«J'étais vraiment au paradis»
Audrey Werro, du CA Belfaux aux Jeux olympiques

La spécialiste du 800 m Audrey Werro va prendre part à ses premiers Jeux olympiques. Blick l'a appelée avant son arrivée à Paris pour lui parler de son parcours.
Publié: 01.08.2024 à 17:15 heures
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Dernière mise à jour: 01.08.2024 à 17:52 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

La voix est enjouée au bout du fil. Normal, me direz-vous. Dans une poignée d'heures, la Fribourgeoise Audrey Werro va disputer les premiers Jeux olympiques de sa toute jeune carrière. Mais au moment où Blick la contacte, la spécialiste du demi-fond est dans les Grisons, en stage de préparation. Son entrée en lice dans la compétition – qui aura lieu le 2 août à 19h45 – semble loin.

Avant de se projeter, il faut revenir dans le passé. Et raconter le parcours de cette coureuse de Courtepin (FR), qui court sous les couleurs du CA Belfaux. «Au début, je testais plein de sports dans mon village avec un programme qui s'appelle Polysport, explique la coureuse de 20 ans. Puis, il y a un professeur d'école primaire qui a conseillé à mes parents de m'inscrire en athlétisme.» En 2013 et à l'âge de 9 ans, la jeune Audrey rejoint donc le CA Belfaux. Au début et comme le veut l'athlétisme, elle pratique tous les sports. «Mais la course à pied a toujours été ma discipline préférée… car c'est celle où j'étais la plus forte», rigole-t-elle.

Toujours à l'entraînement

Son professeur à l'école avait eu l'œil. Quid des entraîneurs du CA Belfaux? Posé non loin de là, son manager et ancien coach Julien Nuoffer, acquiesce. «Je l'entraînais quand elle avait 10 ans et elle avait déjà des prédispositions, explique-t-il. Oui, elle avait de la facilité, mais pour arriver à son niveau d'aujourd'hui, il y a aussi eu énormément de travail.» Il précise aussi qu'elle n'a jamais loupé une séance dans sa carrière.

Audrey Werro va vivre ses premiers Jeux olympiques.
Photo: keystone-sda.ch

«Je n'ai jamais traîné la patte, sourit Audrey Werro pour confirmer les propos. La plupart du temps, j'étais motivée. Le fait que c'était très varié m'a bien aidée.» Gentiment, la Fribourgeoise gravit les échelons jusqu'à participer à son premier Mille Gruyère. «Mais à ma première finale, je ne pensais pas encore que j'allais atteindre un bon niveau. Je découvrais l'athlétisme et je m'étais fait disqualifier, car je ne connaissais pas encore toutes les règles (rires).»

Elle apprend avec sa coach

Mais petit à petit, son niveau augmente et elle se retrouve propulsée sur la scène nationale. Les premiers titres de championne de Suisse arrivent vers ses 16 ans. «Je voyais une progression et ça m'encourageait à continuer», explique-t-elle. À cette époque, elle peut également compter sur le grand soutien de ses parents et de son entraîneure, Christiane Berset Nuoffer. Même en progressant, elle ne change pas de club. «Tout fonctionne bien, l'ambiance est bonne et j'ai des gens avec qui m'entraîner», explique-t-elle simplement.

Et les deux femmes apprennent ensemble. En 2017, la coach du CA Belfaux a mis en place un groupe d'entraînement de demi-fond, qu'Audrey Werro rejoint deux ans plus tard. «Elle s'entraîne désormais avec des garçons qui courent à son rythme et Christiane continue de se former pour l'accompagner dans son développement», explique Julien Nuoffer, son mari.

Un travail qui paie. En 2021 et bien qu’elle soit la benjamine de la course, Audey Werro remporte l'or aux Européens U20 sur 800 m. Une année plus tard, c'est l'argent aux Mondiaux juniors. «Sur le moment, je n'ai pas pensé à toutes les attentes qu'il pourrait y avoir sur mes épaules. Quand je rentre, que je vois tout le monde qui m'attendait à l'aéroport, je me suis rendu compte que j'étais entrée dans un autre monde, souffle-t-elle. Mais ça ne m'a pas fait peur: j'étais contente de voir que les choses se déroulaient correctement.»

Plus facile de gratter des notes?

L'année 2023 d'Audrey Werro a été faite de hauts et de bas. En août, elle ne sort pas des qualifications lors de ses premiers Mondiaux – une déception. Loin d'être abattue, elle se ressaisit et 12 (!) jours plus tard, elle réalise les minimas olympiques. «Quand j'atteins les minimas, je suis assise après la ligne et je suis choquée. J'étais vraiment au paradis.» Ce ticket olympique, elle le valide finalement lors des Championnats suisses en juin dernier.

En parallèle de sa carrière, Audrey Werro est en train d'achever son collège à Gambach. Elle devrait l'achever en juin 2025, après avoir séparé la dernière année en deux. «Réussir à tout concilier n'est parfois pas facile, mais avec de l'organisation, j'ai toujours réussi.» Et elle peut compter sur le soutien de ses professeurs et camarades. Est-ce que dire qu'elle va participer aux Jeux olympiques l'aident à gratter ses notes à ses amis? «(rires) Oui, je pense qu'ils comprennent et ils m'envoient ce qui a été fait en cours.»

Pour la suite, plusieurs options se profilent pour Audrey Werro qui, quand elle était jeune, rêvait de devenir décoratrice d'intérieur («mais ce n'est plus d'actualité (rires)»). «Je n'ai pas encore réfléchi à laquelle sera la meilleure», précise-t-elle. Elle a encore le temps. Car avant tout, place aux Jeux!

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