5 choses à savoir
Qui est le SLO, le Petit Poucet qui menace le FC Sion?

Troisième de Challenge League, le Stade Lausanne Ouchy s'est offert le droit de défier le FC Sion pour une place en Super League la saison prochaine. Personne ou presque n'attendait ces Vaudois à un tel niveau. Voici cinq pistes d'explications du phénomène SLO.
Publié: 02.06.2023 à 12:16 heures
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Dernière mise à jour: 06.06.2023 à 15:22 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Au pied de la vétuste Pontaise, les joueurs du Stade Lausanne Ouchy répètent leurs gammes en ce début de semaine. Ils feront face au plus grand défi de l'histoire du club dès samedi, dans un barrage de promotion contre le FC Sion. «C'est du bonus pour nous, mais nous voulons le croquer à pleines dents, se réjouissait mardi l'entraîneur, Anthony Braizat. J'ai dit à mes joueurs qu'ils pourront désormais montrer leurs qualités à la Suisse entière parce que tous les regards seront tournés vers nous.»

Mais qui est le deuxième club de la capitale vaudoise, qui évoluait en quatrième division suisse il y a seulement six ans? «Le SLO, c'est la magie du football, mais aussi de ce club, s'enthousiasme le directeur sportif, Hiraç Yagain. C'est une équipe familiale, composée de gens bosseurs et passionnés, des bureaux au terrain.» Retour sur la saison et les atouts de ce Petit Poucet vaudois qui fait trembler tout le Valais.

1

La meilleure attaque de Challenge League

Teddy Okou est intenable en cette fin de saison.
Photo: Keystone

Le FC Sion a la pire défense de Super League, avec 73 buts encaissés en 36 journées. Ça fait quand même plus de deux en moyenne sur toute la saison! En face, le Stade Lausanne Ouchy a la meilleure attaque de Challenge League (70 goals). De quoi faire angoisser une bien friable arrière-garde valaisanne.

Le Stade Lausanne Ouchy a fini sa saison sur une série positive de sept matches sans défaite (dont cinq victoires).
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Le SLO peut dire merci Okou. Le Français est en feu en cette fin de saison. Le co-meilleur buteur de la ligue a cumulé 8 goals et 3 passes décisives sur les huit dernières rencontres disputées en championnat.

Teddy Okou est l'exemple type du recrutement malin et low-cost du directeur sportif, le Belge Hiraç Yagan: «Je suivais Teddy depuis un an et demi à Boulogne. Dès que j'ai su que son contrat avait expiré, j'ai sauté sur l’occasion.» Alors qu'il n'avait encore jamais évolué plus haut qu'en National (D3) en France, il se révèle en Suisse. Le LS avait déjà tenté de recruter Teddy Okou durant le mercato hivernal. Des rumeurs de transferts que le bondissant ailier de poche (1m65) avait eu de la peine à vivre. Aujourd'hui, son nom résonne dans des clubs autrement mieux cotés. En Suisse, comme à l'étranger. Il jouera aussi gros durant ce barrage.

2

Une équipe forgée par les drames

L'émotion des Lausannois à la reprise du championnat en janvier lorsqu'ils rendent hommage à leur coéquipier Elia Alessandrini, décédé durant les vacances.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Le Stade Lausanne Ouchy a vécu une saison inespérée en termes de résultats, qui a aussi été marquée par trois disparitions. Mi-novembre, l’entraîneur assistant Dalibor Stevanovic (38 ans) a eu la douleur de perdre son épouse, Mirjana. La semaine suivante, c'est Karim Gazzetta (joueur du SLO entre 2019 et 2021) qui est décédé tragiquement en Bosnie. Durant les vacances de Noël et la pause de la Coupe du monde, la série noire se poursuivait avec la mort d'Elia Alessandrini. Le défenseur du club, âgé de 25 ans, s'est noyé à Oman, où il passait des vacances avec sa compagne.

Depuis, le maillot du joueur reste accroché à sa place dans le vestiaire vaudois à la Pontaise, et l'équipe lausannoise entre sur le terrain à chaque match avec le numéro 2 dans le dos. «Ces drames n’ont pas soudé une équipe, mais des hommes, confiait l'entraîneur Anthony Braizat avant la reprise en janvier. Elia sera avec nous sur le terrain, comme en dehors. Nous allons nous battre pour lui aussi.»

