Coach intérimaire et... champion!
Joël Magnin: «Tu récoltes ce que tu sèmes»

L'entraîneur d'YB Joël Magnin raconte dans la grande interview du champion comment il a ramené l'équipe sur la voie du succès, quelle expérience négative l'a marqué et quelle est sa recette anti-stress.
Publié: 21.05.2024 à 12:11 heures
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Alain Kunz

Un entraîneur intérimaire est devenu champion de Suisse! Son nom? Joël Magnin, bien sûr. L'ancien coach de Xamax a accompli cet exploit avec YB et accorde à Blick sa première interview en tant qu'entraîneur champion.

Joël Magnin, champion de Suisse en tant qu'entraîneur. A quel point ces mots mis ensemble vous touchent-ils?
Je suis très heureux et naturellement très fier. Aussi parce que je suis dans ce club depuis longtemps. Mais surtout, j'ai un très bon staff autour de moi. Des gens extrêmement compétents qui m'ont beaucoup aidé. Et l'équipe m'a extrêmement bien accueilli. Les garçons ont pris beaucoup de responsabilités. En tant qu'entraîneur d'YB, on a beaucoup d'instruments à disposition. On sent le professionnalisme et que tout le monde travaille dans la même direction. Et Raphaël Wicky, qui a entraîné l'équipe pendant dix mois de la saison, y est bien sûr pour beaucoup.

Mais vous avez déjà été champion: trois fois avec GC en tant que joueur. Quelle est la différence la plus importante?
En tant que joueur, les émotions sur le terrain sont énormes. Plus grandes que celles d'un entraîneur. Il serait instructif que chaque joueur, avant de devenir joueur, ait été entraîneur. Pour qu'il voie le travail qu'il faut fournir pour gérer une équipe.

Joël Magnin a pris beaucoup de temps pour discuter avec ses joueurs, ici avec Kastriot Imeri avant son retour.
Photo: Pius Koller
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Le bilan de vos trois premiers matches était mitigé: victoire, défaite, match nul.
J'ai trouvé une équipe qui n'était pas en pleine confiance. Peu à peu, nous l'avons reconstruite avec des entretiens individuels et des événements en dehors du terrain. Sur le plan du jeu, tout n'était pas encore au top, mais la solidarité était là.

Qu'est-ce qui a été entrepris en dehors du terrain?
A Thoune, lors d'un très court camp d'entraînement, nous avons par exemple joué au Laser Mission City, un jeu avec des lasers au Cinedome de Muri. Là, des équipes s'affrontent et il s'agit de faire preuve de stratégie. Mais aussi le bowling. Du poker. Un quiz pour tout le monde. Que des petites choses. Ce mini-camp a permis de souder davantage l'équipe. Nous avons senti qu'en cas de coup dur, elle avait des atouts de son côté. Et ce plus, on peut aussi le provoquer d'une certaine manière avec ce genre de choses.

Au poker par exemple? À l'écran ou avec de vraies cartes, physiquement?
Je n'y étais pas, mais il y avait de vraies cartes.

Mais tout était imposé par le staff?
Non. Les joueurs ont aussi mis en œuvre leurs propres idées et ont fait des choses ensemble. Ainsi, ils sont allés manger ensemble à l'extérieur. Les garçons ont pu choisir, décider eux-mêmes. Cela m'a montré que cette équipe vit et veut se rapprocher.

Quelle est la valeur de la cohabitation des joueurs en dehors du terrain pour vous en tant que coach?
Cela fait maintenant deux bons mois et demi que je suis en poste. C'était l'un des objectifs que nous avions défini, car nous pouvons exercer une influence dans ce domaine. On ne peut pas réinventer le football. Mais donner confiance à chacun et rapprocher l'équipe. Cela a plutôt bien fonctionné.

Avec vous, le chef de la relève Gérard Castella a rejoint le staff en tant que deuxième entraîneur adjoint. Quel était son rôle?
Je connais bien sûr très bien Gérard du côté de la relève. Avec son immense expérience, il sent des choses que je ne vois peut-être pas. Il sait très bien analyser les matches. Aucun détail ne lui échappe. C'est très utile. Bien sûr, à la fin, c'est moi qui décide qui joue et qui ne joue pas. Mais ces détails aident, sans aucun doute. En outre, Gérard est également au top sur le plan humain.

Est-ce que c'était votre idée de le faire venir dans le staff?
Non, j'ai été convoqué et on m'a dit que le plan était que je prenne en charge l'équipe comme entraîneur intérimaire jusqu'à la fin de la saison, avec Zoltan Kadar et Gérard Castella comme assistants. C'était un bon plan.

