritantes, explique Vincent Perret, toxicologue au laboratoire Toxpro. La présence de fumée indique une mauvaise combustion, qui libère des nanoparticules et des composés semblables à ceux d’un pot d’échappement Diesel.» 

Bougies, diffuseurs, encens... Les objets promettant de répandre une délicieuse odeur risquent de détériorer la qualité de votre air intérieur.
Photo: Shutterstock

En effet, le spécialiste souligne qu’un air propre ne sent pas bon: «Il ne sent rien du tout!» Si vous souhaitez optimiser la qualité de votre air intérieur, les diffuseurs d’huiles essentielles ne sont donc pas des compagnons idéaux non plus: «Même s’il s’agit d’une huile bio et naturelle, cela reste un mélange de substances chimiques pouvant s’avérer irritantes et sensibilisantes, poursuit Vincent Perret. Si on utilise ce type d’appareil pendant un court moment, en aérant bien la pièce, il ne devrait pas y avoir de problème. Or, la plupart des diffuseurs sont conçus pour diffuser le parfum en permanence. Quand on le supporte, tout va bien. Mais si quelqu’un est allergique à ces substances, l’environnement devient toxique pour cette personne.» 

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Les bougies

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de bannir les étincelles de joie qui vous protègent du spleen d’hiver! Une fois de plus, c’est une question de dosage: «On a beaucoup parlé des bougies il y a quelques années, notamment suite à la parution d’une étude un peu alarmiste d’une agence sanitaire française en 2017, se souvient Vincent Perret. Mais il faudrait vraiment en allumer beaucoup, sans aérer la pièce, pour voir des effets négatifs sur la santé. Je soulignerais plutôt le problème de sécurité et le danger d’incendie qu’elles impliquent.» 

En outre, le spécialiste ajoute qu’un seul bâton d’encens ou du papier d’Arménie peuvent équivaloir à une centaine de bougies, en raison de leur mauvaise combustion. Voilà qui apporte un peu de perspective. 

«Beaucoup de personnes se tournent vers des bougies naturelles en cire d’abeille, mais ces dernières risquent d’émettre une plus grande quantité de composants volatiles organiques, poursuit notre intervenant. Les émissions restent toutefois plutôt faibles et ne posent pas de problème, à moins de souffrir d’asthme ou d’allergies particulières.»

Attention à la présence de radon dans les habitations

Hormis l'encens et les cuisinières, il existe un autre facteur de risque important, caractéristique de la Suisse: le radon, un gaz radioactif venant des sols, surtout en région de montagne. Selon le Manuel suisse du radon, les taux limites sont dépassés dans des milliers d'habitations.

«Ce gaz est tenu responsable de 10 à 15% des cancers pulmonaires en Suisse, juste après le tabac, affirme Vincent Perret, toxicologue au laboratoire Toxpro. Peu de personnes le savent, mais la plaine peut aussi être concernée. Si vous possédez des locaux en sous-sol, il vaut la peine de faire des tests en disposant un petit capteur dans les pièces concernées pendant quelques mois.»

Celles-ci se présentent sous la forme de petits colliers ou bracelets à disposer dans l'habitation, aux étages concernés. «Elles sont disponibles dans la plupart des communes, qui organisent parfois des campagnes de mesure gratuites pour les administrés, conclut le spécialiste. Sinon, des laboratoires privés proposent aussi ce type de mesures.»

En cas de doute, n'hésitez pas à vous informer auprès de votre commune, afin de recevoir les informations nécessaires. L'OFSP met également à disposition une liste des services de mesures agréés.

Hormis l'encens et les cuisinières, il existe un autre facteur de risque important, caractéristique de la Suisse: le radon, un gaz radioactif venant des sols, surtout en région de montagne. Selon le Manuel suisse du radon, les taux limites sont dépassés dans des milliers d'habitations.

«Ce gaz est tenu responsable de 10 à 15% des cancers pulmonaires en Suisse, juste après le tabac, affirme Vincent Perret, toxicologue au laboratoire Toxpro. Peu de personnes le savent, mais la plaine peut aussi être concernée. Si vous possédez des locaux en sous-sol, il vaut la peine de faire des tests en disposant un petit capteur dans les pièces concernées pendant quelques mois.»

Celles-ci se présentent sous la forme de petits colliers ou bracelets à disposer dans l'habitation, aux étages concernés. «Elles sont disponibles dans la plupart des communes, qui organisent parfois des campagnes de mesure gratuites pour les administrés, conclut le spécialiste. Sinon, des laboratoires privés proposent aussi ce type de mesures.»

