En route depuis huit mois
Un couple suisse va jusqu'en Nouvelle-Zélande à vélo

Depuis juin 2023, Smilla Berger (27 ans) et Nicolas Jud (26 ans) de Wilderswil (BE) sont en route pour la Nouvelle-Zélande avec pour équipement, deux vélos et une tente. Avec plus de 8000 kilomètres parcourus, ils ont atteint la moitié de leur voyage.
Publié: 28.01.2024 à 21:02 heures
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Corine Turrini Flury

Il est presque l'heure d'aller se coucher lorsque Blick téléphone à Nicolas Jud et Smilla Berger. Le couple se trouve à Langkawi, un archipel au nord de la Malaisie. Ils s'apprêtent à passer la nuit dans un hôtel bon marché avant de retourner le lendemain sur le continent. Là-bas, ils continueront à pédaler avec leurs vélos de tourisme et leurs bagages en direction de la Nouvelle-Zélande. «Mon frère vit à Auckland et nous voulons lui rendre visite», explique Nicolas Jud, qui a travaillé dans le marketing événementiel.

C'est lui qui a eu l'idée aventureuse de se rendre en Nouvelle-Zélande à vélo. Enfant, il faisait des petites randonnées à vélo avec ses parents. «Je n'avais pas d'expérience particulière ni beaucoup d'idées. Nous ne nous sommes pas non plus spécialement préparés au voyage. Mais mon père a plus d'expériences et nous a aidés à planifier notre excursion», explique Nicolas Jud.

Sur Internet, les Bernois se sont renseignés sur les vélos de randonnée et l'équipement approprié. «Pour l'équipement, nous avons trouvé relativement facilement un sponsor qui a bien voulu soutenir notre projet» explique Nicolas Jud. 

Dernier jour chez la famille Jud avant l'aventure. De gauche à droite: Doris la maman, Nicolas et Smila, la sœur Selina et le papa Dominik. Les parents de Nicolas ont aidé à planifier le voyage et les ont accompagnés pendant deux semaines en Europe. Pour les retrouvailles, ils prendront l'avion pour la Nouvelle-Zélande.
Photo: Zvg
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Première mise à l'épreuve juste après le début du voyage

Smilla Berger, illustratrice indépendante, a quitté son appartement et son petit boulot dans un restaurant. Nicolas Jud, lui, a renoncé à sa chambre en colocation pour économiser de l'argent. Le couple a vécu un mois dans la maison des parents du Bernois à Wilderswil, jusqu'à ce que leur aventure commence en juin 2023.

Dès le premier jour, le col du Grimsel a constitué un premier défi pour le couple, suivi par le col du Nufenen qui a exigé beaucoup d'efforts pour ces cyclistes amateurs. «Au sommet du col, nous étions fiers et heureux d'avoir surmonté les premières épreuves. Mais nous nous sommes vite rendu compte que nous avions abordé cette idée folle avec un peu de naïveté et que nous l'avions sous-estimée», raconte Smilla Berger en riant.

Équipement et orientation

Le couple voulait avant tout profiter du premier mois de leur tournée en Europe pour acquérir de l'expérience. Ils ont rapidement réalisé quelque chose: ils avaient trop de bagages. Selon eux, avoir plus d'un ou deux t-shirts, c'est superflu et constitue un poids mort. Outre la tente, les matelas et les sacs de couchage, ils se sont permis un petit «luxe» en emportant un drap-housse. «Il est un peu plus agréable de dormir lorsqu'il n'y a pas toujours un espace entre les deux matelas», dit Smilla Berger en riant.

