Constantin veut partir en 2024
Le FC Sion, un monument voué à disparaître?

Christian Constantin affirme vouloir arrêter de s'investir dans le FC Sion à partir de juin 2024. Le club valaisan quitterait alors le football de haut niveau.
Publié: 19.01.2023 à 06:17 heures
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Dernière mise à jour: 19.01.2023 à 11:16 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Le FC Sion connaît sa date de péremption. Son président, Christian Constantin, affirme qu’il cessera d’investir dans l’institution d’ici à juin 2024. «Le club retrouvera alors sa place naturelle dans les ligues amateurs», prédit le bouillant dirigeant. L’équipe valaisanne quitterait la Super League pour la Promotion League, 3e division du pays.

«La disparition du FC Sion de l’élite serait naturellement regrettable pour le football suisse dans son ensemble, parce qu’il s’agit d’un véritable club de tradition», a reconnu Claudius Schäfer auprès de Blick. Le CEO de la Swiss Football League a refusé de s’étendre davantage sur ce dossier épineux.

Une annonce qui masque sa condamnation

Mais faut-il vraiment croire «CC» quand il dit qu’il en a assez? N’est-ce pas là un nouveau stratagème de l'habile tribun? Le dirigeant avait une nouvelle fois brandi l’annonce de son départ… le jour même où le Tribunal fédéral l’a condamné dans un litige fiscal.

Christian Constantin a affirmé à plusieurs reprises que son fils Barthélémy (à dr.), actuel directeur sportif, ne pourrait pas reprendre la tête du club à son départ.
Photo: Keystone

«Christian aime bluffer et mettre la pression en public pour faire avancer les choses, mais là, j’ai quand même l’impression qu’il arrive au bout», confirme Alain Joseph, qui avait vendu le Lausanne-Sport en 2017.

Les autorités restent optimistes

Alors, est-ce un énième contre-feu? «Non, ma carrière est derrière moi», persiste Christian Constantin. En novembre, le dirigeant avait déjà dénoncé, à partir de 2025, le contrat qui le lie à la ville de Sion pour la location de Tourbillon.

«C’est le seul patron à bord et il peut se retirer quand il veut, appuie Edmond Isoz, ancien président de la ligue. Il connaît bien le business et même les contrats des joueurs qui courent après 2024 ne seront pas un problème pour lui.»

Conseiller d’État valaisan chargé des Sports, Frédéric Favre semble s’être fait une raison: «Je peux comprendre sa position, après tant d’années d’investissement. Cela dit, je reste optimiste dans le fait que le FC Sion puisse continuer à enflammer le canton, sous un autre modèle.»

«CC» prêt à vendre, mais…

Le club de Tourbillon est devenu indissociable de son président. Christian Constantin (qui a fêté son 66e anniversaire début janvier) est en poste depuis 2003, après un premier passage entre 1992 et 1997. Une éternité. Il a construit le mythe d’un président mécène. Son investissement dans le FC Sion est estimé à 92 millions de francs au total. Une perfusion, en partie amortie par certains transferts, qui a aussi permis au promoteur immobilier de générer des affaires en dehors du football.

Et si le FC Sion était vendu? «Si quelqu’un a les moyens, je suis prêt à discuter, lâche le président. Le problème, c'est que ça fait un moment qu’on en parle, mais personne ne veut mettre de l’argent. J'estime qu'il faut environ 10 millions par an pour faire tourner la boutique.»

L’épine Tourbillon

Le président pointe aussi le manque d’infrastructures comme un obstacle majeur. «Tourbillon n’appartient pas au club et c’est l’un des plus vieux stades de Suisse. Il y a un fort manque à gagner. En plus, l’équipe s’entraîne sur huit terrains qui font partie de ma propriété privée. Si on veut construire un camp d’entraînement et avoir un stade digne de ce nom, il faut au moins mettre 150 millions.»

Les autorités valaisannes pourraient-elles intervenir pour trouver le sauveur du club? «Nous sommes toujours prêts à aider si besoin, mais Christian Constantin a assez de compétences dans ce domaine, répond Frédéric Favre. La Ville de Sion et le Canton ont déjà pas mal investi pour que le stade soit aux normes européennes.»

Bientôt le FC Sion City?

Un scénario crédible serait le rachat par une grande structure qui possède plusieurs clubs. «C'est probablement l'option la plus sûre pour Sion, explique Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football au Centre international d’étude du sport (CIES). La Super League est intéressante parce qu’elle valorise ses talents. C’est un championnat reconnu et accessible pour les recruteurs.»

Récemment, Lugano (avec le Chicago Fire) et Lausanne (avec INEOS) sont entrés dans ce moule de la multipropriété, avec un succès fluctuant jusqu'ici.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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