«C'était le héros du peuple»
Les Italiens du football suisse rendent hommage à Toto Schillaci

Meilleur joueur de la Coupe du monde 1990, Toto Schillaci est décédé. Patrick Isabella, Marco Degennaro, Marco Pascolo et Vittorio Bevilacqua lui rendent hommage.
Publié: 18.09.2024 à 14:46 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2024 à 14:47 heures
Blick Sport
Photo: IMAGO/Norbert Schmidt

Vittorio Bevilacqua: «Toute l'Italie pleure aujourd'hui»

«Il y a une grande émotion en Italie depuis ce matin, l'information tourne en boucle dans les médias, il y a beaucoup de reportages qui ressortent. Toto Schillaci a marqué les gens en Italie et 59 ans, c'est trop tôt pour partir. De cette époque-là, Gianluca Vialli est déjà mort aussi, et c'était aussi une grande émotion.

Toto, ce n'était pas le meilleur, pas le plus élégant, ce n'était pas Roberto Baggio, mais c'était un buteur quand même. Il s'est rendu célèbre à Italia 90, mais il a quand même toujours marqué des buts, il serait faux de le résumer seulement à la Coupe du monde. S'il était aussi apprécié, et que sa disparition est autant regrettée aujourd'hui, c'est qu'il était très simple, pas du tout gonflé. Il était authentique, il n'a jamais changé à cause de la célébrité. Il venait d'une famille pauvre et il a réussi sa carrière grâce à son seul mérite. L'Italie s'identifiait à lui, mais c'est vrai que dans les stades, il était aussi moqué parfois à cause de ses origines.

Je me souviens que les tribunes adverses chantaient ‘Toto, ruba le gomme', ce qui veut dire ‘Toto, vole les pneus', parce que la réputation des Siciliens était qu'ils mettaient les voitures sur des cales et vous volaient les pneus quand vous alliez là-bas. C'était le folklore italien des tribunes on va dire… Mais il était très apprécié et toute l'Italie pleure aujourd'hui. Il avait réussi à toucher les gens dans tout le pays grâce à sa simplicité et à sa personnalité.»

Marco Degennaro: «C'était 'les nuits magiques'»

Photo: keystone-sda.ch

«Deux chanteurs italiens ont écrit cette chanson l'année avant la Coupe du monde, et les nuits sont devenues vraiment magiques durant la compétition à grâce aux prestations de Toto Schillaci. Ses manières de fêter ses buts étaient extraordinaires, il semblait être le plus surpris par ce qui se passait.

Il a créé une liaison unique avec le peuple, qui a poussé pour le voir être en équipe nationale. Il est né très pauvre et n'a jamais fait de folie. Il est toujours resté proche de sa région natale. Il allait contre la tendance en restant très humain et en ne se comportant jamais comme une star. C'était le héros du peuple. C'est une histoire très particulière. Il m'a fait rêver, j'avais 20 ans lors de la Coupe du monde qui se jouait en Italie, c'était la première fois que je pouvais en suivre une de près. Je vivais à Turin et j'avais aussi la possibilité d'aller le voir, lui, Viali et Baggio, jouer avec la Juventus.»

Patrick Isabella: «Un exemple pour les jeunes»

«Né au début des années 70, je me souviens parfaitement de la Coupe du monde 1990. En tant qu'Italien d'origine, j'ai bien sûr suivi le parcours de l'Italie et de ce joueur venu de nulle part, qui n'avait pas emprunté les filières traditionnelles. Il était l'attaquant type. Personnellement, j'étais plutôt un joueur de couloir, mais sa capacité à marquer dans toutes les positions m'a toujours impressionné.

Je m'en souviens particulièrement bien, car je venais de signer mon premier contrat professionnel avec le Lausanne-Sport. J'étais tout feu tout flammes, comme on dit. Et je suivais absolument tout ce qui se passait dans le monde du football – et encore plus tout ce qui touchait à l'Italie.

Toto Schillaci représente pour moi un exemple. Pour ma génération, certes, mais il devrait aussi l'être pour les jeunes d'aujourd'hui. Il faut réaliser dans quel contexte il s'est imposé lors de ce tournoi en 1990, face à des attaquants de renom. Son parcours montre que, avec beaucoup de travail et de détermination, tout est possible. Et avec un peu de chance aussi. Nous en avons tous besoin. Le football n'est pas une science exacte, et il en est l'exemple parfait.»

Marco Pascolo: «Le vrai renard des surfaces»

«Toto Schillaci était un grand buteur. Il y a un souvenir que j'ai de lui: tous les dimanches soirs, il y avait une émission sur la Rai qui montrait tous les buts du football italien. À l'époque, il était à la Juventus. C'était le vrai renard des surfaces.

Par contre, je me souviens moins de la Coupe du monde 1990… Ça ne me rajeunit pas. Juste que c'était un grand joueur et un grand buteur. L'homme, on en parlait moins car à l'époque, il y avait moins de reportages comme aujourd'hui.»

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