Servette peut-il en profiter?
Le Sheriff est malade, mais fait toujours la loi en ville

Adversaire du Servette FC jeudi, le Sheriff Tiraspol a été humilié à Prague (6-0) et a changé d'entraîneur dans la foulée. Le club transnistrien veut absolument réagir face aux Grenat dans un stade somptueux, qui devrait cependant sonner creux. Visite sur place.
Publié: 26.10.2023 à 08:45 heures
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Dernière mise à jour: 26.10.2023 à 16:18 heures
Tim Guillemin (Tiraspol)

A la veille d'affronter Servette jeudi dans son impressionnant complexe sportif, le Sheriff Tiraspol est en crise. Certes, le club est leader du championnat moldave, mais ce n'est pas cette position qui peut contenter le puissant et très ambitieux club transnistrien, lequel ne peut pas faire autrement que d'être champion chaque année tant son budget et ses infrastructures sont incomparables avec ceux de ses concurrents. Le problème se situe en Europe, la seule compétition qui compte pour ce club avide de reconnaissance, capable d'aller battre le Real Madrid à Bernabeu voilà deux ans à peine.

Des installations absolument incroyables

La visite des installations du Sheriff est d'ailleurs absolument bluffante et sans commune mesure avec ce qui peut être constaté ailleurs dans le football européen, même dans les plus grands clubs d'Espagne, d'Angleterre et d'italie et ce sans exagérer le moins du monde.

En arrivant à Tiraspol depuis Chisinau, à environ cinq kilomètres du centre-ville, se dresse en effet cet impressionnant complexe de plus de 50 hectares et qui s'étend à perte de vue.

Seuls 3000 billets (sur 12'000) ont été vendus pour le match entre le Sheriff et Servette jeudi.
Photo: UEFA via Getty Images

Un stade de 13'000 places, un autre de 8000, plus de dix terrains d'entraînements (en herbe et synthétiques), dont un intégralement couvert, un hôtel, un centre de formation, des bureaux... mais aussi des bassins de natation auxquels la population de Tiraspol peut accéder à prix réduit.

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Le complexe sportif est en effet en partie ouvert et en libre accès, moyennant quelques roubles transnistriens suivant l'activité que l'on veut y pratiquer. Les citoyennes et citoyens s'y rendent en voiture ou dans un trolleybus datant de l'époque soviétique et peuvent y pratiquer leur sport favori.

Le Sheriff, d'ailleurs, rythme la vie de la cité de Tiraspol. Impossible de passer à côté de la société fondée par Viktor Gushan, dont il se dit qu'il a hérité de son surnom (le Sheriff, donc) lorsqu'il était encore officier du KGB. L'homme a fondé un empire qui contrôle la majorité du pays: immobilier, pétrole, téléphonie, commerce, médias... Le Sheriff a un oeil partout. «Quand vous dépensez un rouble à Tiraspol, 90% vont dans sa poche», image un habitant croisé au café au bord de la Dniestr, le fleuve local, mercredi matin.

Supermarchés, stations-services, téléphonie... Le Sheriff est omniprésent à Tiraspol.
Photo: AFP

La section football du Sheriff, pourtant, ne passionne pas tellement la population locale, laquelle ne se rend même pas aux matches de championnat, pourtant gratuits. L'intérêt sportif est nul, le Sheriff étant assuré d'être champion chaque année, avec une équipe composée quasiment intégralement de joueurs étrangers de seconde zone qui cherchent surtout à partir le plus vite possible. L'identification à l'équipe est quasiment inexistante, mais le complexe sportif, notamment les bassins de natation, sont très bien fréquentés, y compris en ce mercredi après-midi où de nombreux enfants sont présents.

Seulement 3000 billets vendus pour l'instant

Les matches de Coupe d'Europe attirent un peu plus de monde, mais la venue de Servette ne présente que peu d'intérêt pour la population locale. A la veille du match, seuls 3000 billets étaient ainsi vendus, avec 9000 places encore disponibles. Le coup d'envoi à 22h, heure locale, ne contribue pas non plus à rendre ce match attractif, d'autant que le stade est un peu loin du centre-ville.

Armel Zohouri et le Sheriff restent sur un 6-0 encaissé à Prague

Et puis, le Sheriff, on l'a dit, est en crise, ce qui n'aide pas non plus pour créer un engouement populaire. Armel Zohouri, ancien latéral du LS, et ses coéquipiers ont perdu 6-0 face au Slavia Prague lors de leur match précédant en Europa League, après s'être incliné (avec les honneurs cette fois) face à la Roma (2-1 à Tiraspol). Cette humiliation a coûté son poste à l'entraîneur Roberto Bordin, lequel a été prié de s'en aller voilà quelques jours. Roman Pilipchuk, ancien footballeur professionnel soviétique, passé entre autres par l'Ukraine, la Russie, le Tadijkistan, la Biélorussie, vient de le remplacer et il n'en fait pas mystère: l'équipe est sonnée par ce 6-0 encaissé en Tchéquie.

Un nouvel entraîneur depuis quelques jours

«Notre situation n'est pas bonne et ce match de jeudi est un grand défi pour nous. Nous serons prêts. Quand je suis arrivé ici, voilà quelques jours, j'ai été impressionné par les infrastructures. Tout est de grande qualité et je n'ai qu'une envie: retrouver la musique de la Champions League», a expliqué celui qui a déjà disputé cette compétition lorsqu'il était assistant de Massimo Carrera au Spartak Moscou.

«Mais avant de rêver à la Champions League, nous devons faire bonne figure en Europa League afin de poser les bases de nos succès futurs. Un match de Coupe d'Europe, quel qu'il soit, n'est jamais ordinaire. C'est un événement. Nous voulons être à la hauteur et nous nous sommes bien préparés. Nous voulons gagner nos premiers points dans cette compétition», a-t-il prévenu ce mercredi, à la veille d'affronter Servette.

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