Un frein pour Elliot Antonietti?
Pourquoi la barbe est un sujet tabou chez les arbitres

Eliot Antonietti veut devenir arbitre, mais sa barbe pourrait représenter un obstacle à l'heure de gravir les échelons. Les explications de toutes les parties concernées.
Publié: 09.01.2024 à 17:29 heures
|
Dernière mise à jour: 09.01.2024 à 17:32 heures
RMS_Portrait_AUTOR_378.JPG
Marcel Allemann

C'est presque une image émouvante. Eliot Antonietti (30 ans) en tenue d'arbitre, sifflet à la bouche, au milieu de gamins. L'actuel défenseur d'Olten, qui a également été sous contrat en Ligue nationale avec Genève-Servette, les Rapperswil-Jona Lakers et Lugano, est une icône. Ceci parce qu'il porte la plus longue barbe du hockey professionnel suisse. Le Genevois a récemment confié à la Solothurner Zeitung qu'il souhaitait entamer une carrière d'arbitre dans quelques années après sa carrière active. Actuellement, il fait ses premiers pas au niveau junior, parallèlement à sa carrière de joueur.

Il n'est toutefois pas certain qu'Antonietti se fasse un jour remarquer dans cette branche en tant qu'homme à la longue barbe lorsque les choses deviendront sérieuses en tant qu'arbitre. Les barbes sont certes à la mode dans la vie quotidienne de notre société, mais elles sont traditionnellement taboues pour les arbitres de sport de haute compétition. L'ex-arbitre et actuel expert de MySports Nadir Mandioni se souvient encore de ses débuts dans les années 90: «Il était alors obligatoire de se rendre aux matches rasé de près, en costume-cravate et avec l'attaché-case contenant le grand livre des règles».

La loi non écrite

Au fil du temps, cette règle a certes été assouplie. Et il y a divers arbitres qui portent désormais aussi une petite barbe douce qui dépasse le statut d'une barbe de trois jours - mais rien de plus. Les arbitres doivent passer inaperçus, tant par leur performance sur la glace que par leur apparence. Une barbe complète ne correspond pas plus à l'image traditionnelle que des tatouages dans le cou, un piercing dans le nez ou des cheveux longs.

Eliot Antonietti siffle un match de hockey sur glace de juniors - avec une barbe bien fournie.
Photo: Patrick Lüthy
1/7

Et que dit l'actuel directeur de l'arbitrage, Andreas Fischer, de la question de la barbe? «C'est une loi non écrite qu'en tant qu'arbitre de haut niveau, on ne porte pas de barbe qui attire l'attention. Tout comme il existe d'autres lois non écrites dans le hockey sur glace», dit-il à ce sujet. Il estime également que «le spectacle appartient aux joueurs. C'est à eux de porter leur barbe traditionnelle lors des playoffs, pas à nous, les arbitres».

En basketball, l'arbitre a porté plainte

Il est vrai qu'aujourd'hui, Andreas Fischer n'aurait pas la base juridique pour envoyer ses arbitres chez le barbier, car ils possèdent tous un contrat de travail, et le droit du travail l'interdirait. Mais une barbe voyante ne serait pas un atout pour la carrière, surtout si l'on a des ambitions internationales. En effet, Danny Kurmann, Officiating Manager à l'IIHF, déclare clairement: «Avant les grands tournois de haut niveau, je dis toujours aux arbitres que chez nous, on siffle en étant rasé de frais. Ce que nous ne voulons en aucun cas, ce sont des barbes de trois jours». Mais si quelqu'un devait insister sur sa barbe, par exemple pour des raisons religieuses ou autres, il ferait certainement une exception.

Dans le basketball international, un cas a fait grand bruit. Ainsi, l'arbitre allemand Benjamin Barth n'a plus été invité à participer aux matchs d'Euroligue parce qu'il refusait de raser sa barbe, qui est chez lui très importante. Benjamin Barth a rendu cette décision publique et a engagé une procédure juridique pour discrimination. Il a ainsi obtenu des excuses et l'assurance que des critères équitables seraient appliqués à l'avenir.

Il faudra encore attendre au moins cinq ans avant qu'Eliot Antonietti arrive au niveau du sport de compétition en tant qu'arbitre. Il lui reste donc encore beaucoup de temps pour réfléchir à ce qu'il adviendra de sa barbe. Il a déjà dû la raser en tant que joueur - parce que son entraîneur de l'époque, Craig Woodcroft, l'avait exigé en 2017 à Servette - en le menaçant de ne pas jouer une seconde de plus. Mais peut-être que d'ici 2030, les lois non écrites de l'arbitrage seront adaptées à l'esprit moderne.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
2
4
6
2
ZSC Lions
ZSC Lions
2
3
5
3
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
2
2
5
4
EHC Kloten
EHC Kloten
2
2
4
5
SC Berne
SC Berne
2
1
4
6
EV Zoug
EV Zoug
1
1
3
7
SCL Tigers
SCL Tigers
2
0
3
8
HC Lugano
HC Lugano
2
1
3
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
2
1
3
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
2
-2
2
11
HC Davos
HC Davos
2
-3
1
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
1
-1
0
13
EHC Bienne
EHC Bienne
2
-3
0
14
HC Ajoie
HC Ajoie
2
-6
0
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la