Celestini, YB, Kosovo, Top 6
Benjamin Kololli: «Remporter un titre avec le FC Bâle serait énorme»

Benjamin Kololli a déposé ses valises à Bâle cet hiver après avoir passé deux ans au Japon. Pour Blick, le Vaudois est revenu sur ses débuts avec le club rhénan et a fait part de ses ambitions.
Publié: 10.03.2024 à 07:29 heures
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Bastien FellerJournaliste Blick

Comment vis-tu ce retour en Suisse?
Ça se passe très bien, je suis content. J'ai eu un petit pépin physique cette dernière semaine, mais ce n'est pas trop grave donc ça va. Je n'ai pas raté beaucoup de matches. Je suis content d'être de retour en Suisse, de voir plus souvent ma famille et mes amis.

Quand je t'ai appelé lorsque tu étais encore au Japon, tu m'avais dit qu'il y avait une grosse différence de niveau entre notre championnat et la J League. Après avoir passé deux ans loin de la Suisse, as-tu le sentiment que la Super League a progressé?
J’ai toujours le même avis. Quand je vois l'état des pelouses en Super League... Avant, tu te réjouissais de jouer au Parc Saint-Jacques parce qu’ils avaient la meilleure pelouse de Suisse. Aujourd'hui, elle est bien, mais elle n'est pas non plus fantastique. Au Japon, il n'y avait pas une pelouse qui était en mauvais état comme on le voit beaucoup en Suisse. Après comme je le dis toujours, les budgets sont bien plus élevés là-bas. Le foot est plus joli à voir, ça joue mieux. Ça a un peu confirmé mes dires.

Est-ce que le Japon te manque?
Franchement, oui. Il y a quelques trucs qui me manquent bien sûr. Mais je suis hyper content d’être venu ici. J'ai la chance d'évoluer dans le meilleur club de Suisse. Ça reste quand même le numéro un pour moi et je pense pour 90% des Suisses.

Benjamin Kololli a rejoint cet hiver le FC Bâle.
Photo: TOTO MARTI
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Le choix s’est donc fait rapidement lorsque tu as eu cette opportunité de venir à Bâle...
Oui, clairement. Pour bon nombre de joueurs de foot, s'ils ont l'opportunité de signer au FC Bâle, ils y vont direct. On voit même encore aujourd'hui avec cette situation qui n'est pas évidente, ils ont quand même fait énormément de transferts l'année passée. Tu sens qu'il y a quelque chose qui est différent ici.

Le fait qu‘il y ait Fabio Celestini à la barre, un entraîneur que tu connais, a confirmé encore un peu plus ta volonté de venir à Bâle?
Oui, bien sûr. Mieux, je n'aurais pas pu espérer. C'est un retour en Suisse vraiment parfait pour moi.

Quel est ton rapport avec Fabio Celestini?
Très bien. J'ai eu une mésentente avec lui lors de ma première saison à Lausanne. Mais bon, je n'étais pas non plus le joueur le plus facile à gérer. Aujourd'hui, c'est différent, je suis une autre personne, j'ai plus de maturité, etc. Mais on est rapidement passés au-dessus et depuis le deuxième tour de cette même saison, je me suis toujours très bien entendu avec.

Benjamin Kololli et Fabio Celestini se sont retrouvés à Bâle après avoir déjà collaboré au LS.
Photo: Marc Schumacher/freshfocus

Il a récemment dit dans une interview à KMedia qu'il a mûri et qu'il a progressé dans son approche. Le ressens-tu aussi?
Tout à fait, et pas seulement moi. Beaucoup de gens qui ont travaillé avec lui à l’époque et à nouveau plus tard m’ont dit ça aussi. Après, ce n'était pas facile, c'était son premier mandat d’entraîneur à Lausanne et ce n'est jamais facile quand tu débutes. Je trouve qu’il s'est beaucoup amélioré sur son approche avec les joueurs. Footballistiquement, il n‘a pas besoin de s'améliorer parce qu'il connaît mieux le foot que la plupart des gens ici en Suisse d’après-moi.

