Les héros de 2017 racontent
Quand des amateurs lausannois faisaient tomber un FC Sion arrogant

Le SLO et les Valaisans se retrouvent ce samedi à la vénérable Pontaise (17h) pour un seizième de finale de Coupe suisse. Il y a quatre ans, le club vaudois était d'une toute autre dimension. Les joueurs d'Andrea Binotto avait réussi un exploit historique.
Publié: 18.09.2021 à 09:46 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

En Suisse, personne n’a oublié la provocation de Paul Pogba pendant le huitième de finale remporté par la Suisse à l’Euro cet été. Le Français s’était permis de chambrer ses adversaires en dansant après le 3-1. Mal lui en a pris.

Dans le sud de Lausanne, personne n’a oublié la provocation de Pajtim Kasami pendant le 16e de finale de Coupe suisse contre le Stade Lausanne Ouchy en 2017. Le joueur du FC Sion s’était permis de chambrer le public adverse après le 0-1. Mal lui en a pris.

Une célébration spectaculaire

Comme la Nati au championnat d’Europe, les amateurs – qui jouaient alors en Promotion League – ont retourné la situation. Ils ont fait tomber des arrogants Valaisans, pourtant amoureux de la Coupe suisse. Bradley Bavueza avait égalisé (1-1, 81e) puis Sonny Kok avait libéré le petit stade de Samaranch durant les prolongations (116, 2-1).

L'entraîneur lausannois Andrea Binotto embrasse Sonny Kok, buteur décisif.
Photo: Keystone
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Dans un état second, le fils de Robert Kok, ancien grand joueur du Lausanne-Sport, avait fêté ce but décisif avec un saut spectaculaire. «À ce moment, c’était surtout un sentiment de délivrance qui m’a traversé la tête. Il faisait chaud, on avait tellement souffert et on s’était battus comme des fous. Je voulais partager cette qualification historique avec tout le monde.» Aujourd’hui, l’attaquant de 31 ans ne joue plus qu’avec les seniors de Saint-Prex, mais ce jour de septembre 2017 reste marqué dans sa mémoire.

Un chauffeur de taxi magique

Le maître à jouer des amateurs lausannois s’appelait Ahmed Mejri. Le Tunisien menait une triple vie à l’époque. Chauffeur de taxi, il suivait des cours de Master à l’Université de Lausanne et illuminait les pelouses romandes avec sa technique en velours. «Je me souviens bien que Kasami avait chauffé le public (ndlr: surtout composé de juniors de clubs et de familles) et qu'il avait voulu faire le malin, explique-t-il au téléphone, avant d’ajouter en rigolant. Je l’ai calmé en lui passant un petit pont. C’était un grand moment.» Aujourd’hui, le milieu offensif joue en première division tunisienne avec le CS Hammam Lif. Le joueur de 31 ans a enfin accédé au statut de professionnel qui correspond à son talent.

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L’entraîneur Andrea Binotto vient d'être éliminé de l’édition 2021-2022 de la Coupe suisse vendredi soir avec Xamax (0-1 contre Lugano). C'est lui qui avait mené ses hommes vers l’incroyable exploit. «Notre plan tactique était parfait, se souvient le professeur de mathématiques au gymnase. Ensuite, mes joueurs ont trouvé ce supplément d’âme nécessaire pour battre des Sédunois qui étaient peut-être un brin suffisants.»

Constantin a voulu recruter le coach

Deux ans plus tard, Andrea Binotto a reçu un coup de fil du président Christian Constantin. Les deux hommes se sont même rencontrés sur la Riviera. «Il voulait que je devienne l’assistant de Stéphane Henchoz qu’il venait de nommer, explique le technicien. On devait former un «duo complémentaire» selon ses termes.» Finalement, le Vaudois – dont le frère Mattia est le directeur sportif de la Scuderia Ferrari en Formule 1 – avait préféré resté au Stade Lausanne Ouchy qu’il venait de promouvoir en Challenge League.

Après des années de succès au SLO, Andrea Binotto entraîne désormais Neuchâtel Xamax.
Photo: BENJAMIN SOLAND

Un niveau que Léo Morax ne connaîtra certainement jamais dans sa carrière. Le défenseur central de 24 ans évolue désormais à Concordia Lausanne, en 2e ligue inter. En 2017, il avait joué tout le match contre Sion, muselant les attaquants adverses. Lui aussi se souvient de Pajtim Kasami: «Il était tellement fort que j’avais l’impression qu’il jouait à plusieurs postes en même temps sur le terrain».

Un défenseur annoncé en Ligue 1

Mais la vie du Lausannois a basculé le lendemain de cette victoire folle. Son téléphone n’arrête pas de vibrer. «Je n’ai pas compris tout de suite mais «L’Équipe» avait annoncé que des recruteurs de Saint-Étienne étaient venus m’observer contre Sion. Ensuite, mon nom a circulé ailleurs en Ligue 1, comme à Lens. C’était fou mais je n’ai jamais eu de contacts concrets.»

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Ce samedi, le Stade Lausanne Ouchy retrouve les Valaisans au même stade de la compétition (17 heures). Le milieu de terrain Andy Laugeois est le seul survivant de cette épopée. Depuis 2017, le club vaudois a changé de dimension. Il a déménagé à la Pontaise et s’est installé dans le haut du classement en Challenge League. Le SLO sera encore le petit face au FC Sion dans ce 16e de finale de Coupe mais l’écart s’est réduit. Les Sédunois seront certainement moins arrogants et sûrs d’eux en rejoignant la capitale olympique.

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