Puckingham Palace
En visite chez les fans de hockey britanniques présents à Prague

Parmi les 15'000 (!) spectateurs du match Suisse - Grande-Bretagne (3-0), une cohorte bigarrée en provenance du Royaume-Uni a égayé la patinoire. Visite chez ces spectateurs pour le moins atypiques.
Publié: 16.05.2024 à 02:27 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«J'ai connu des Mondiaux de division inférieure. Je suis allé aux Pays-Bas voir des matches contre l'Estonie ou la Roumanie.» Présent dans la O2 Arena, David semble à peine y croire. Mais le miracle britannique a encore eu une fois lieu puisque la «Team GB» a obtenu sa promotion l'an dernier dans l'élite. «Mais qu'on soit en première, deuxième ou même en troisième division, peu importe. Je serai là pour les soutenir.»

Comme lui, ils sont plusieurs centaines à avoir effectué le déplacement de Prague au sein du «Great Britain Supporters Club». À la tête de cette aventure, un couple: Annette et Allan Petrie. Ils viennent du grand Londres et sont les responsables de ce groupe de supporters. «Il y a 900 membres, avance fièrement Allan. Nous avons un job à part entière et c'est notre hobby de tout mettre en œuvre pour nous rendre sur les tournois, chaque année.»

À Prague, ils sont plusieurs centaines à avoir fait le déplacement. «Logistiquement, c'est plus compliqué dans une grande ville comme celle-ci, précise Annette. On ne peut pas réserver un hôtel complet comme nous l'aurions peut-être fait aux Pays-Bas ou en Estonie. Mais ce sont de bons problèmes à avoir. Nous sommes très fiers de suivre cette équipe.»

Martyn Joy et Philip Sutton (avec les perruques, de g. à dr.) et leur amis.
Photo: G.B.
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Fans d'une «petite» nation, ils ont, à force, noué des liens privilégiés avec les internationaux. «Nous les voyons en fin de tournoi pour décerner les prix aux meilleurs joueurs, précise Allan. Ce regroupement a également une dimension sociale et il permet à des gens de vivre ensemble cette passion pour le hockey sur glace.»

«On me regarde bizarrement»

À quelques mètres de là, plusieurs supporters de la Grande-Bretagne sont attablés et notent un score sur un calepin. «La Suisse va gagner 4-1», précise l'un d'entre eux en sortant un billet de sa poche. Quelques centaines de couronnes tchèques - moins de 20 francs - sont pariés. Point de bookmaker à Prague, les fans de la Grande-Bretagne organisent eux-mêmes les paris. C'est comme s'ils tentaient d'importer leurs us et coutumes en Tchéquie.

«C'est comme chez nous, mais la bière est beaucoup moins chère», pouffe Charley, entouré de ses amis. «Je suis gallois, contrairement aux autres, précise son pote, Geraint. Ces matches nous permettent de nous unir alors que nous ne supportons pas la même équipe. Entre Belfast, Cardiff ou Sheffield, nous sommes des supporters d'horizons très divers.» Geraint a d'ailleurs sympathisé avec des Davosiens lors d'un voyage de Champions League dans les Grisons durant la saison 2022-2023 avec les Belfast Giants. 

L'espoir de rester dans l'élite

«On se revoit en demi-finale?», Charley éclate de rire au moment de prendre congé. Si tous sont fiers de soutenir le Petit Poucet de la manifestation, personne n'est dupe. Ce serait un miracle de se maintenir dans l'élite. «Nous avons réservé jusqu'au terme du tour préliminaire, car la compétition s'arrêtera là pour nous», conclut Ellie dans l'espoir que le maintien sera au rendez-vous.

Martyn Joy et Philip Sutton sont déjà prêts à remettre le couvert l'an prochain. «Moi, cela ne fait que quelques années, mais Philip est présent depuis toujours ou presque, rigole Martyn. Nous n'avons pas de club attitré au pays. Nous, notre club, c'est la Grande-Bretagne.» Les deux amis affublés de perruque tricolores enchaînent les anecdotes de «vieux combattants» et anticipent un match pour le moins compliqué face à la Suisse. 

«Nous menions contre le Canada»

Car lors des matches de la Grande-Bretagne, il se peut qu'il se passe davantage de choses dans les tribunes que sur la glace. C'était du moins le cas contre la Suisse, mercredi soir, au terme d'un match à sens unique. «Mais je te rappelle que nous menions 1-0 contre le Canada», a rétorqué David, britannique pure souche présent à Prague. Vrai, la «Team GB» avait ouvert la marque contre l'équipe à la feuille d'érable. «Je pense n'avoir jamais autant crié dans une patinoire», sourit-il.

Par la suite, le Canada a fait la différence et largement gagné. «Il se peut que nous ayons inventé un chant sur Connor Bedard (ndlr la future star de 18 ans qui joue pour le Canada).» Quelle en était la teneur? «On ne peut pas l'écrire dans les journaux, mais promis, ce n'était pas une insulte.» Un chant sarcastique dont les fans britanniques ont le secret? «Il se peut», rigole-t-il. En ont-ils en réserve pour les joueurs de l'équipe de Suisse? «Pas encore, mais on se laisse surprendre (rires). Mais vos joueurs ont des noms trop compliqués. C'est difficile d'inventer des chants.»

«On remonte en 2025 pour venir en Suisse»

Finalement, les fans de «Team GB» ont surtout vociféré en faveur de leur équipe sur des airs bien connus des fans de football. «Quand je dis à mon entourage que je prends deux semaines de vacances pour aller voir un tournoi de hockey sur glace, j'ai droit à des regards bizarres, rigole Martyn Joy. Mais à force, les gens savent que c'est ma passion. Et n'oublions pas que le hockey sur glace est le plus grand sport indoor en Grande-Bretagne. Les matches à Sheffield, par exemple, sont suivis par près de 10'000 personnes. Si l'on compare ce que l'on vit aujourd'hui à nos débuts, la différence est immense.»

Toutes les personnes rencontrées n'avaient qu'une volonté: rester en première division. Ou y revenir le plus vite en cas de relégation. «Surtout qu'en 2026, c'est chez vous en Suisse, non?», questionne Charles, sur la table adjacente. Précisément. «Si on tombe cette année, on remonte en 2025 pour venir dans votre pays. Mais j'ai tout de même une crainte pour un Mondial en Suisse. Le prix de la bière.» Éclats de rire général et accolades ont rythmé cette soirée qui a vu la Suisse dominer de la tête et des épaules la Grande-Bretagne. Mais pour le Club de Supporters, l'essentiel était ailleurs. La camaraderie de ces moments a autant, si ce n'est plus, de valeur à leurs yeux. 

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