Tristesse dans le cyclisme
André Drege est-il décédé à cause d'une crevaison?

La mort du cycliste André Drege soulève des questions. Pourquoi il est difficile d'éviter de tels accidents mortels. Ce qui aurait pu se passer. Et comment les Suisses Lukas Rüegg et Nils Aebersold ont assisté au drame.
Publié: 08.07.2024 à 19:39 heures
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Daniel Leu

Pas encore une fois! C'est la première pensée qu'a eue Olivier Senn, le directeur du Tour de Suisse, en apprenant samedi le décès du cycliste norvégien André Drege. Le jeune homme de 25 ans a été victime d'un accident mortel lors de la quatrième étape du Tour d'Autriche, dans la descente du Grossglockner vers Heiligenblut en Carinthie. Le souvenir du Suisse Gino Mäder, qui avait également perdu la vie lors d'une descente du Tour de Suisse 2023, s'est immédiatement imposé.

«Lorsque j'ai appris la mort de Drege, beaucoup de choses ont refait surface, d'autant plus que les circonstances qui l'accompagnaient étaient à première vue similaires à celles de Gino. De telles tragédies me touchent de près», explique Olivier Senn à Blick.

Mais les cas ne sont pas tout à fait comparables. Lors de l'étape au cours de laquelle Gino Mäder est décédé, le parcours descendait directement du col de l'Albula jusqu'à l'arrivée à La Punt. Dans le cas de Drege, la descente était certes aussi rapide après le Grossglockner, mais il restait encore plus de 70 kilomètres jusqu'à l'arrivée.

Cette photo d'André Drege a été prise samedi, juste avant l'accident mortel du Norvégien.
Photo: keystone-sda.ch

Malgré cela, une question se pose inévitablement: de telles étapes, où l'arrivée ne se trouve pas en haut de la montagne mais dans la vallée, sont-elles trop dangereuses? «Non, répond Olivier Senn. Le danger ne réside pas en premier lieu dans l'endroit exact où se trouve l'arrivée, mais dans les descentes elles-mêmes. Celles-ci comportent toujours un risque résiduel. Une petite inattention ou un problème technique peut avoir des conséquences fatales à des vitesses aussi élevées. Mais les descentes font partie du cyclisme. En fin de compte, les coureurs doivent décider eux-mêmes du niveau de risque qu'ils prennent, de la vitesse à laquelle ils roulent et de l'endroit où ils freinent, et avec quelle force.»

«Dans ce cas, il ne faut plus organiser de courses»

Sven Montgomery, ancien coureur cycliste et actuel expert sur la SRF, s'exprime dans le même sens. «Cela peut paraître dur, mais nous devons malheureusement vivre avec de tels accidents. Celui qui est coureur cycliste doit être conscient de ce risque. Si l'on veut exclure totalement les accidents mortels, on ne doit plus organiser de courses cyclistes.»

C'est pour cela que Sven Montgomery pense aussi qu'une étape comme celle de la semaine dernière au Tour de France, où il fallait encore descendre à toute vitesse après le col du Galibier jusqu'à l'arrivée à Valloire, est admissible. «Le passé a montré que des accidents mortels peuvent se produire partout, pas seulement dans les descentes.»

A-t-il toujours été conscient de ces dangers durant sa période active? «Oui, mais cela n'a pas eu que des avantages, car cela m'a permis de descendre de manière plus inhibée. Je suis convaincu que cela peut même être dangereux. Plus on est décontracté, plus on peut maîtriser les descentes en toute sécurité.»

«Cela m'a fortement secoué»

On ne sait pas encore pourquoi l'accident mortel de Drege s'est produit samedi. Nils Aebersold, le fils de l'ex-coureur professionnel Niki, était au départ du Tour d'Autriche. «On nous a dit qu'André avait probablement crevé une roue avant dans la descente et qu'il était tombé pour cette raison», explique le jeune homme de 21 ans à Blick.

Mais il n'en a rien su pendant la course. «Après l'étape, nous étions dans la voiture sur le chemin de l'hôtel lorsque nous avons appris l'accident mortel. Ce fut bien sûr un énorme choc, et cela m'a fortement secoué.»

Le parcours de condoléances du dimanche a également été très émotionnel, selon Nils Aebersold. «C'était très calme en route. Presque personne n'a parlé. Nous avons simplement essayé d'apporter du réconfort aux coéquipiers d'André. Et bien sûr, j'ai réfléchi plusieurs fois au fait qu'il suffit de peu pour que quelque chose de très grave se produise.»

Le Zurichois Lukas Rüegg, 27 ans, était également au départ du Tour of Austria. Il explique: «Là où l'accident s'est produit, nous étions en route à environ 90 km/h. Si tu tombes, le casque ne t'aide malheureusement plus beaucoup. Il te faut alors beaucoup de chance pour t'en sortir.» Une chance qu'André Drege n'a malheureusement pas eue samedi.

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