Un plat du pied parfaitement maîtrisé. Un contre-pied et la Guadeloupe a remporté sa finale de qualification pour la Gold Cup. Une compétition – équivalent de l’Euro – qui désigne l’équipe championne de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale et des Caraïbes. Ce plat du pied vainqueur a été l’œuvre de Dimitri Cavaré, défenseur du FC Sion. A Orlando mardi soir, c’est lui qui a tiré le dernier tir au but… et le premier aussi, d’ailleurs.
«Regardez la vidéo, je souriais»
Le Valaisan a tiré à deux reprises car, dans cette rencontre décisive, la séance s’est terminée sur le score de 10-9. Cavré, lui, avait inscrit le 1-0 et donc le 10-9 décisif. «En général, j’aime tirer le tout premier. Comme ça si tu rates, ce n’est pas décisif», se marre le joueur de 26 ans formé au RC Lens. Pourtant, à l’écouter, l’échec n’était pas une option dans le stade de Fort Lauderdale en Floride. «Quand tu te présentes sur le point de penalty, tu dois être convaincu que tu vas marquer, poursuit-il. Moi, je savais que je ne manquerais pas ce tir au but décisif. D’ailleurs vous pouvez aller voir la vidéo. Je souriais au moment de m’avancer. J’étais concentré, mais je savais que j’allais nous qualifier.»
La Guadeloupe est un département d’Outre-Mer français, mais peut disputer des rencontres officielles sur le plan continental depuis le début des années 80 et un accord signé entre la Fédération française de football (FFF) et la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF). Une participation aux Jeux olympiques et à une Coupe du monde est toutefois exclue. C’est dans ce cadre que les «Gwada Boys» disputeront leur quatrième Gold Cup après 2007, 2009 et 2011. «J’ai reçu tellement de messages depuis cette qualification, apprécie Dimitri Cavaré. C’est un bel accomplissement pour toute l’équipe mais aussi à titre individuel.»
Retour à Sion
Le tableau n’est toutefois pas totalement rose. En effet, le Guadeloupéen ne pourra pas disputer cette compétition internationale avec sa sélection. «J’avais pourtant pris suffisamment d’affaires avec moi, rigole-t-il. Mais le FC Sion m’attend pour la fin de la préparation avant le début du championnat face à Servette le 25 juillet prochain. Ce sera un derby, donc un gros match.» Dans sa voix, forcément, une pointe de déception. «Je ne peux pas vous dire le contraire, lâche-t-il franchement. Après le match, j’ai écrit au président pour lui donner le résultat et il m’a félicité tout en me précisant qu’il m’attendait bientôt à Sion. En un sens, c’est normal. Je suis un employé du club.»
Il suivra donc depuis la Suisse la suite de cette belle aventure. «Je suis persuadé que personne ne nous imaginait nous qualifier, rigole-t-il. C’est pour cela que tous les joueurs doivent désormais parler avec leur club pour savoir s’ils restent ou non.» Reversé dans le Groupe C de la Gold Cup, la Guadeloupe défiera le Costa Rica (12 juillet à Orlando), la Jamaïque (16 juillet, Orlando) et le Suriname (20 juillet, Houston). «Même disputer ne serait-ce qu’un des trois matches m’aurait déjà fait plaisir», remarque Dimitri Cavaré.
Bonne préparation
Une chose est sûre, cette phase qualificative pour la Gold Cup a représenté une belle opportunité de se maintenir en forme pour le défenseur. «J’ai joué deux matches complets et je me sens bien, détaille-t-il. En rentrant en Suisse, je pense que j’aurai droit à un ou deux jours pour souffler, mais ensuite je sais que nous jouerons contre Kiev et Bruges avant de recommencer les choses sérieuses.» Il connaît le calendrier presque par cœur, preuve que son esprit est déjà rivé sur Tourbillon, même si physiquement, il est encore en Floride.
La saison dernière, Dimitri Cavaré avait longuement été «placardisé» par Fabio Grosso en début de saison. Son retour en grâce avait coïncidé avec l’arrivée de Marco Walker, en toute fin de saison. Titulaire lors des neuf derniers matches de la saison – ses neuf premiers –, il avait été plus que convaincant. «Le fait que le club insiste pour que je sois là dès le début de saison est un signal positif, remarque-t-il. Cela montre que l’on compte sur moi.» Et comme il a vécu une dernière saison compliquée, il ne va surtout pas faire la fine bouche devant cette chance de prouver sa valeur sur une saison entière.
Mais entre le 12 et le 20 juillet, il aura tout de même dans un coin de la tête ses potes, les «Gwada Boys», qui tenteront d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football guadeloupéen. En 2007, la sélection insulaire avait atteint les demi-finales. A l’époque, Jocelyn Angloma était la vedette de l’équipe. Aujourd’hui, il en est le sélectionneur.