Le groupe est jeune et vous êtes peu de joueurs d’expérience dans le vestiaire. On peut citer Fabian Frei, Marwin Hitz, Michael Lang, Mirko Salvi, Taulant Xhaka et toi. Celestini vous donne-t-il la mission d’encadrer tous ces jeunes éléments plein de talents?
Oui, car ce n'est jamais évident de nos jours de parler aux jeunes. Ce n'est plus comme avant où ils avaient un énorme respect envers les plus âgés. Il nous dit toujours qu'il est derrière nous s'il y a quoi que ce soit. Il vient toujours nous appuyer si jamais. Nous avons tous un très bon rapport avec lui. Il a changé énormément de choses depuis qu'il est arrivé et ça a porté ses fruits. Aujourd'hui, on est dans une bonne situation quand on voit d'où on vient. Il ne faut surtout pas l'oublier. Bien sûr qu'on peut toujours faire mieux, mais la réalité est celle-là Et il faut faire avec.

Comment est Benjamin Kololli dans un vestiaire?
J'ai toujours essayé d'être un gars qui s'entend bien avec tout le monde. J'ai la chance de parler beaucoup de langues et j'ai de l'expérience. J'arrive un peu à faire le lien entre les petits jeunes et les plus vieux parce que je suis un peu au milieu, mais quand même plus du côté des vieux (rires). J'essaye de parler un peu avec tout le monde, de tâter le terrain, de connaître les autres. Ça se passe bien et on espère tous voir le FC Bâle de nouveau où il mérite d'être.

Accompagner les jeunes, c’est un rôle qui te plaît? Te permet-il de continuer d’apprendre?
On a toujours à apprendre. Je suis dans cette mentalité là, comme mes parents me l’ont appris. Je sais comment parler aux jeunes qui sont un peu plus turbulents parce que je l’ai été moi-même. Aujourd’hui, j'ai un peu plus de maturité, comme je l’ai dit avant, et je sais comment me comporter dans des moments où quand tu es jeune tu ne le sais pas forcément.

C'était un beau signe du destin de débuter ton aventure bâloise au Letzigrund, contre le FC Zurich…
Oui, c'était incroyable. Je m'attendais à un moins bon accueil, qu'ils me sifflent plus que ce qu’ils ont fait. Mais je le comprends bien sûr. Ça s'est bien passé et c'est aussi grâce à une adaptation facilitée grâce au fait que je connaissais déjà le coach et la langue. J’ai pu marquer mon premier but dès le deuxième match, donc ça a vraiment bien commencé. En plus, c’est un but contre YB, dans le gros choc du football suisse.

Benjamin Kololli a évolué au FC Zurich de 2018 à 2021.
Photo: freshfocus

Et devant la Muttenzerkurve…
C'était fantastique pour moi, comme le premir but que tu marques en Super League. J'ai eu un peu cette impression là. Il y a eu beaucoup de critiques au début, beaucoup de gens qui se posaient des questions sur moi, si j’étais un bon transfert ou pas. Ce que je comprends d‘ailleurs. J'accepte toujours les critiques et j'ai pour but de prouver aux gens et surtout au FC Bâle que je ne suis pas un guignol, que je ne suis pas venu ici pour me la couler douce. Finalement, les commentaires qui sont ressortis depuis mes débuts sont quand même plutôt positifs.

Ce but a d'ailleurs été décisif...
Ça m'a vraiment fait plaisir de donner cette victoire dans la situation actuelle et contre YB en plus. Ça faisait 3 ou 4 ans que Bâle n'avait pas gagné contre Young Boys devant ses fans. C'était indescriptible, une sensation incroyable. C'est pour ça que tu joues au foot et c’était le meilleur moyen de me faire définitivement accepter par les fans.

Dans la situation dans laquelle se trouvait le FCB, quelle était l’importance de pouvoir compter sur des joueurs venant d’ailleurs, qui n’ont pas vécu ce début de saison catastrophique?
Je pense qu'ils avaient besoin de changement. Après, est-ce que c'est de moi qu’ils avaient vraiment besoin? Je ne sais pas. Mais ce que je dis tout le temps, c'est que peu importe où je suis, je vais essayer de faire de mon mieux et je vais me battre pour l'équipe et pour les couleurs du club. Je suis un gars comme ça et c'est mon job. J'aimerais vraiment gagner un titre avec le FC Bâle parce que je n'en ai jamais remporté. Et ramener quelque chose aux supporters, au club et à la ville serait exceptionnel.

