Pour le joueur Andy Roddick
«Il est difficile de prouver que Novak Djokovic n'est pas le meilleur»

Même à 36 ans, Novak Djokovic n'est de loin pas rassasié. Plus l'adversité est grande, mieux le Serbe joue. C'est aussi le secret de son succès.
Publié: 13.06.2023 à 06:50 heures

Pour Andy Roddick, le débat sur le meilleur joueur de tennis de l'histoire est clos. «Il est difficile d'argumenter avec des chiffres pour dire que @DjokerNole n'est pas le meilleur», a écrit l'ancien numéro 1 mondial sur Twitter. «Si quelqu'un argumente contre, c'est probablement basé sur des sentiments».

Novak Djokovic restera pour longtemps le joueur le plus titré de l'histoire. Le fait que certains s'opposent encore à cette conclusion stimule d'autant plus le Serbe. Le fait qu'avant la demi-finale contre la jeune star Carlos Alcaraz (20 ans), à qui il a repris la place de no 1 mondial, Djokovic ait été désigné par beaucoup comme l'outsider, a encore motivé ce dernier.

«J'ai trouvé cela un peu étrange», s'est étonné son entraîneur Goran Ivanisevic après la victoire à Roland-Garros dimanche soir, grâce à laquelle Nole est désormais le seul détenteur du record de titres du Grand Chelem (23). «On ne peut tout simplement pas dire ça. Bien sûr, Alcaraz jouait mieux avant le tournoi, mais c'est un Grand Chelem». Et là, Djokovic est toujours au top de sa forme.

A 36 ans, Djokovic est encore loin d'être rassasié.
Photo: Thibault Camus

Les Majeurs, LA priorité

«A ce stade de ma carrière, les Majeurs sont LA priorité pour moi», clame Novak Djokovic. Cela se voit clairement dans les résultats. Sur les dix-neuf derniers tournois du Grand Chelem, Djokovic en a remporté onze.

Il a perdu deux fois en finale, une fois en demi-finale et une fois en quart de finale, il a dû abandonner une fois en 8e de finale (US Open 2019 contre Stan Wawrinka), a été disqualifié une fois (US Open 2020, après avoir touché une juge de ligne avec une balle), n'a pas été autorisé à s'aligner deux fois parce qu'il n'était pas vacciné contre le Covid. Il aurait donc pu battre le record bien plus tôt sans son entêtement pendant la pandémie...

Ce sont des choses comme cet entêtement, des déclarations controversées sur le Kosovo, un patriotisme serbe ouvertement affiché ou son attitude parfois exagérément martiale sur le court qui font parfois obstacle à Djokovic. Ils sont responsables du fait que, malgré ses impressionnantes performances sportives, il n'a jamais atteint l'énorme cote de popularité de Roger Federer et de Rafael Nadal. Mais sans ces convictions, il n'aurait presque certainement jamais connu autant de succès.

Challenges acceptés

C'est l'adversité qui incite Novak Djokovic à donner le meilleur de lui-même. Ou comme le dit Ivanisevic: «Si tu lui dis qu'il n'a aucune chance, il a tout de suite trois fois plus faim». Le Serbe attribue cette flamme intérieure en grande partie à sa jeunesse à Belgrade. «J'ai grandi un peu différemment de la plupart des autres joueurs de ma génération», explique-t-il. «Dans les années quatre-vingt-dix, quand j'avais quatre ou cinq ans, nous avons connu plusieurs guerres. La Serbie était sous embargo».

Selon lui, il y avait beaucoup d'obstacles et de défis à relever. «Ma famille avait peu d'argent, mais ils m'ont quand même soutenu dans mon rêve de gagner un jour Wimbledon et de devenir le no 1», se souvient le Serbe. «95 % des gens se moquaient d'eux». Cette période a marqué Novak Djokovic, il y puise la force de grandir face à l'adversité. Et il n'en a pas encore assez, loin de là.

Encore des victoires à accomplir

«Mon chemin n'est pas encore terminé», assure-t-il. «Je suis toujours motivé et j'attends déjà avec impatience Wimbledon», où il est invaincu depuis son abandon en quart de finale de l'édition 2017. Il reste encore quelques objectifs à Djokovic: avec 25 titres majeurs, il dépasserait même la femme la plus titrée.

Le Grand Chelem calendaire (remporter les quatre Majeurs la même année), qu'il avait manqué pour un match en 2021, lui tend à nouveau les bras. Et il manque aussi l'or olympique, qui aurait une signification particulière pour ce patriote. Une dernière chance lui sera probablement offerte l'année prochaine, précisément dans le stade de Roland-Garros.

«Je pense qu'il a encore beaucoup de choses dans son corps», dit Goran Ivanisevic. Et l'ancien vainqueur de Wimbledon donne un conseil qui doit ressembler à un cauchemar pour ses adversaires: «Ne parie jamais contre Novak».

(ATS)

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