Doug Boulanger représente la prochaine génération de spécialistes en développement de joueurs. Il est créatif, avant-gardiste et possède de solides connaissances dans tous les domaines du jeu. Ces dix dernières années, il est devenu un skill coach très courtisé, développant des programmes de compétences personnalisés pour les joueurs d’élite européens. Vous pouvez en savoir plus sur ses activités en le suivant sur son compte Instagram.
«Pour les coachs, les deux mots les plus importants sont 'puck management'. Cela sous-entend la gestion des prises de risque lorsqu’un joueur a la rondelle sur sa palette. On peut dominer la possession du puck et ne rien en faire tout en jouant en périphérie tout le match sans se créer la moindre occasion de marquer. J’ai l’habitude de bosser avec des jeunes qui rêvent de faire carrière. Pour les aider dans leur développement, j’aime m’inspirer de joueurs de différents profils qui ont réussi une belle carrière et qui semblent comprendre les sacrifices et la discipline nécessaire pour y arriver. Un excellent exemple en ce début de saison: Valtteri Filppula.
Quand tu touches le puck dans un match – ce qu’on appelle communément les 'puck touches' –, ton temps pour en faire quelque chose de positif est extrêmement limité. Le but est d’améliorer les conditions du puck pour soi ou pour un coéquipier qui pourra en faire bon usage. Beaucoup de joueurs font une passe ou s’en débarrassent lorsqu’ils n’ont plus de solution. Lorsque l’on observe un joueur comme Filppula qui connaît un bon début de saison, on doit comprendre quelles sont ses préférences et quels sont les endroits sur la glace d’où il est capable de se créer des opportunités.
Pour moi, il y a une énorme différence entre un gars capable de se créer des chances de but en contre-attaque ou un gars comme Filppula qui a la capacité de toucher le puck de multiples fois sur une même séquence. Cela lui permet de trouver les failles dans les défenses adverses. À force de tourner en rond, elles oublient parfois un marquage et il parvient à en profiter.
J’ai analysé les possessions de puck de Valtteri Filppula lors des trois derniers matches de Genève-Servette. Voici ce qui m’a sauté aux yeux.
Genève – Langnau 4-2
Qu'entend-on par «possession positive» et «possession négative»? C'est simple. Si au moment de redonner la rondelle (passe, shoot, perte de puck), le puck a une meilleure situation qu'au moment où le joueur la reçu, c'est une positive. Si au contraire les conditions ont été dégradées, c'est une possession négative.
Qu'entend-on par «possession positive» et «possession négative»? C'est simple. Si au moment de redonner la rondelle (passe, shoot, perte de puck), le puck a une meilleure situation qu'au moment où le joueur la reçu, c'est une positive. Si au contraire les conditions ont été dégradées, c'est une possession négative.
Commençons par ses statistiques: elles sont excellentes avec 95 secondes de possession de puck. Croyez-moi, c’est énorme. Au niveau de son profil, le Finlandais est un joueur de centre atypique. La plupart des attaquants évoluant à sa position sont constamment en milieu de glace. Lui, par contre, a tendance à construire ses jeux depuis l’extérieur vers l’intérieur. C’est-à-dire qu’il va davantage travailler en périphérie et attaquer le but dans un second temps.
Mais ce que j’adore, c’est que ses ailiers aiment prendre le milieu de la glace. En début de saison et en particulier lors de ce match face à Langnau, Daniel Winnik et Vincent Praplan le complètent à merveille. Pour résumer l’efficacité de Filppula dans le slot (la zone située devant le gardien), il faut comprendre qu’il reçoit énormément de pucks dans des séquences à possessions multiples. C’est sa grande force.
Voici un exemple, sur le but, qui prouve ce que je viens vous dire. Concentrez-vous sur le No 51 qui récupère le puck proche de la cage sur la gauche et suivez son déplacement et le nombre de pucks touchés. C’est tout simplement impressionnant.
Mais il n’y a pas que lorsqu’il marque des buts que je le trouve intéressant à analyser. Je vous parlais de puck management auparavant. Voici un exemple lors duquel il est particulièrement fort.
On continue de décortiquer le jeu de Filppula? Suivez-moi.