Ce n'est malheureusement pour vous plus possible cette saison...
J'ai signé un an et demi, plus une année en option, donc j'espère qu'il y aura quelque chose à faire la saison prochaine.

Que représenterait pour toi le fait de gagner un titre avec le FC Bâle?
Ça serait pour moi un accomplissement énorme. Je parlais avec Jean-Kevin Augustin de mon parcours et il était choqué quand je lui ai dis que je travaillais au McDo. Je viens de loin, je n’ai pas fait de centre de formation et j’ai signé mon premier contrat pro assez tard. Les gens pensent que tu es un footballeur comme les autres et ne savent pas forcément les sacrifices que tu as dû faire pour en arriver là.

Penses-tu que ce parcours t'a endurci?
Oui, clairement. C'est exactement ce qu’Augustin m'a dit. J'arrive toujours à me remettre les pieds sur terre, à me dire que la situation footballistique peut être mieux, mais aussi qu’il y a pire dans la vie. J’ai compris que je suis chanceux et que je ne dois pas me plaindre.

Pour revenir au FCB. Vous êtes huitièmes du classement, mais les supporters ne vous lâchent pas. Comment expliques-tu cela?
En Suisse, tu n'as qu'à Bâle que c'est comme ça. Ici, les gens te reconnaissent dans la rue. Tu as vraiment l'impression d'être footballeur professionnel. J’ai joué à Sion, Lausanne, Zurich et YB, et c’est bien différent. Ici, c'est la folie. Partout où tu vas c'est rouge et bleu. Le postier est venu chez moi hier, à 20 minutes d’ici, dans le canton d’Argovie, et il m'a souhaité bonne chance pour le match du week-end. Tu as l'impression d'être dans un club des cinq grands championnats européens.

Avec la situation actuelle du club, y a-t-il davantage de critiques ou de bienveillances?
Pour l‘instant, j’ai toujours eu de la bienveillance. C'est peut-être aussi parce que j'ai bien débuté sous les couleurs du FC Bâle. Je n'ai jamais eu aucun problème et j'espère que ça va continuer comme ça. Mais je suis toujours quelqu'un avec qui on peut discuter. Donc si on n'est pas du même avis, ce qui peut arriver, je suis ouvert au dialogue.

Le top 6, y crois-tu encore ou pas?
Bien sûr, même si cela va être dur. Et ce serait con de ne pas y croire. Celui qui n'y croit pas doit rester chez lui. Il faut qu'on soit honnêtes et qu'on se regarde droit dans les yeux dans le vestiaire, qu'on se rende compte de nos qualités et de nos défauts. Avant, tu venais à Saint-Jacques et ils finissaient toujours par gagner. Je me souviens d’un match avec le LS où on gagnait 3-1 à 20 minutes de la fin et on a finit par perdre. Il faut qu'on comprenne que ce n'est plus comme ça, qu'on ne se voie pas plus beau que ce qu'on est et qu'on se batte les uns pour les autres

Le Bellerin (droite) compte 24 sélections avec le Kosovo.
Photo: keystone-sda.ch

Depuis que tu es revenu en Suisse, as-tu eu des contacts avec le sélectionneur du Kosovo?
Non, rien du tout. La liste va sortir à la mi-mars et je ne sais pas ce qu'il en est. J'ai eu une petite blessure et j'espère que je vais revenir rapidement à mon meilleur niveau. Il y a un nouveau sélectionneur et peut-être qu’il voudra rester avec son groupe des derniers rassemblements. On verra bien, mais j’espère être appelé.

Qu'est-ce que cela représente pour toi de jouer pour ton pays?
C'est toujours exceptionnel de jouer pour l’équipe nationale. Donc si je peux y retourner, ça sera avec grand plaisir. Ça m’a beaucoup manqué durant mes deux ans et demi au Japon.

J’imagine que te qualifier pour une grande compétition avec le Kosovo fait aussi partie de tes objectifs de fin de carrière...
Bien sûr. Je serais également très heureux que le pays se qualifie sans moi. Mais je préfèrerais quand même avec moi (rires).

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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