Votre seule expérience en tant qu'entraîneur d'une première équipe a été avec Xamax. Cela s'est très mal passé. Vous avez été licencié à six matches de la fin. Finalement, Xamax a quand même été relégué. Quelle a été l'importance de cette expérience négative pour votre carrière?
Après coup, extrêmement important. D'une part, parce que j'ai pu faire mes premiers pas en Super League. D'autre part, le dieu du football m'a d'abord envoyé dans un endroit où je devais apprendre et acquérir de l'expérience. Il faut ensuite analyser cela et y réfléchir pour s'améliorer. Ce qui est important pour moi dans la vie, c'est d'avoir le courage d'essayer quelque chose. En acceptant le risque de tomber. C'est la seule façon d'apprendre. C'est exactement ce qui s'est passé.

Quand je dis que vous n'aviez que l'expérience de Xamax en tant qu'entraîneur en chef, j'ai tort en fait: vous avez occupé ce poste à YB pendant 22 heures et quelques minutes en 2013...
Oui, exactement. Mais à ce moment-là, il était déjà clair que Bernard Challandes prendrait le relais l'après-midi. J'ai eu la chance de pouvoir tout de même diriger un entraînement. J'ai ensuite été son assistant jusqu'à la fin de la saison. D'ailleurs, j'ai aussi été assistant pendant six mois au FCZ, sous Massimo Rizzo. J'y ai aussi appris des choses. Mais la responsabilité d'entraîneur principal est évidemment tout autre.

Il est maintenant convenu que vous retournerez chez les M21 à la fin de la saison. Cela ne vous pose-t-il pas de problème? On peut s'imaginer qu'en tant qu'entraîneur de champion, on développe certains désirs qui vont au-delà du poste d'entraîneur de la deuxième équipe.
En tant qu'entraîneur, tu as les mêmes émotions. Peu importe que tu gagnes un match des M21 ou un autre avec la première équipe. Bien sûr que je suis très heureux de travailler comme entraîneur de l'équipe de Super League. Et bien sûr, il y a beaucoup plus de spectateurs et d'activités autour de l'équipe. Mais le travail en lui-même est le même. Et celui sur le terrain me donne énormément d'énergie. Mais je ne peux pas répondre maintenant à la question de savoir ce que cela fait de faire ce pas en arrière après le titre de champion. Je dois d'abord le vivre. Tout ce que je peux dire, c'est que je n'avais pas cet état d'esprit de manque lorsque je suis revenu de Xamax aux M21 d'YB. Je me sens très bien au sein de la relève d'YB.

D'accord, mais à l'époque, vous reveniez d'un échec. Maintenant, vous êtes champion de Suisse.
Je vois maintenant aussi l'un ou l'autre des M21 qui s'entraîne avec la première équipe. Les voir progresser de la sorte fait plaisir. Mais justement: Il m'est impossible de dire maintenant ce qu'il en sera de mes émotions.

Et pourtant: diriger une équipe à Cham - sans vouloir offenser Cham, bien au contraire - devant 300 spectateurs ou au Wankdorf devant 30'000 fans, ce sont deux mondes complètement différents.
Bien sûr. Mais après le match à Cham, tu peux aller à la buvette, boire un verre et parler de Dieu et du monde avec les gens. C'est aussi quelque chose de beau, que l'on ne peut peut-être pas faire à Bâle ou à Genève... Ce sont des choses qui comptent aussi pour moi.

Vous avez deux fils. Sont-ils en train de devenir de futurs joueurs de bon niveau?
Le plus grand a 19 ans et joue au tennis. Le plus jeune, qui a 14 ans, joue avec les M14 d'YB. Nous verrons bien.

Que faites-vous quand vous n'êtes pas en déplacement pour le football?
Je me promène avec la famille et notre chien, un cobberdog australien qui s'appelle Ciro. Comme Immobile... Ou alors je vais pêcher dans le lac de Neuchâtel ou dans l'Oberland bernois. C'est mon programme anti-stress et anti-pression.

La pêche vous permet de vous procurer un repas sain...
Sur le lac de Neuchâtel, oui. J'y ai un bateau avec un collègue. Et si je ne pêche pas, j'ai mon frère. Il est pêcheur professionnel.

Et si vous pêchez trop, vous pouvez lui vendre les poissons.
C'est très rare!

Quelle est votre philosophie de vie?
Ma devise est: tu récoltes ce que tu sèmes.

Quel est l'événement de votre vie qui vous a le plus marqué?
La naissance de mes fils, bien sûr. J'y ai assisté deux fois. Lors du premier, j'étais encore joueur, d'YB, et je me suis fait remplacer à la mi-temps pour aller de Zurich à Berne à l'hôpital quand le moment est venu.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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