Genève – Fribourg 5-2
Lors de ce match, le coach Jan Cadieux a fait le changement de mettre Miranda avec Filppula et Winnik à la place de Praplan. Si l’on évalue l’ensemble de cette rencontre, le Finlandais a fait un bon match même s’il a été moins précis sur ses 'puck touches'. Il n’y a eu que trois séquences durant lesquelles il a touché la rondelle à plus d’une reprise. Cela se ressent au niveau du temps de possession.
Si l’on analyse son match, on constate qu’il a reçu de nombreux pucks lorsqu’il était à l’arrêt en sortie de zone… et à l’aile. C’est embêtant en sachant que c’est un joueur de centre qui aime recevoir des passes en milieu de glace. Six de ses possessions négatives proviennent de ce type de passes. C’est toujours un mauvais signal lorsque ton joueur de centre reçoit de telles passes contre la bande et non plein axe. Malgré tout cela, il a été très dangereux en power-play et, surtout, il a été excellent dans le maintien de l’espace entre la bande et lui.
Voici un exemple.
Cela lui a sans cesse permis de créer un espace entre son adversaire et lui-même lorsque le marquage était bon. Cette qualité lui permet d’exécuter ses jeux malgré tout. La plupart des joueurs, dans ce genre de cas de figure, se font presser contre la balustrade. Ce n’est pas son cas. Son jeu défensif lui a permis de prendre possession du puck plus rapidement et cela fait toute la différence. Il est même le meilleur compteur de Genève après cette rencontre.
Lausanne – Genève 1-5
Certes, un échantillon de trois matches, ce n’est pas énorme. Mais plusieurs faits de jeu intéressants en ressortent. Valtteri Filppula a disputé 65 shifts. Sur ce nombre, il n’y a que 19 occurrences lors desquelles il n’a pas touché le puck une seule fois. C’est vraiment très peu. Il construit son offensive sur des passes directes et possède une très bonne canne pour récupérer des pucks. Ce n’est pas un joueur capable de générer de l’attaque en gagnant des duels à 1 contre 1. Dans ces situations, on a souvent l’impression qu’il se heurte à un mur lorsque c’est le cas.
Sa grande force, par contre, c’est d’attirer les joueurs en périphérie et, d’ensuite, les sortir du jeu à l’aide d’une passe directe, comme dans l’exemple ci-dessous. Je vous laisse admirer le travail.
Ce n’est pas un gars qui joue nécessairement beaucoup dans les bandes ou qui utilise les espaces libres. Mais il a une capacité à beaucoup changer de position en zone offensive, ce qui l’amène à créer la confusion dans les défenses adverses. Bref, il arrive toujours à se faire oublier au deuxième poteau. Le fait qu’il joue également régulièrement contre des deux ou troisièmes paires de défense depuis le début du championnat explique en partie son succès en zone offensive.
Si j’ai un conseil pour les coachs qui aimeraient tenter l’expérience avec de jeunes joueurs, il est important de faire cet exercice avec son joueur sur le moment et non plus tard. Il faut être en mesure d’entendre et de comprendre sa vision du jeu et ses arguments concernant ses prises de décision. Choisir un échantillon de jeu de plusieurs matches avec un total de minutes élevé est important. N’oublions pas que la défensive se joue beaucoup sur des arrêts et des démarrages rapides, tandis que l’attaque est davantage basée sur le mouvement avec et sans le puck.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 |  Lausanne HC | 2 | 4 | 6 | |
2 |  ZSC Lions | 2 | 3 | 5 | |
3 |  Rapperswil-Jona Lakers | 2 | 2 | 5 | |
4 |  EHC Kloten | 2 | 2 | 4 | |
5 |  SC Berne | 2 | 1 | 4 | |
6 |  EV Zoug | 1 | 1 | 3 | |
7 |  SCL Tigers | 2 | 0 | 3 | |
8 |  HC Lugano | 2 | 1 | 3 | |
9 |  HC Fribourg-Gottéron | 2 | 1 | 3 | |
10 |  HC Ambri-Piotta | 2 | -2 | 2 | |
11 |  HC Davos | 2 | -3 | 1 | |
12 |  Genève-Servette HC | 1 | -1 | 0 | |
13 |  EHC Bienne | 2 | -3 | 0 | |
14 |  HC Ajoie | 2 | -6 | 0 |