Prête à tout pour Jésus Christ
«Je me considère comme une soldate de Dieu d'un nouveau genre»

Il y a plus de dix ans, Cindy Sauvain a décidé de dédier sa vie à Dieu. Depuis, la Romande de 31 ans est devenue évangeliste et prêche la bonne parole sur les réseaux et dans des conférences à travers le monde. Témoignage à la première personne.
Publié: 22.04.2022 à 06:46 heures
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Dernière mise à jour: 22.04.2022 à 06:59 heures

«Le soir où tout a changé, je devais avoir 15 ou 16 ans. Je faisais la fête en boîte de nuit. Après avoir fumé et bu quelques verres, je me suis ruée sur cette fille. Pour tout te dire, je ne me souviens même plus vraiment pourquoi je me suis battue avec elle. Ce dont je me rappelle, par contre, c’est que j’étais malheureuse et très en colère. Et puis, à un moment donné, je suis comme sortie de mon corps. Je me suis vue sur le sol en train de me bagarrer. Alors que j’observais la scène, j’ai senti une présence tout à côté de moi. J’ai entendu une voix me dire qu’il m’aimait, que j’étais sa fille et qu’il m’aiderait à trouver mon chemin. Il fallait simplement que j’y croie. Cette présence, cette voix, c’était celle de Dieu. Depuis ce soir-là, ma vie n’est plus la même. Je me suis convertie au christianisme.

Élevée dans une famille non-croyante

Je vois bien ta tête... Tu dois te dire que j’ai subi un lavage de cerveau de la part de ma famille ou de mes proches, mais pas du tout. D'ailleurs, je ne suis pas du tout issue d’une famille chrétienne. Mes parents ne m’ont pas élevée dans la religion, ils n’y portaient pas vraiment beaucoup d’attention.

Enfin jusqu’au jour où mon papa a dû être opéré du cœur. Après s’être réveillé de son opération, il nous a raconté avoir vu une lumière au bout d’un tunnel qui lui disait de se repentir. Une fois sur pied, il s’est converti. Du haut de mes 13 ans, j'avais du mal à croire à tout ça. Surtout, je n’avais pas du tout envie d’avoir affaire à Dieu ou à l’église. Cette idée m’horrifiait. Moi, je voulais être libre, contourner toutes les règles, faire ce que je voulais sans avoir de comptes à rendre. Malheureusement, ma vie rebelle s’est révélée être très toxique. Je me suis renfermée sur moi-même et j'ai eu des soucis d’addiction déjà très jeune.

Cindy Sauvain, 31 ans, est devenue évangeliste lorsqu'elle était adolescente.
Photo: Instagram cindysauvain

Je me suis toujours questionnée sur le sens de la vie, sur les raisons de mon existence. J’avais besoin de savoir d’où je venais, pourquoi j’étais là, ce que l’avenir me réservait et où j’allais me retrouver une fois morte. Ne pas réussir à percer ces mystères était très dur à accepter et c'est pour cette raison que j'ai longtemps été triste et perdue. C’est la foi qui m’a aidée à répondre à ces questions.

Formation dans une École confessionnelle

À 21 ans, soit quelques années après cette révélation dans cette boîte de nuit lausannoise, j’ai eu l’opportunité de me former dans une école en Californie: la Bethel School of Supernatural Ministry. Durant trois ans, j’y ai appris la guérison par la foi et la réalisation de miracles décrits dans la Bible.

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Aujourd’hui, je prêche la bonne parole. Mon but: proclamer la délivrance, guérir les cœurs brisés, bref, amener le royaume du Christ sur terre. J'ai prêché dans des lieux parfois risqués comme des favelas au Brésil, par exemple. J’ai d’ailleurs voyagé dans plusieurs autres endroits comme l’Espagne, le Canada, les Caraïbes, pour aider les gens à accomplir leur propre destinée en tant que fils et filles de Dieu.