Le sommeil et la récupération sont importants lors d'une randonnée à vélo éprouvante. Surtout que le couple pédale environ 70 kilomètres par jour. Les deux Bernois ont surtout souffert dans le désert d'Oman où les températures montent régulièrement au-dessus de 40 degrés et sur des routes escarpées et chaotiques comme à Mumbai. En fonction de la condition physique du jour, du dénivelé, de l'état des routes et du vent, les temps de parcours et les distances varient à chaque étape. «Dans le désert, nous devions rouler tôt le matin à cause de la chaleur et faire des pauses après seulement quelques heures. C'était brutal et j'ai commencé à avoir mal à la tête», explique le Bernois.

Dans les stations-service, ils se sont équipés à l'avance de suffisamment d'eau pour faire des réserves à travers le désert. Ils planifient leurs itinéraires avec Google Maps et s'orientent avec d'autres programmes de navigation. «Les stations-service et les aires de repos y sont indiquées et presque toutes sont ouvertes 24 heures sur 24», explique Nicolas Jud. Pour des raisons géopolitiques au Proche-Orient, les Suisses n'ont pas toujours choisi l'itinéraire le plus court et ont effectué des trajets partiels en avion. Ils ont ainsi pu contourner l'Iran et le Pakistan et se sont rendus de Dubaï à Oman. «Nous ne prenons pas de risques supplémentaires et ne voulons pas que nos parents et grands-parents s'inquiètent», explique Smilla Berger.

Hébergement en cours de route

Ce que le couple préfère, c'est de passer la nuit dans leur tente quelque part dans la nature. Ce n'est pas possible dans les grandes villes. «Nous cherchons des hébergements bon marché, mais pas les moins chers», explique Smilla. Après quelques expériences négatives, ils ne se laissent plus abuser par les images sur Internet et examinent depuis les chambres au préalable. La jeune femme se souvient avec dégoût d'un logement en un piteux état à Mumbai, qu'ils ont partagé avec des cafards.

Parmi les moments forts, le couple mentionne le Sri Lanka, où la mère de Smilla Berger a accompagné le couple pendant deux semaines de Colombo vers le sud. Mais aussi la Thaïlande, où ils ont pu passer la nuit chez un riziculteur au bord d'un cours d'eau ou encore Oman. «Comme nous ne restons qu'un ou deux jours au même endroit, nous considérons aussi notre voyage comme un repérage en vue d'un séjour ultérieur, où nous aimerions mieux connaître le pays et ses habitants en disposant de plus de temps. Oman en fera certainement partie», explique Smilla Berger. Ils ont été moins enthousiasmés par la Turquie. Selon Nicolas Jud: «C'est presque un choc culturel et en plus, c'est déroutant du point de vue culinaire. De nombreux autochtones n'y parlent pas non plus anglais.»

Bilan intermédiaire positif

Le bilan des Bernois à mi-parcours de leur aventure est toutefois positif. Ils ont également été épargnés par des pannes majeures jusqu'à présent. «Nous avons dû remplacer des plaquettes de frein, des pneus et même une pédale. Mais c'est normal pour ce genre de parcours et de routes», explique Nicolas Jud.

«Faire un tel voyage en deux-roue, c'est fatigant, mais les paysages semblent encore plus impressionnants», ajoute sa partenaire. En outre, le couple s'accorde à dire que ce voyage aventureux a renforcé leur relation de près de sept ans. Nicolas Jud explique que «lors d'un tel voyage avec des épreuves, on ne peut plus rien cacher et on se découvre sans fard. On dépend l'un de l'autre, on doit chercher des solutions et faire des compromis».

Continuer en direction de l'objectif

Malgré toutes les impressions et expériences positives de leur voyage à travers 16 pays jusqu'à présent, le couple bernois se réjouit déjà d'atteindre leur destination, la Nouvelle-Zélande. Cela devrait être le cas en juillet. D'ici là, il faudra encore pédaler dur.

Pour l'instant, un de leurs amis va les rejoindre sur la route pour Bali, avant de retrouver le frère de Nicolas à Auckland. Là-bas, ils pourront enfin récupérer de leur long périple aux côtés de leurs familles, qui doivent les rejoindre en avion à leur arrivée. 


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