En cas de doute, n'hésitez pas à vous informer auprès de votre commune, afin de recevoir les informations nécessaires. L'OFSP met également à disposition une liste des services de mesures agréés.

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Le parfum et les sprays d’intérieur

Sans surprise, les parfums figurent sur la liste des mauvais élèves. «Avant les années 60, ils étaient composés de 80% d’ingrédients naturels et de 20% d’ingrédients de synthèse, détaille Valérie deMars, chimiste parfumeure et créatrice de la marque Aimée de Mars. Ensuite, avec l’avènement de la chimie, ces proportions se sont inversées. Les parfums contiennent notamment des muscs polycycliques, fustigés par Greenpeace en 2005, suspectés de pénétrer dans le corps et d’endommager la santé»

Au moment de choisir un parfum, notre intervenante conseille ainsi de consulter la liste d’ingrédients: parmi les composants à éviter, elle cite notamment l’alcool dénaturé, potentiel perturbateur endocrinien, ou encore l'hydroxyanisol butylé (BHA) et le butylhydroxytoluène (BHT), deux anti-oxydants interdits dans certains pays et considérés comme étant cancérigènes. 

«Veillez également à choisir des parfums ou sprays non colorés, car les filtres chimiques destinés à protéger la couleur des jus peuvent être nocifs, ajoute-t-elle, avant de souligner que le principal danger réside dans l’effet cocktail des perturbateurs endocriniens: «En accumulant plusieurs ingrédients chimiques au cours d’une journée, on peut difficilement prévoir leurs effets sur la santé ou la fertilité. Le fait de privilégier les parfums naturels permet déjà d’éviter les composants pétrochimiques.» 

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Les meubles et les tapis neufs

Ce magnifique canapé neuf en velours côtelé ne vous veut que du bien… à condition de le laisser respirer! Vincent Perret prévient en effet que les meubles fraîchement installés, ainsi que les tapis, la peinture et les matériaux de construction neufs, peuvent dégager des solvants et d’autres produits issus de leur fabrication, dont des plastiques et des polymères. 

«On peut les reconnaître à l’odeur caractéristique de «neuf», qui correspond à une gamme de produits irritants, détaille le toxicologue. Ceux-ci ne sont pas très dangereux en soi, mais rappelons qu’à l’intérieur d’une habitation, on est comme sous un couvercle. Si l’air est peu renouvelé, on risque d’accumuler une contamination qui peut s’avérer problématique sur le long terme.» Une fois de plus, la solution est simple: aérer votre intérieur. 

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La cuisinière

En plus d’aspirer l’odeur tenace de la soupe aux oignons, la hotte chasse aussi les particules pernicieuses! Or, son pouvoir ne suffit pas toujours… «À moins de disposer d’un système de hotte extrêmement performant, il vaut mieux aérer après avoir fait la cuisine, particulièrement si vous possédez une cuisinière à gaz, reprend Vincent Perret. Ces dernières émettent des nanoparticules qui restent longtemps présentes dans une pièce.»

Par ailleurs, le toxicologue recommande de ne pas laisser l’humidité s’accumuler, en cuisinant, en faisant sécher le linge ou même en prenant une douche: «En hiver, comme on ouvre moins souvent les fenêtres, cette humidité reste à l’intérieur, pointe-t-il. Comme les températures extérieures sont froides, certaines parties de matériaux en contact avec l’intérieur conduisent une partie du froid à l’intérieur. En présence d’une forte humidité, l’eau se condense et les moisissures risquent de proliférer: cela peut représenter un problème de santé pour les personnes vulnérables ou immunodéprimées.»

La bonne méthode pour renouveler l’air

Puisque l’aération constitue la solution commune à tous ces désagréments, il convient de renouveler l’air de la bonne façon: «Le mieux est d’ouvrir grand les fenêtres deux fois par jour, durant 5 à 10 minutes, indique le toxicologue. Sur le moment, on peut avoir l’impression de refroidir toute l’habitation, mais ce n’est pas le cas. L’air est refroidi, mais les matériaux restent à la même température. Ce réflexe est plus efficace que de laisser les fenêtres en imposte, car cela ne conduit qu’à un petit renouvellement de l’air, continu, mais faible.» 

Vous savez ce qu’il vous reste à faire: il est grand temps de rouvrir les volets! 

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