Des églises m'invitent aussi à venir animer des assemblées devant des centaines de personnes. Généralement, ça tourne autour des 300 en Suisse, mais ça peut être plus à l'étranger. Tu sais, aux États-unis par exemple, il y a des conférenciers tellement connus qu'ils remplissent des stades. Ils aiment bien ce genre d'événements, là-bas. De mon côté, j'ai été invitée par l'église belge Vivea en 2016. En 2019, j'ai prêché au Canada à la demande de l'église Le Centre et Le Chemin ainsi qu'à Pan de Vida Cuautitlán Izcalli, au Mexique. Plus récemment, c'est l'église Gospel Center La Béroche, basée dans le canton de Neuchâtel, ou encore CityLife Riviera, à Vevey, qui m'ont sollicitée.

Ces tournées me permettent de gagner ma vie depuis dix ans maintenant. J'ai la chance qu'on paie pour mes déplacements et mon logement sur place, puisque c'est l'église qui m'invite qui prend mes frais en charge. Sinon, il y a aussi quelques personnes qui me font des dons. Tous les mois, par exemple, je reçois 50 francs de la part d'un couple croyant. Du coup, à chaque fois que je fais mes courses, je pense à eux. Après, j'avoue que depuis la pandémie, c'est devenu très compliqué. Je vis actuellement sur mes économies. Heureusement que je suis pas trop dépensière...

J'aimerais dire que ce n’est pas parce que je suis invitée à des conférences en Suisse et ailleurs que j’en oublie d’être proche des autres. Il m’est déjà arrivé d’approcher des inconnus dans la rue ou dans des cafés pour leur parler de Dieu. Je me souviens d’une anecdote touchante qui date d’il y a quelque temps déjà: j’étais dans le train et un homme assis face à moi m’a souri. Je lui ai rendu ce sourire et je me suis approchée de lui pour lui parler. Je lui ai demandé s’il était croyant et il n’a pas vraiment su me répondre. Il croyait en l’existence de Dieu sans pour autant s’investir davantage. Je l’ai encouragé dans cette voie. Je lui ai expliqué que Jésus l’aimait, qu’il prenait soin de lui, qu’il le voyait. Une fois arrivés en gare, nous nous sommes quittés et il m’a promis qu’il irait à l’église. Nous sommes restés en contact par la suite via Facebook.

Soldate de Dieu 2.0

D’ailleurs, les réseaux sociaux ont toujours été un outil très utile dans ma mission. Je suis par exemple très présente sur Instagram. Cela me permet également de rester en contact avec mes amis, mais aussi avec des personnes que j’ai rencontrées lors de mes voyages.

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À l’image des instagrammeuses qui inspirent les jeunes femmes, je suis moi-même une fana de mode et de make-up. Je m’improvise aussi influenceuse, à mon échelle bien sûr, mais avec un petit truc en plus: la foi. Plus concrètement, je peux par exemple parler de ma routine capillaire et proposer des produits que j’aime bien, mais aussi poster des vidéos de mes conférences ou simplement répondre à des questions qu’on me pose sur Dieu.

Et puis il faut dire que les réseaux sociaux m’ont bien aidée pendant la pandémie. J’ai pu prendre part à des live sur Insta et Facebook à défaut de pouvoir me rendre à l’étranger pour mes conférences. C’était plutôt rigolo de devoir se réveiller à 3h du matin en Suisse pour animer des conférences qui se déroulaient dans l’après-midi à l’autre bout de la planète.

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Être une jeune femme hyper présente sur les réseaux et très croyante, je sais bien que ça peut paraître étrange ou paradoxal pour certains. Mais le monde change et la religion doit oser s'afficher. Je me considère comme une soldate de Dieu d’un nouveau genre.