3

Un brillant recrutement low-cost

Avril 2021, Zeki Amdouni célèbre un goal pour le SLO. Le Genevois est aujourd'hui courtisé par les grands d'Europe et sa valeur dépasse les 10 millions d'euros.
Photo: Getty Images

Le club lausannois appartient à Vartan Sirmarkes. Le magazine «Bilan» estimait fin 2022 que la fortune du patron de la marque horlogère Franck Muller oscille entre 700 et 800 millions, faisant de lui la 167e plus grande fortune de Suisse.

Malgré ce puissant propriétaire, le SLO s'appuie sur des moyens modestes. Des ressources que le directeur sportif Hiraç Yagan, arrivé en 2019, parvient à faire fructifier avec brio. Pas de star, ni de transferts clinquants. Très courtisé cette saison, Teddy Okou (voir ci-dessus) marche pourtant sur les traces de Zeki Amdouni et Brighton Labeau, les deux derniers attaquants qui ont quitté le club par la grande porte. Sa revente prochaine va assurer une entrée à sept chiffres dans les caisses vaudoises.

Quel est le secret du Belge de 34 ans, ancien joueur du Servette FC et du Stade Nyonnais? «Je ne sais pas trop, tempère le magicien, qui refuse de dévoiler ses meilleurs tours. Nous ciblons des types de joueurs et nous avons eu quelques pioches intéressantes. Il y a une part de chance, mais aussi la force du groupe qui permet l’éclosion de ces talents.»

4

La revanche des anciens Sédunois

Dany Da Silva porte le SLO cette saison. Au début de sa carrière, il a porté le maillot du FC Sion et du Lausanne-Sport pour un total de cinq matches en Super League.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Deux joueurs du SLO ont porté le maillot du FC Sion il y a quelques années. Le milieu défensif Giovani Bamba est passé par les M21 valaisans (10 apparitions en 2018). Le Fribourgeois de 23 ans est une pièce importante du dispositif lausannois. Il a dépassé la barre des 100 matches sous le maillot lausannois.

Le gardien Dany Da Silva, lui, a défendu les buts sédunois en Super League. Le portier avait encaissé cinq goals en deux matches fin 2014 (3-3 à la maison contre GC et une défaite 2-0 à Saint-Gall), alors qu'il n'avait que 21 ans. Cette saison, le Lausannois se sublime cette saison avec le Stade Lausanne Ouchy. Il savoure aussi une petite revanche sur le Lausanne-Sport, où il n'a jamais eu sa chance.

5

Un maigre public

La Pontaise n'a pas attiré les foules le week-end dernier lors du match décisif contre Bellinzone. La moyenne de spectateurs du SLO est bien inférieure à celle de la ligue (1'200 contre 2'336).
Photo: Keystone

La Pontaise avait dit adieu au Lausanne-Sport et à l'élite du football suisse en pleine pandémie. Le vétuste stade pourrait y revenir par la fenêtre grâce au SLO. «C'est un stade qui a été construit pour la Coupe du monde 1954, un stade olympique qui est un monument de la ville de Lausanne, souligne Hiraç Yagan, le directeur sportif. Il faut trouver des solutions pour l'animer et lui redonner une nouvelle jeunesse.»

Cette saison, le SLO affiche une moyenne de 1200 spectateurs. C'est bien en dessous de la moyenne de la ligue (2336) et seuls Schaffhouse et Bellinzone font moins bien. Dans l'ombre du LS, les Stadistes peinent à mobiliser. La Pontaise devrait vibrer mardi soir pour le match retour (20h30), mais il y a fort à parier qu'on entendra surtout les Valaisans qui auront fait le déplacement.

Challenge League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Thoune
FC Thoune
7
7
14
2
Etoile Carouge FC
Etoile Carouge FC
7
4
13
3
Neuchatel Xamax FCS
Neuchatel Xamax FCS
7
1
13
4
AC Bellinzone
AC Bellinzone
7
-1
11
5
FC Wil
FC Wil
7
1
8
6
FC Schaffhouse
FC Schaffhouse
7
1
8
7
FC Aarau
FC Aarau
7
-1
8
8
FC Vaduz
FC Vaduz
7
-5
8
9
FC Stade Nyonnais
FC Stade Nyonnais
7
-6
7
10
FC Stade-Lausanne-Ouchy
FC Stade-Lausanne-Ouchy
7
-1
6
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