L’église et son ambiance traditionnelle

Alors oui, je suis très croyante et je veux pouvoir être un exemple pour la nouvelle génération. Mais pour être honnête, je ne souhaite pas devenir pasteure, par exemple. En fait, j’avoue que je trouve l’ambiance de certaines églises parfois un peu ennuyeuse. J’ai l’impression que les religieux ne font que réciter certains versets de la Bible sans pour autant être animés par la parole de Dieu. Quant à l’audience, j’ai le sentiment que parfois elle n’écoute pas, qu’elle n’y croit pas vraiment, qu’elle est là juste pour 'faire bien'. Moi, je ne vais pas à l’église toutes les semaines, par exemple. Pourtant, lorsque je décide d’aller prier ou d’entrer dans la maison de Dieu, j’y mets tout mon cœur. Tu sais, la foi ne tient pas juste entre quatre murs d'un bâtiment.

Lorsque j’étais encore athée, il n’y a rien qui m’énervait plus qu’une personne d’église qui me disait que Dieu avait un plan pour moi ou que j’allais guérir. C’était beaucoup trop vague. Je voulais du concret et surtout, j’avais besoin de déceler une certaine passion dans les yeux de mon interlocuteur. Cette passion, ce feu, comme j’aime à l’appeler, je ne le retrouve que rarement aujourd’hui.

C’est notamment ce qui m’attire dans la culture américaine et sud-américaine. Là-bas, se rendre à l’église est comme une célébration. On chante, on parle fort, on y va à fond. En Europe, et plus particulièrement en Suisse, on aime plutôt rester discrets…

Des amis chrétiens, athées et musulmans

Si la présence de Dieu m’accompagne chaque jour, j’avoue me sentir parfois un peu seule et j’aimerais pouvoir me marier et fonder une famille. Malheureusement, trouver un chrétien qui me corresponde et qui accepte que ma priorité reste et restera le Christ, ce n’est pas facile.

Comme tout le monde, j'ai eu de grosses déceptions amoureuses. J'ai eu une vie avant de me convertir. Pour tout te dire, je me suis toujours dit que je voulais me marier avant mes 30 ans. J'ai d'ailleurs failli épouser un garçon à 23 ans mais malheureusement, ça n'a pas fonctionné. Nous ne nous entendions pas. Aujourd'hui, quand je vois que certaines personnes se marient super jeunes et avec le premier venu, pour partager une intimité, je me dis que c'est dommage. C'est triste parce qu'on risque de passer à côté du grand amour. Quant aux gens qui vivent leurs relations librement et hors mariage, disons que ça suscite souvent le débat dans le milieu chrétien. Mais franchement, que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre. Tu n'es pas d'accord?! De mon côté, je fais confiance à Dieu pour qu'il me fasse rencontrer l'homme de ma vie. En attendant, j'ai quand même des amis géniaux.

Est-ce que j’ai des potes de confessions différentes? Absolument. Nous nous entendons très bien et il n’y a aucun jugement de part et autres. Pareil lorsque je rencontre des inconnus et que je leur explique ma foi. Généralement, c’est bien reçu et je n'ai jamais été confrontée à des commentaires négatifs ou insultants. En fait, j’ai surtout été critiquée par certaines personnes d’église qui avaient parfois du mal à accepter mon côté bling bling qui, pour eux, n’allait pas de pair avec mes convictions religieuses.

Même si je suis ouverte, je reste fidèle à mes valeurs. S’il me tient profondément à cœur de me montrer respectueuse et d'accepter tout le monde, je ne vais pas pour autant juger une amie qui souhaite avorter ou une connaissance qui me parle d’être en couple avec une personne du même sexe. D’ailleurs, ces questions sont si sensibles que je ne souhaite pas forcément m’y attarder.

Ce que je sais, c'est que tout le monde peut aller de l'avant. Personnellement, je crois profondément que Dieu m’a transformée. Il a fait ce que personne n’a su faire avant lui et je lui en serai éternellement reconnaissante. Je veux donc passer toute ma vie à dire aux gens qu’il y a de l’espoir. Vous savez, je suis prête à donner ma vie pour le Christ.»

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